BOISÉ Rapport 2014

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Projet du boisé
Une fenêtre sur l’exclusion sociale

- Rapport –

Droits-Accès de l’Outaouais
Gatineau, Qc. 29 octobre 2014

1

Rapport du
projet du Boisé
Une fenêtre sur l’exclusion sociale
automne 2014

2

Les marginaux sont les seules
personnes assez autonomes pour
oser vivre comme ils l’entendent
en se passant de l’approbation
des autres.
Edgar Morin,
Sociologue et philosophe

3

SOMMAIRE
Mise en contexte …………………………………………………………..…………….

P. 04

Les paramètres du projet ……………………………………………..……………..

p. 05

Les partenaires …………………………………………………………………………….

P. 06

L’entente de juillet 2014 ………………………………………………………………

p. 06

L’apport des campeurs ………………………………..………………………………

p. 08

Visites quotidiennes …………………………………………..………………………….

P. 09

Rencontres des partenaires et communication ………….…………………

p. 10

La couverture média et l’actualité …………………..…………………….…….

P. 12

Les dépenses …………………………………………………..…………………………..

p. 12

Enjeux particuliers ………………………..………………..……………………………

p. 14

Conclusion ……………………………………………………..……………………………

p. 19

ANNEXES ………………………………………………………..……………………………

p. 21

IIIIIIIVVVIVIIVIII-

p. 21
p.22
p.23
p.33
p.34
p.35
p.67
p.88

Liste des partenaires (individus)
Plan et photo aérienne du site
Copie de l’entente tripartite
Liste des équipements fournis aux campeurs
Code de vie développé et adopté par les campeurs
Ordres du jour et procès-verbaux des rencontres
Couverture média
Pièces justificatives du projet (ASSSO seulement)

4

1-

Mise en contexte
Des personnes itinérantes, des gens de passage ou des résidents appauvris
avaient déjà pris l’habitude de squatter dans ce boisé depuis plusieurs étés.
Quoique connu des policiers, du Gîte Ami et de certains intervenants, ce lieu et
ce qui s’y passait attiraient alors assez peu les regards. Quelques campeurs s’y
installaient sans même que nous nous attardions à comprendre ce phénomène.
Ces campeurs étaient parfois tolérés durant un certain temps, puis délogés.
Certains revenaient s’y installer de nouveau dès le départ des autorités
municipales. Un jeu de chat et de la souris devenait alors monnaie courante et
menait parfois à des interventions très acrimonieuses entre policiers et
campeurs. En fait, le camping du boisé existe indépendamment de ces
organismes communautaires et publics et indépendamment que nous nous y
impliquions ou non. Le boisé était là et utilisés et il continuera d’en être ainsi
parce qu’il répond à un besoin non répondu de plus en plus nécessaire.
À partir de 2011, des organismes communautaires du centre-ville en venaient à
constater une augmentation des doléances de leurs usagers au sujet des
interventions policières à leur égard. Une campagne d’information sur les droits
de ces citoyens face aux interventions policières fut menée publiquement ainsi
que dans les organismes. Cette campagne créa des remous et présida à
l’établissement de rencontres de plus en plus fréquentes entre le milieu
communautaire et les services policiers. D’un côté, des organismes parlant de
profilage social et d’abus de pouvoir et, de l’autre, une municipalité et un service
de police réduisant ce phénomène à quelques cas isolés.
Tout en demeurant fermes sur leur position respective, ces deux groupes en sont
tout de même venus à échanger, à mieux comprendre la réalité du centre-ville,
les dynamiques internes de chaque organisation ainsi qu’à s’éduquer et à
s’influencer mutuellement au sujet des interventions auprès de cette frange de
la population. À l’été 2013, une première expérience officieuse du boisé fut
donc tentée avec la participation des campeurs, des organismes
communautaires du centre-ville et du Service de police de la Ville de Gatineau
(SPVG).
Suite à des représentations du milieu communautaire devant le Conseil
municipal au cours des années 2013 et 2014 et dans la foulée des discussions
entre le milieu communautaire et les services policiers, le camping du boisé est

5

finalement sorti de son anonymat pour prendre sa présente forme plus officielle.
Après plus d’un mois de négociations, et alors que des campeurs occupent déjà
le boisé depuis le début du mois de mai, une entente intervient finalement entre
la municipalité, l’Agence régionale de la santé et Droits-Accès de l’Outaouais. En
plus d’y investir une somme minimale d’argent permettant d’accompagner les
occupants dans l’organisation de leur camping urbain, cette entente est une
forme de reconnaissance publique d’un état de fait qui illustre assez bien les
enjeux sociaux et économiques de Gatineau.
En effet, la dégradation des logements abordables disponibles, l’exclusion sociale
favorisée par des coupures répétitives à l’aide sociale, les limites et la
stigmatisation inhérente aux services en santé mentale eux-mêmes ainsi que les
conditions d’accès à tous ces services participent à la croissance de l’itinérance.
Si on ajoute à cela la montée des problèmes concomitants chez les moins de
trente ans, la pression policière indue exercée sur ces citoyens en perte de
vitesse et leur judiciarisation par le cumul de contraventions impayables, nous
avons là tout ce qu’il faut pour mener une personne fragile à la rue et l’y
maintenir.
À ce sujet, les organismes communautaires sont d’ailleurs unanimes à
remarquer, depuis cinq ans, une fragilisation exponentielle des personnes qu’ils
aident, une augmentation fulgurante de la détresse et du désespoir ainsi que
l’exclusion sociale grandissante de personnes qui ne se seraient jamais
retrouvées à la rue auparavant. Notre société, incluant nos corps publics locaux,
travaillent fort mais beaucoup trop sur la gestion de cette misère et pas assez sur
ses causes. Or, opposer le désir de gentrification de notre centre-ville à la
présence de ces personnes en quête de dignité et de justice, serait une erreur
majeure qu’il nous faut éviter et que le projet du Boisé vient mettre en lumière.

