La bio peut-elle nourrir le monde ?

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Dossier préparé par Bluboux

L'agriculture bio

peut-elle nourrir le monde ?
NATIONAL

La question est récurrente dans la presse écolo.
La réponse est oui, bien évidemment, et les études l'ont démontré
à de maintes reprises. Je ne prendrai que l'exemple de l'étude
comparative américaine du Rodale Institute of Pensylvania (1), menée
sur plus de 30 ans, qui a constaté que les rendements en bio égalent
ceux en conventionnel, soulignant au passage que les cultures
biologiques sont plus résilientes.
Ainsi, le rendement du maïs en bio est supérieur de 31 % à celui
constaté en conventionnel en période de sécheresse et de 13 %
par rapport à celui de Monsanto, pourtant vendu par la firme
américaine comme « tolérant à la sécheresse ».

L

Pourtant d'autres voies existent. Il
suffit de regarder un peu par-dessus notre épaule, de nous tourner
vers le passé. Car n'oublions pas que
ce que nous qualifions d'agriculture
bio aujourd'hui n'est autre chose
que ce qu'ont toujours pratiqué nos
aïeux depuis des siècles, avant l'apparition des engrais chimiques et
des produits phytosanitaires de la
même origine, c'est à dire la fin du
19me siècle (voir l'encadré « Petite
histoire des engrais chimiques »).
Songez qu'à cette époque, la surface
cultivée par les maraîchers parisiens
représentait jusqu’à 6 % de la surface de Paris intra-muros et permettait de nourrir Paris toute l’année
avec une importante variété de fruits
et légumes… Il y a donc 170 ans, les
techniques agricoles dite « intensives », aujourd'hui pratiquement
abandonnées, permettaient d'obtenir des rendements supérieurs à ce
que les méthodes de productions actuelles n'arrivent pas à égaler, même
avec l'aide des biotechnologies mortifères ! Des maraîchers tentent aujourd'hui de se réapproprier ces méthodes presque oubliées.
L'exemple de Cuba est également
impressionnant et nous aide à nous
défaire de la pensée unique en maLE LOT EN ACTION n° 81 - vendredi 215 avril 2104

P NP

tière agricole. À la suite de la chute
du mur de Berlin, en 1989, et de
l'effondrement du bloc soviétique,
l'île des Caraïbes perd sa principale
source d'approvisionnement en pétrole, matériels agricoles et engrais
chimique. Le blocus américain se
resserre. Pour ne pas mourir de faim,
la population n'a d'autres choix que
de cultiver elle-même céréales et légumes sur le moindre terrain vague
disponible. Éclairage sur cette révolution agroécologique qui fait rêver
les écolos du monde entier !
Enfin en matières de semences,
de biodiversité, les pratiques criminelles de l'industrie (qui cherche depuis des années à mettre la main sur
le vivant) ont terriblement appauvri
notre patrimoine et nos savoir-faire.
Petit éclairage sur les méthodes de
Pascal Poot, paysan à Lodève, qui
depuis des années sélectionne naturellement ses semences, arrivant
ainsi à faire pousser ses tomates
sans eau ni pesticides.
Comment produire aujourd'hui une
nourriture saine, à proximité des
consommateurs, en respectant l'humain et l'environnement ? L'enjeu est
de taille, puisqu'il s'agit aujourd'hui
de nourrir plus de 7 milliards d'êtres

humains, avec des concentrations
urbaines « inhumaines » (Tokyo 40
millions d'habitants, Dheli 24 millions, Mexico, Bombay, Pékin et
New-York 20 millions, Région pari-

sienne 13). C'est ce que nous vous
proposons de découvrir dans ce dossier. 
Notes :
(1) Visitez le site du Rodale institute :
http://rodaleinstitute.org/