2-

Les paramètres du projet
Pour mieux cerner le projet du Boisé, commençons par prendre la mesure de ces
trois caractéristiques fondamentales :

A)

LE TERRITOIRE :
Le Boisé est un territoire municipal délimité, à l’ouest, par
le ruisseau de la Brasserie, au sud, par le viaduc du boulevard des Allumettières,
à l’est, par les cours arrières du Gite Ami et de l’arèna Robert-Guertin ainsi que,
6

au nord, par le pont de la piste cyclable reliant les rives dudit ruisseau. Ce
territoire longe ce ruisseau de la Brasserie sur une longueur de 350 mètres et, en
sont point le plus large, ne fait jamais plus qu’une cinquantaine de mètres. Le
boisé est donc une enclave non aménagée et très peu fréquentée par la
population en général. Aucune piste cyclable ou voie pédestre ne croise ou ne
traverse ce boisé (voir plan du site en annexe).
B)

LA DURÉE DU PROJET : Malgré que l’entente tripartite ne put être paraphée
avant le 26 juillet, l’ensemble des partenaires avait déjà convenu de permettre la
présence des campeurs qui commençait à s’y installé dès le début de mai.
Même si techniquement, le projet du Boisé n’aura duré que du 26 juillet au 21
octobre, il est clair que, indépendamment des décisions des organisations à ce
sujet, des personnes y campent dès que la météo le permet au printemps et tant
que nous ne les délogeons pas avant les premières neiges.

C)

LE NOMBRE DE CAMPEURS :Tout comme au cours des années précédentes, la
quantité de campeurs occupant le boisé n’a jamais dépassé la trentaine. Variant
d’un jour à l’autre, le nombre de campeurs fut relativement bas en mai pour
atteindre un sommet en juillet et août avant de chuter à partir de la miseptembre. Les facteurs influençant cette variation sont les suivants ; le nombre
et le type d’intervention policière, le leadership et la dynamique interne des
campeurs entre eux, le flux des migrations estivales de personnes itinérantes et,
surtout, la météo.

D)

LES RÈGLEMENTS MUNICIPAUX :
Permettre l’usage d’un parc municipal à des fins de camping impliquait
nécessairement un assouplissement de certains règlements municipaux. À
l’intérieur du territoire défini pour ce projet, et pour sa seule durée
prédéterminée (mai à octobre), l’interdiction de camper fut donc levée. D’autre
part, si la prohibition des feux à ciel ouvert fut maintenue, le recours à des
poêles au propane fut accepté. Enfin, la consommation d’alcool, tout en
demeurant interdite, fit l’effet d’une approche d’éducation menant, après deux
avertissements, à l’émission d’une contravention. De plus, et par respect pour la
vie privée des campeurs incluse dans l’entente tripartite, les policiers ne firent
aucune intrusion dans les tentes des campeurs, à moins de détenir des motifs
raisonnables de le croire nécessaire. De plus, les campeurs se dotèrent euxmêmes d’un code de vie interne et adopté démocratiquement qui reflétait ces
attentes (voir en annexe). Pour tout le reste, les codes civil et criminel ont
7

permis d’assurer l’encadrement adéquat des autres comportements prohibés.
Nous sommes convaincus que ce type d’approche a permis une réduction
importante des méfaits que causent habituellement une approche plus musclées
comme celle des années précédentes.

3-

Les partenaires
Les groupes et les individus engagés dans ce projet depuis déjà quelques années,
sont les suivants :
-

4-

Les citoyens qui utilisent le Boisé,
La municipalité de Gatineau et son service de police (SPVG),
L’agence régionale de la santé et des services sociaux de l’Outaouais,
Droits-Accès de l’Outaouais,
Le Gîte Ami,
La Soupe populaire (Centre Yolande-Duval),
Le CIPTO,
Le BRAS.
Le CSSS de Gatineau (l’équipe IMAGES du CLSC de Hull).

L’entente de juillet 2014
Alors que des campeurs occupent déjà le boisé depuis le début de mai, le maire
de Gatineau, Maxime Pedneault-Jobin, convoque les partenaires impliqués dans
le projet au cours de l’été 2013 à une rencontre sur le sujet. Cette rencontre
aura ensuite lieu le 18 juin 2014, à la Maison du citoyen. D’entrée de jeu, le
maire estime qu’un projet plus structuré et assurant la sécurité de tous devra lui
être soumis rapidement avant qu’il n’accepte de le cautionner. De son côté, le
SPVG affirme ne plus vouloir assumer le rôle inconfortable qui fut le sien en
2013, alors qu’il était mis devant un état de fait, mais sans en avoir reçu le
mandat de la municipalité. Enfin, les organismes communautaires arguèrent
alors que, cautionner ou non par la Ville, des citoyens appauvris étaient déjà
installés dans le boisé et que, selon eux, les risques invoqués par le maire
seraient davantage présents sans projet qu’avec celui-ci.
8

Le maire de Gatineau donne donc deux semaines aux partenaires pour
s’entendre et lui présenter un projet qui se tien et assure la sécurité. Des
discussions et des négociations s’entament immédiatement entre la Ville de
Gatineau, l’Agence de la santé, des représentants des campeurs et les
organismes communautaires. Ces organismes désignent bientôt Droits-Accès
comme organisme responsable d’assurer les liens entre tous ces partenaires. La
Ville offre dès lors son soutien matériel et logistique alors que l’Agence de la
santé accepte d’y investir la somme identifiée comme étant nécessaire à la
réalisation du projet. Une entente est finalement signée le 26 juillet. Ce jour
même, deux employés de Droits-Accès deviennent, à temps partiel, responsables
de l’accompagnement des campeurs et des communications entre le boisé et les
autres partenaires.

5-

L’apport des campeurs
Dès l’entrée en scène de Droits-Accès, les campeurs sont invités à se réunir et à
élaborer un Code de vie ayant pour objectif de leur permettre d’autogérer leur
quotidien. Les idées fusent, des leaderships s’entrechoquent et se complètent,
des tâches sont partagées et des repas collectifs sont, dès lors, initiés. Les
campeurs conviennent aussi d’assurer la présence de deux des leurs à chaque
réunions des partenaires prévues aux deux semaines jusqu’à la fin du projet. En
cours d’été, et malgré de nombreuses embûches, la vie quotidienne du Boisé
demeurera viable, utile, voire même appréciée de la majorité des participants.
Des scènes de fraternité, d’entraide, d’ingéniosité et de camaraderies sont
souvent remarquées. Avec l’aide des partenaires, une paix, une propreté et une
sécurité appréciables auront, presque sans faille, été maintenues tout au long de
l’été. L’aménagement de certains sites est non seulement respectueux de
l’environnement mais également bien pensé et chaleureux. Pour nous, cette
personnalisation des espaces souligne un désir d’humanisation, de dignité,
d’appartenance et d’identité que les personnes appauvries ont trop rarement la
chance d’exprimer. J’existe ici; voilà ce que nous disent simplement ces
aménagements
La flexibilité et la sagesse des leaders officiels ou naturels ont été, selon nous,
exemplaires dans un environnement aussi complexe que celui du Boisé. Les
campeurs ont rapidement réalisé qu’ils devaient répondre aux besoins, parfois
opposés, des différents sous-groupes de campeurs afin de poursuivre l’aventure.
9

Leur participation aux réunions des partenaires a, malgré les remous,
assurément participé à une meilleure compréhension, par le milieu, des enjeux
concrets liés à l’itinérance. Enfin, nous vous soumettons, ci-après, certains
commentaires recueillis dans le boisé en cours de projet :

6-

-

Les repas collectifs ont permis, selon les dires de plusieurs campeurs et de
certains intervenants, d’encourager un espace de partage, de collaboration
et d’entraide permettant d’autant plus de partager sur les préoccupations
du moment.

-

Pour certains, l’implication dans un tel projet a favorisé un sentiment de
valorisation et d’appartenance. Un campeur témoigne estimer ne plus être
considéré comme une personne itinérante, mais plutôt comme campeur.
Cette situation démontre le développement d’une identité citoyenne plus
positive.

-

L’interprétation de certains campeur du projet du Boisé se définit comme
étant un lieu d’accueil et de réinsertion sociale. Un campeur avait baptisé le
Boisé : « camping de la seconde chance ». Nous avons tous pu être témoin
d’un fort esprit d’entraide de la part des occupants ainsi qu’un accueil
chaleureux des nouveaux arrivants. Non seulement leur indiquait-on les
sites où ils pouvaient s’installer mais, des campeurs plus expérimentés leur
inculquaient alors quelques techniques de survie.

-

On a aussi vu certains campeurs qui, possédant plus d’une tente, installait la
seconde pour y accueillir quelqu’un dans le besoin.

-

Certains campeurs rêvaient de bâtir un bloc sanitaire de fortune dans le
boisé (douche, toilette sèche, lavabo et miroir) et se disaient même capables
de le bâtir eux-mêmes si on leur en fournissait les moyens.

Visites quotidiennes
L’entente tripartite définit le rôle de l’agent de liaison comme étant celui d’un
accompagnateur dans les démarches d’autorégulation des campeurs. Comme
mentionnés plus loin, l’hétérogénéité du groupe, les changements au niveau du

10

leadership du groupe et l’incalculable nombre de variables influençant les
dynamiques quotidiennes de cette microsociété dictent les différents enjeux
auxquels sont confrontés à la fois les campeurs et les intervenants gravitant
autour du Boisé. S’ajoute ensuite soit les enjeux de démarrage et de clôture du
projet.
Les premières heures de travail étant surtout axées sur la création de liens avec
les occupants du terrain et l’intégration des aspects réglementaire, la question
des règles de vies propres à l’occupation des lieux ainsi qu’aux modalités de
compensation des campeurs occupèrent les premières rencontres. D’un côté
plus pratique la réception, la distribution et l’entreposage du matériel fourni par
la municipalité furent aussi un autre sujet important dès le début du projet.
La majorité des interventions de l’agent de liaison lors de ses présences
quotidiennes se traduisit principalement par l’accompagnement des leaders
naturels dans les conflits (internes ou externes) et des diverses préoccupations
du moment. Ceux-ci étaient en majorité relatifs à l’hygiène, la sécurité et le
respect de l’entente et du Code de vie. Le dialogue engagé par l’agent de liaison
avait pour ambition d’explorer les différentes solutions à une situation donnée
en jaugeant les pour et les contre et leurs effets sur le projet et les individus. Une
décision plus éclairée pouvait, par conséquent, être prise par les campeurs.
Lorsqu’une problématique impliquait un partenaire communautaire ou public, il
fut du rôle de l’agent de liaison d’agir en tant que médiateur et entre les parties.
Plus concrètement, les enjeux auxquels les partenaires furent confrontés au
cours du projet tournèrent autour des questions de nettoyage du terrain, des
tentes hors territoire et de leur démantèlement, de la découverte d’ossements,
de l’incendie d’une tente, des différents sous-groupes et de leurs préférences
quant à la méthode de distribution des cartes-cadeaux, du changement dans le
leadership, de l’utilisation des équipements, des rumeurs ponctuelles, de la visite
du Maire, de l’éventuelle recherche de logement et finalement des enjeux
entourant la fin du projet.