Petite histoire des engrais chimiques

L

e baron Justus Von Liebig (1803–1873), chimiste allemand découvre en 1840 la faculté du sal
pêtre (ou nitrate) d’accélérer l’accroissement des plantes. Le message est d’abord entendu
en Angleterre. Les anglais, peuple pionnier en agriculture, importent des tonnes de guano et de
nitrates du Chili. Dans les années 1860 la Grande Bretagne consomme 500 000 tonnes d’engrais,
autant que tout le reste de l’Europe et 10 fois plus que la France.
Puis les grands travaux de la fin du 19ème siècle, et surtout les conflits armés, viennent changer
la donne : il faut de plus en plus de nitrates pour les explosifs ! Le conflit mondial de 1914-1918 accélère le développement de cette industrie et dès la guerre finie, l’agriculture devient un débouché naturel pour les produits azotés de synthèse. Mais la vraie bascule s'opère après la deuxième
guerre mondiale. Les « liberty ships » du plan Marshall déversent sur l’Europe les énormes surplus
de nitrates libérés par l’industrie de guerre américaine et des tracteurs par dizaines de milliers. Il
faut reconstruire les villes, il faut nourrir les populations tout en prélevant dans le milieu agricole
l’essentiel de la main d’œuvre nécessaire. Il faut surtout fourbir les armes d’une nouvelle guerre,
une guerre « froide » qui se mène d’abord sur le terrain de l’économie. La course au rendement
est lancée, c’est le début des « trente glorieuses », ces années de développement productiviste qui
se sont achevées dans la plus grande confusion, laissant la place au libéralisme façon Thatcher.
Notons qu'en ce qui concerne les pesticides, avant la première guerre mondiale, les pesticides
employés étaient des dérivés de composés minéraux ou de plantes. Ce sont les armes chimiques
de la première Guerre Mondiale comme le fameux gaz moutarde (composé de chlore) qui assureront un nouveau débouché industriel pour les pesticides, une fois le conflit terminé...
Suite du dossier pages suivantes >

LE LOT EN ACTION n° 89 - vendredi 27 mars 2015

P 15

La deuxième révolution cubaine
Comment les cubains ont converti leur île au bio

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Gram

Par Frédérique Basset

Les écologistes du monde en entier en rêvent, les Cubains l’ont réalisé.
Depuis plus de vingt ans, l’île s’est convertie à l’agriculture biologique.
Nécessité, possibilité et volonté ont été les clés de cette success story !

1

989. Chute du Mur de Berlin. Deux ans plus
tard, effondrement du bloc soviétique. Cuba
perd alors son principal fournisseur de pétrole,
de matériel agricole, d’engrais chimiques et
autres pesticides. Avec la disparition de l’URSS et
des anciens pays de l’Est, qui achetaient ses produits à prix constants, l’île perd aussi des marchés juteux, notamment celui du sucre, dont
elle exportait 85 % de sa production. Tous les
ingrédients sont réunis pour que le pays plonge
dans le chaos. D’autant que le blocus américain
se resserre. Pour Cuba, c’est le début d’une nouvelle ère, de cette « période spéciale en temps
de paix » annoncée en 1992 par Fidel Castro et
qui durera cinq ans, autrement dit une période
de grave crise économique : le produit intérieur
brut (PIB) chute de 35 %, le commerce extérieur
de 75 %, le pouvoir d’achat de 50 % et la population souffre de malnutrition.
« Ils ne savaient pas que c’était impossible,
alors ils l’ont fait » (Marc Twain)
Nécessité fait loi. Afin de satisfaire ses besoins alimentaires, la population se lance dans
la culture de fruits et légumes. « Les Cubains
avaient faim, explique Nils Aguilar, réalisateur
du film Cultures en transition (1). Ce sont eux qui
ont fait les premiers pas en occupant les terres
dans un mouvement spontané ». Des milliers
de jardins, « organoponicos », fleurissent sur
des petits lopins de terre, sur les terrasses, entre
les maisons, sur d’anciennes décharges, au milieu des terrains vagues, bref dans le moindre
interstice laissé vacant. Outre la culture, on y
pratique souvent l’élevage de petits animaux :
poules, lapins, canards, cochons. « Les principaux acteurs du mouvement agro-écologique,
ce sont les paysans eux-mêmes, affirme Dorian
Felix, agronome, spécialisé dans l’agroécologie
tropicale, en mission à Cuba pour l’association
Terre et Humanisme (2). Ils ont expérimenté ces
pratiques, les ont validées et diffusées. Leur
mobilisation et celle de la société civile tout entière ont été, et reste, très importantes. »