7-

Rencontres des partenaires et communication
Comme prévu par l’entente, les partenaires du projet se sont rencontrés, à
chaque deuxième jeudi, entre le 31 juillet et le 23 octobre. Huit rencontres ont
donc eu lieu, six au Centre Yolande-Duval de la Soupe populaire de Hull et deux
11

au Gîte-Ami. La plupart du temps, l’ensemble des partenaires y ont assuré une
représentation assidue et adéquate. Comme vous le démontreront les ordres du
jour et les procès-verbaux joints en annexe, le nombre de personnes présentes,
les sujets abordés et la durée de ces rencontres ont permis une bien meilleure
communication que lors de la version 2013 du même projet. Ces huit rencontres
ont eu lieu aux dates suivantes :
-

Le 31 juillet 2014,

-

Le 14 août 2014,

-

Le 27 août 2014,

-

Le 11 septembre 2014,

-

Le 25 septembre 2014,
-Fin du mandat des intervenants de DAO (3 octobre 2014),

-

Le 8 octobre 2014,

-Nettoyage préliminaire du site,
-Nettoyage de fermeture du boisé (21 octobre 2014),

-

Le 23 octobre 2014.

Ces rencontres des partenaires ont représenté des moments intenses et souvent
clefs du projet.
La rencontre, voire même le choc des cultures
organisationnelles, entre des partenaires aussi différents que le SPVG, les
campeurs, la Ville et les organismes communautaires a définitivement enrichi les
personnes et les organisations présentes. Nous sommes convaincus que c’est
par de telles rencontres, égalitaires, humaines et incarnées, que nous pouvons le
mieux faire naître, d’abord en chacun de nous, les changements structurels
nécessaires à un meilleur vivre ensemble.

REMERCIEMENTS
Nous tenons à souligner l’apport des organisations qui se sont impliquées dans
ce projet depuis son début jusqu’à sa fin et à remercier chacune des personnes
qui s’y sont impliquées.

12

8-

La couverture média et l’actualité
Les médias se sont beaucoup intéressés au projet du Boisé avant la signature de
l’entente. Par la suite, leur intérêt fut davantage ponctuel. Les campeurs ont
été généralement peu intéressés à se faire filmer ou à donner des entrevues, ce
qui a passablement refroidi les ardeurs des médias locaux. Par contre, le
commentaire d’une résidente de la région au sujet du Boisé est paru dans le
quotidien La Presse au cours du mois d’août.
D’autre part, le projet a beaucoup fait parler de lui lors de rencontres regroupant
des organismes en itinérance, en toxicomanie ainsi que dans les milieux de la
santé et universitaires gatinois et ottaviens. Il appert même que des groupes
montréalais prépareraient un projet semblable à Montréal et qu’une délégation
de la Ville lumière s’y intéresse également. Finalement, la plus importante
couverture médiatique est survenue le 21 octobre, jour prévu du
démantèlement du site, par les employés municipaux.

9-

Les dépenses

OBJETS

PRÉVU

DÉPENSÉ

SURPLUS/DÉFICIT

Salaires des intervenants
Contribution aux campeurs participants
Frais de déplacement et de téléphonie
Trousse de premiers soins
Achats de fourniture et fond d’urgence
Frais d’administration du projet

5 000,00 $
5 000,00 $
500,00 $
Don / ASSSO
500,00 $
1 251,00 $

5 039,61 $
4 449,92 $
529,09 $
Perdue
1 111,39 $
1 251,00 $

(39,61 $)
550,08 $
(29,09 $)
NIL
(611,39 $)
NIL

TOTAL

12 251,00 $

12 381,01 $

(130,01 $)

A)

NOTES SUR LES DÉPENSES :

I

Salaires des intervenants :
Dans la précipitation de notre participation à ce projet, nous
en avions sous-estimé l’ampleur de cette responsabilité. Il faut aussi comprendre que, en
acceptant cette responsabilité, Droits-Accès réduisait son service de base de dix heures par
semaine, et ce, durant chacune des onze semaines qu’aura duré ce projet. Outre l’expérience
importante acquise ainsi par nos employés au cours de cette période, notre organisme y aura
investi bien plus que les heures pour lesquelles ces deux employés auront été rémunérés.

13

II

Contributions faites aux campeurs participants :
Cette dépense de ce 4 449,92 $ a donc été
répartie comme suit : le coût d’une livraison de pizza pour un premier souper des campeurs le 31
juillet (209,00 $). Ensuite, nous avons procédé successivement à l’achat de 2 150,00 $ en cartes
cadeaux de 10,00 $ chacune de chez MAXI, de 1 080,67 $ en cartes cadeaux de 10,00 $ chacune
du Tigre Géant, de 410,25 $ en cartes cadeaux de 20,00 $ chacune de chez Canadian Tire ainsi
que de 600,00 $ de repas prépayés à la soupe populaire de Hull. Toutes ces cartes cadeaux ont,
sur une base hebdomadaire, été remises aux campeurs selon une modalité qui a toutefois
évoluée au cours de ces trois mois.

III

Frais de déplacement et de téléphonie :
Nous avons disposé, tout l’été, de deux cellulaires
parmi les moins chers afin d’assurer les communications directes entre le boisé et nos
intervenants. Afin de limiter le coût des minutes d’utilisation, nous avons cependant du signer
un forfait d’un an avec la Cie Koodo, ce qui représentait la meilleure proposition. Toutefois, ce
contrat impliquait une pénalité de fin de contrat avant son terme (après 3 mois) de 189,15 $.
L’option de départ, soit les cartes d’appel nous aurait forcés à acquérir les téléphones, ce qui
aurait été encore plus onéreux. Au total, ce service de téléphonie nous aura coûté 425,09 $.
Pour ce qui est des frais de déplacement, nos deux employés ont, conjointement, parcouru 104
kilomètres en lien avec le projet du boisé. Au per diem de 0,50$ / Km, cela a représenté une
dépense de 104,00 $ et des déplacements moyens de deux kilomètres par jour.

IV

Trousse de premiers soins :
La trousse de premier soin fourni par l’ASSO au début du
projet a, à deux reprises, remplie sa fonction de premiers soins suite à des blessures mineures.
Toutefois, dans la foulée des changements de leadership survenus dans le boisé, cette trousse
est passée de main en main jusqu’à la mi-août pour finalement disparaitre sans jamais refaire
surface par la suite. Personne, parmi les campeurs avec qui nous en avons reparlé n’a, ensuite,
été en mesure de nous donner quelque explication que ce soit à ce sujet.

V

Achats de fourniture et fond d’urgence : Neuf dépenses ont été réalisées avec cette part de la
subvention, et ce, généralement pour répondre à un besoin identifié par les campeurs euxmêmes. Dans un premier temps, dès la fin de juillet, nous avons acheté, chez Canadian Tire, du
matériel permettant d’assurer et de sécuriser l’entrée de l’eau potable dans le boisé (37,27 $).
Vers cette même période, l’absence de serviettes de bain posait un problème sanitaire,
particulièrement pour les campeurs de sexe féminin. Avant que ce problème ne devienne celui
du Gîte Ami, nous avons procédé à l’achat de quatorze serviettes et débarbouillettes (80,48 $).
Début août, nous avons aussi décidé, pour diverses raisons, d’acheter un thermos à café à la
vingtaine de campeurs alors sur le site (260,88 $). En plus de conserver plus longtemps la chaleur
des liquides, cela réduisait l’usage quotidien des équipements du Gîte Ami ainsi que leur perte ou
leur bris dans le boisé. Vers la mi-août, nous procédons à l’achat de bâches, d’un séparateur
pour le boyau d’alimentation en eau potable et de gaz pour les BBQ (194.23 $). Fin septembre,
des suites d’un bris du collecteur extérieur du Gîte Ami, servant à alimenter les campeurs en eau
potable, nous avons du participer aux frais de plomberie ainsi encourus (200,00$). Enfin, deux
petites dépenses liées au nettoyage du site (Dollorama / 8,63 $ et 5,60 $) sont faites en fin de
projet.

14

VI

Frais d’administration du projet : Comme cela avait été prévu, Droits-Accès s’est réservé 10% de
la subvention globale en frais administratifs. En effet, cela compensera pour le temps
supplémentaire investi par l’adjointe administrative et la direction avant et en fin de projet, entre
autres, pour la comptabilité et la rédaction du présent rapport. C’est aussi via ces frais
administratifs que le léger déficit encouru par le projet sera épongé.

10A)

Huit enjeux particuliers
La Taverne à Moe : Depuis de nombreuses années, un phénomène social
s’est ancré à l’entrée sud de boisé. Ce phénomène est poétiquement connu
sous le vocable ; La taverne à Moe. Il s’agit d’un lieu de rencontre quotidien
regroupant une faune assez hétéroclite de citoyens du centre-ville.
Regroupés autour d’une vieille table de pique-nique et de quelques troncs
d’arbre servant de bancs, des résidents du voisinage, des personnes
itinérantes, des consommateurs d’alcool et de drogues ou des gens de
passages y veillent ensemble.
On pourrait, bien sûr, ne voir dans cet attroupement qu’un lieu de vente,
d’achat et de consommation de drogue et de services sexuels (semblable à
bien d’autres lieux publics). On pourrait aussi penser que cela ne mène qu’à
du tapage nocturne et à des actes de violence et de vandalisme. Par contre,
on pourrait aussi y voir un lieu de rencontre communautaire pour ceux et
celles qui, vivant en maison de chambre ou dans la rue, y ont trouvé un accès
à un espace public réconfortant et répondant à leurs besoins de se
ressourcer et d’être ensemble (comme un club social). Quoi qu'il en soit, les
agents du SPVG sont, depuis des années, conscients de l’existence de ce lieu
et ils y font, depuis des années, des visites assidues qui évitent les dérapages
les plus importants.
Cette Taverne à Moe ne fait pas officiellement partie du projet du Boisé tout
en étant incontournable du seul fait qu’elle en représente la porte d’entrée.
Bien que certains campeurs y aient aussi leurs entrées, la majorité de ceux-ci
la considère simplement comme une réalité avec laquelle il faut vivre. Or,
contrairement à ce que nous aurions pu croire, ces deux groupes (les
campeurs et les usagers de la taverne) ont rapidement su s’adapter l’un à
l’autre sans se livrer une guerre sans merci pour le territoire et convenir
15

plutôt d’un pacte de respect mutuel. Ainsi, les usagers de la taverne ont vite
compris qu’ils avaient avantage à modérer leur transport après 23h00 ainsi
qu’à ne pas entraver la sécurité et la bonne marche de leurs voisins du Boisé.
En retour, une certaine forme de collaboration et d’entraide discrète s’est
établie entre certains membres des deux groupes afin de perpétuer l’usage
de cet espace public par deux groupes pourtant assez divergents. En agissant
ainsi, ces citoyens nous démontrent leur capacité à harmoniser leurs
relations avec les autres.

B) Les différents styles de vie des campeurs :
Comme nous l’expliquions
d’entrée de jeu dans la mise en contexte de la page quatre, les personnes
occupant le Boisé sont des citoyens ayant vécu des pertes successives sans
avoir été en mesure de se raccrocher aux mailles affaiblis de notre filet social.
Pour ces raisons, on pouvait y remarquer des personnes très différentes et
ayant des attentes ou des styles de vie tout aussi différents, voire
contradictoires. Parmi la cinquantaine de campeurs ayant occupé le boisé au
cours de l’été, nous tenterons, le plus justement possible, d’exprimer ici, la
réalité de cette hétérogénéité.
Trois grands groupes nous paraissent donc se distinguer dans le Boisé : Le
premier groupe nous semble composé de personne appauvries, seules,
souvent prestataires du revenu minimal de l’Aide sociale, condamnées à
vivre dans de minuscules logements et faisant le choix économique sensé du
Boisé qui leur permet de réduire leur dépenses de loyer afin d’améliorer leur
qualité de vie durant la belle saison. Le second groupe pourrait, quant à
lui, être composé de personnes beaucoup plus carencées sur le plan social
comme sur ceux de la santé (mentale et physique) et des dépendances.
Enfin, le troisième groupe inclurait des personnes, certainement elles aussi
appauvries, mais avant tout marginales et militantes. Afin de rendre encore
mieux compte de l’hétérogénéité de cette microsociété, voici une liste non
exhaustive de certaines autres caractéristiques des campeurs :
-

Une vaste majorité d’hommes entre 20 et 50 ans,
Quelques femmes entre 20 et 35 ans,
Des personnes itinérantes de longue date,
Des personnes itinérantes de passage et en transit vers un autre endroit,
Des personnes préférant l’autonomie du Boisé à l’encadrement du Gîte Ami,
Des personnes itinérantes mises en accès limité par le Gîte Ami,
16

-

Des personnes qui travaillent tôt le matin et qui veulent dormir tôt le soir,
Des personnes qui préfèrent vivre la nuit et dormir le jour,
Des personnes souffrant d’un problème de santé mentale,
Des personnes souffrant de toxicomanie,
Des personnes souffrant d’alcoolisme.

Étant donné ces réalités hétérogènes, il est donc évident que de tenter de faire
cohabiter des personnes aux besoins si disparates représente un énorme défi.
Par contre, il ne faut jamais sous-estimer la capacité toute naturelle des êtres
humains à organiser le chaos. Les campeurs ont donc, très rapidement et très
spontanément, démontré cette capacité. C’est ainsi que les plus tranquilles ainsi
que ceux qui travaillent et se couchent plus tôt ont eu tendance à s’installer dans
la partie la plus éloignée de l’entrée du boisé et de la Taverne à Moe.
Les rares femmes ayant habité le boisé cet été sont, quant à elles, demeurées
plus près de l’entrée sud du boisé, là où l’activité, la densité et la sécurité leur
semblaient plus présentes. Elles nous ont d’ailleurs affirmé s’être senties en
sécurité tout au long de l’été.
Pour ce qui est des relations parfois tendues entre les consommateurs de
drogues injectables et de drogues qui se fument, ils sont généralement arrivés à
s’éviter, à réduire les gestes de provocation et à convenir de la grande tolérance
mutuelle nécessaire à la poursuite du projet.
L’approche en réduction des méfaits adoptée par les agents du SPVG à l’égard de
la consommation d’alcool dans le boisé a elle aussi été très efficace et elle a
favorisé grandement la réduction de cette consommation et, surtout, celle des
comportements qui l’accompagnent parfois (tapage, méfaits et violence). C’est
un peu comme si cela avait permis à certains campeurs de découvrir que la
modération avait bien meilleur goût.
Outre deux ou trois interventions de l’équipe IMAGES auprès de campeurs
semblant souffrir des problèmes plus graves de santé mentale, cet aspect de la
réalité du projet ne semble pas avoir été un enjeu majeur de l’expérience de
l’été 2014.

C) Le roulement des campeurs :
Malgré qu’un groupe d’une douzaine de
campeurs ait été stable et présent pour une grande partie de l’été, le visage du

17

boisé se métamorphosait d’une semaine à l’autre. À chaque fois que des départs
impliquaient des personnes engagées dans l’autogestion quotidienne cela
impliquait des passages à vide et des réajustements parfois lents à se
concrétiser. Heureusement, l’inverse fut également vrai en amenant de
nouvelles personnes avec des talents utiles et rapidement mis au profit du
groupe. Il n’en demeure pas moins qu’il fut parfois très laborieux d’assurer la
continuité et la cohérence du leadership nécessaire à l’autogestion des
campeurs. Ce roulement des campeurs a aussi joué un grand rôle dans les
difficultés ponctuelles de communication et de transmission d’information entre
le boisé et les partenaires.

D) Le leadership interne :
La question du leadership est complexe et parfois
difficile à cerner. L’enjeu n’est pas tant de savoir qui, parmi les campeurs, est
capable d’exprimer la réalité du Boisé puisque la plupart d’entre eux en seraient
capables. Il s’agit bien davantage de savoir qui peut être reconnu par ses pairs
autant pour ses gestes dans Boisé que pour ses paroles devant les partenaires ?
Une autre chose nous apparaît également cruciale à ce sujet ; la personne qui
agit comme leader des campeurs doit être campeur elle-même et le demeurer
tant et aussi longtemps qu’elle veut en être le porte-parole.
Trois ou quatre personnes ont donc successivement incarné ce leadership en
cours de projet et elles l’ont toutes fait avec des approches et des talents
diversifiés, mais efficaces. Certains leaders sont des meneurs d’hommes naturels
et forts utiles pour l’autogestion du Boisé, mais parfois moins habiles face aux
partenaires. À l’opposé, d’autres sont excellents en communication et en
relations publiques, mais moins habiles pour la bonne marche quotidienne sur le
terrain. C’est donc dire que les personnes itinérantes sont tout à fait semblables
aux autres dirigeants de notre société.

E) La météo :
La météo joue elle aussi un rôle central dans la vie d’un tel projet.
Les pluies abondantes ou durant quelques jours transforment le boisé en endroit
boueux, humide et peu propice à la rencontre entre les campeurs. Les nuits plus
froides de début et de fin d’été représentent elles aussi des facteurs importants
de fatigue, d’irritabilité et de bris d’équipement. Trois jours consécutifs sous l’un
de ces régimes climatiques entraineront presque automatiquement une chute
(momentanée) de 50% de la population des campeurs.
18

F)

La cohabitation avec le Gite Ami : L’expérience de Boisé de 2013 avait laissé un
goût plutôt amer aux gens du Gîte Ami. Face à un projet non officiel et moins
organisé que cette année, le Gîte avait du, plus souvent qu’à leur tour, suppléer
aux conséquences de l’improvisation généralisée. Cette année, nous voulions
donc éviter qu’une telle situation ne se reproduise et nous croyons y être
beaucoup mieux arrivés, et ce, malgré quelques incidents. Dans l’ensemble, le
Gîte aura été un partenaire fiable et désireux d’aider lorsqu’il fut le seul à
pouvoir répondre à un besoin urgent (eau courante, lessive, douche et café).

G) La cohabitation avec le voisinage :
Le Boisé compte à peine huit voisins,
dont un gite pour sans-abri, un jardin communautaire, une maison de chambre
et six résidences situées sur le boulevard des Allumettières (5) et sur la rue Morin
(1). Les seuls contacts sonores et visuels directs entre le Boisé et la population
sont donc assez restreints. De plus, les résidents des alentours et les utilisateurs
du jardin communautaires vivent déjà avec la présence du Gîte Ami et la Taverne
à Moe depuis de nombreuses années. L’ajout, dans ce secteur, du projet du
Boisé pour la période estivale nous semble donc assez marginal comme facteur
de risque supplémentaire. Par rapport aux années où il n’y avait pas de projet
dans le boisé (avant 2013), on ne peut vraiment parler d’une affluence
supplémentaire significative.
Déjà, au cours de l’été 2013, des rapports de bon voisinage s’étaient installés
entre les occupants du boisé et des bénévoles du jardin communautaire. Cette
année, des discussions ont eu lieu entre les intervenants de Droits-Accès et deux
représentants-tes de l’Association des résidents de l’Île de Hull également
membres du jardin communautaire. D’autres part, des citoyens ordinaires,
parfois même accompagnés de leurs enfants, se sont, en cours d’été, présentés
aux abords du boisé afin d’offrir des dons aux campeurs. À ce que nous sachions,
aucune levée de bouclier, aucune plainte et aucune réaction négative ne fut
soulevée en cours de projet. Selon nous, la population de Gatineau est prête à
cohabiter avec un tel projet.

H) Fin de projet et démantèlement du camping :
Malgré que la version 2014 du
démantèlement de fin de projet (le 21 octobre) ait, par rapport à l’année
précédente, représenté une grande amélioration, il n’en demeure pas moins que
nous devrons faire encore mieux pour éviter de nous retrouver, de nouveau, face
19

à l’obligation de déloger des personnes n’ayant nulle part où coucher des suites
de cette éviction planifiée. Nous pensons que le Gîte Ami, à cause de son mandat
même, devrait être davantage mis à profit dans cette entreprise. En effet, si la
Ville de Gatineau a été capable de suspendre momentanément certains de ses
règlements pour permettre ce projet, nous estimons que le Gîte Ami pourrait,
une fois l’an, s’engager à en faire autant afin d’assurer aux campeurs (sans logis à
la date fatidique) une fin de mois d’octobre moins cruelle que celle vécue au
cours des deux dernières années.

11- Conclusion
Pour le moment, tout le monde semble trouver son compte dans ce projet qui ne
sera toutefois jamais le remède permanent au phénomène de l’itinérance et du
manque de logements abordables et d’urgence. Les personnes qui y ont vécu
dans le boisé sont unanimes à revendiquer leur droit d’y être en occupant cet
espace public au nom de leurs conditions de vie, de leur dignité et de leur
sécurité. À ce chapitre, nous tenons à mentionner l’expérience de la ville de
Victoria (Colombie-Britannique) où des personnes itinérantes campant dans un
parc municipal ont finalement eu gain de cause devant la Cour Suprême de la
Colombie-Britannique (Victoria City v. Adams – 14-10-2008). Ci-dessous, le texte
explicatif de la décision de la juge Ross ;
In Adam’ case, the Court confirmed that homeless people have the right to
erect shelter to protect themselves from the elements when sleeping outside.
Madam Justice Ross, who made the decision, found the City of Victoria did
not have sufficient shelter spaces to house the more than 1,000 homeless
people in the City, and that a bylaw preventing them from having minimal
shelter violated section 75 of the Charter and was not saved by section 1.6
Ross J. found the prohibition in the bylaws, which was in effect at all times in
all public places in the City, against erecting even the most rudimentary
temporary shelter exposed homeless people to a risk of significant health
problems or even death. She concluded the effect of the prohibition was to
impose on homeless persons significant and potentially severe additional health
risks. In addition, Ross J. concluded sleep and shelter are necessary
preconditions to the security, liberty, and human flourishing protected by
section 7 of the Charter.

20

Du côté de la Ville et du SPVG, le projet du Boisé nous semble simplifier
grandement leur travail en regroupant en un seul endroit organisé ceux qui,
autrement, camperaient, de manière dispersée, sur l’ensemble du territoire.
Quant aux organismes communautaires, ils appuient les campeurs et le projet
qui, d’une part, fait ressortir les enjeux sociaux sous-jacents au phénomène et
qui, d’autre part, redonne aux campeurs un rôle et des responsabilités
citoyennes essentielles à toute démarche de réinsertion sociale. L’évaluation de
ce projet, prévu cet hiver, nous dira donc quel avenir à court terme aura ce Boisé
et dans quelles conditions il se déploiera l’an prochain et ce, avec ou sans
l’apport des corps publics.

_________________________
Daniel St-Jean, directeur
Alexandre Métras, conseiller
Mirane Nouh Omar, conseillère

21

LES ANNEXES

ANNEXE I- Liste des organismes et des individus partenaires du

projet
-

Ville de Gatineau : Maxime Pedneault-Jobin, Laurence Gillot et Luc Bard,

-

Agence (ASSSO) : Jean Hébert, Éric Ndanji et Judith Daoust,

-

DAO : Katharine Larose-Hébert, Daniel St-Jean, Alexandre Métras et Mirane Nouh
Omar

-

SPVG : Sylvie Mantha, Steve Dessureault et Marc Lauzon,

-

SOUPE POPULAIRE : Gérard Émond, Francine Mongeon et Jean-Cébastien Baulne

-

CIPTO : Yves Séguin, Léon Cardin, Marie-Eve Parent et Maude Santerre,

-

Gite Ami : Luc Villemaire, Lorenzo Carbonneau et Sylvie Demaret,

-

BRAS : Stéphanie Rousseau, Cathy Michaud et Daniel Beaudoin.

-

CSSSG (Équipe IMAGES) : Line Létourneau, Rosanne Gravelle, Mélanie Gaudreau et
Jean Lacroix.

22

ANNEXE II-

Plan/photo aérienne du site

23

ANNEXE III-

Copie de l’entente tripartite

24

ANNEXE IV-

Liste des équipements fournis aux campeurs par la
Ville

- Une toilette chimique,
- Papier hygiénique (2 caisses),
- Sacs de poubelles (2 caisses),
- Coffre d’entreposage et cadenas (1),
- Extincteurs (2),
- Rallonge électrique (2),
- Barre d’extension (1),
- Lampes de poche (10 +piles),
- Pelle ronde (2),
- Pelle carrée (1),
- Râteau (2),
- Pioche (1),
- Boyau d’arrosage (3),
-

Tables de pique-nique (2) .

25

ANNEXE V-

Code de vie développé et adopté par les campeurs

Code de vie du boisé
DE LA SECONDE CHANCE
12345678-

Aucun feu dans le boisé. (TOLÉRANCE ZÉRO)
Aucune bagarre. (TOLÉRANCE ZÉRO)
Le plus grand respect est de mise en tout temps.
De 23h à 7h du matin, aucun cris, bruits, chansons. Il est permis de
parler à voix basse.
Le boisé doit être propre en tout temps.
Briser les arbres est strictement défendu.
Il est strictement défendu de casser des bouteilles.
Les meubles de maison (sofa, matelas… tout ce qui a du rembourré) ne
sont pas faits pour le boisé et sont interdits par la Ville. Autrement dit,
le confort de la maison n’est pas fait pour le boisé et ne doit pas
l’encombrer.
Si ses règles ne sont pas respectées, nous pouvons perdre notre boisé
«Seconde Chance».
Usez de votre bon sens pour qu’on s’entraide et qu’on réussisse quelque
chose de merveilleux pour toutes et tous et surtout pour le FUTUR.

Merci de votre compréhension et de votre assistance.

Adopté par les campeurs le 30 juillet 2014

26

ANNEXE VI-

Ordres du jour et procès-verbaux des huit
rencontres des partenaires du projet (voir page
suivante)

27

ANNEXE VII-

Couverture média

28

ANNEXE VIII- Factures et pièces justificatives du projet (ASSSO

seulement)

29

30

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