Le boom de l’agriculture urbaine

Dans la foulée, le gouvernement entame une
transition forcée. Produire de la nourriture devient une question de sécurité nationale. À partir des années 1990, l’accent est mis sur la production locale, à partir de ressources locales,
pour la consommation locale. L’Etat distribue
des terrains à qui veut les cultiver et développe
une agriculture vivrière et biologique de proximité : sans pétrole pour faire fonctionner les
tracteurs, on recourt à la traction animale ; sans
engrais chimiques ni pesticides, on redécouvre
le compost, les insecticides naturels et la lutte
biologique.
« C’est une véritable révolution verte, confirme
Nils Aguilar. Dans ce pays, tout le monde est
impliqué, j’ai eu la surprise d’entendre un
chauffeur de taxi me vanter les prouesses de
l’agroécologie ! Cuba développe une agriculture post-industrielle et prouve que ces techniques peuvent nourrir les populations ».
Aujourd’hui, la main-d’œuvre agricole a été
multipliée par dix. D’anciens militaires, fonctionnaires et employés se sont convertis ou
reconvertis à l’agriculture, car nombre d’entre
eux avaient été paysans auparavant. Chaque
école cultive son potager, les administrations
ont leur propre jardin, fournissant les légumes
aux cantines des employés.
Phénomène sans précédent, l’agriculture urbaine s’est développée comme nulle part ailleurs dans le monde. L’île compte près de
400 000 exploitations agricoles urbaines, qui
couvrent quelque 70 000 hectares de terres

P 16

jusqu’alors inutilisées et produisent plus de 1,5
millions de tonnes de légumes. La Havane est à
même de fournir 50% de fruits et légumes bios
à ses 2 200 000 habitants, le reste étant assuré
par les coopératives de la périphérie.

Révolution verte à la cubaine

En 1994, les fermes d’État productivistes sont
progressivement transformées en coopératives
pour fournir en aliments les hôpitaux, écoles,
jardins d’enfants. Quant au reliquat de la production, il est vendu librement sur les marchés.
Universitaires, chercheurs, agronomes sont mis
à contribution pour diffuser les techniques de
l’agroécologie. Un réseau de boutiques vend
semences et outils de jardinage à bas prix,
prodiguant également aux clients des conseils
d’experts. Et dans toutes les villes du pays, on
enseigne l’agriculture biologique par la pratique, sur le terrain. Bien plus qu’un simple
transfert de connaissances technologiques, il
s’agit de « produire en apprenant, d’enseigner
en produisant et d’apprendre en enseignant. »
L'impact de cette révolution verte est multiple : réduction de la contamination des sols,
de l’air et de l’eau, recyclage des déchets, augmentation de la biodiversité, diversification
des productions, amélioration de la sécurité alimentaire, du niveau de vie et de la santé, création d’emplois - notamment pour les
femmes, les jeunes et les retraités. C’est aussi
une politique moins centralisée qui s’est mise
en place, donnant davantage de marge de manœuvre aux initiatives individuelles et collectives autogérées. Le mot d’ordre dominant :
« Décentraliser sans perdre le contrôle, centraliser sans tuer l’initiative ». Dans les villes, ce
principe a permis de promouvoir la production
dans le quartier, par le quartier, pour le quartier,
en encourageant la participation de milliers de
personnes désireuses de rejoindre l’initiative.
Aujourd’hui, Cuba produit pour sa consommation plus de 70% de fruits et légumes, ce qui ne
lui garantit pas une totale autonomie alimentaire, dans la mesure où elle dépend encore des
importations de riz et de viande, notamment.
Mais, selon les critères de l’ONU, « le pays a un
indice de développement humain élevé et une
faible empreinte écologique sur la planète ». Si
demain les importations de nourriture devaient
s’arrêter, les habitants seraient beaucoup moins
en péril que ceux d’un pays comme la France,
qui dispose seulement de quelques jours de réserves dans ses supermarchés (d’après le Ceser
- Conseil économique, social et environnemental Ile-de-France -, la région dispose de quatre
jours de réserves alimentaires).
Il aura fallu une crise pour que Cuba découvre
les vertus de l’agroécologie, de la permaculture, de l’agroforesterie ou encore du sylvopastoralisme. L’île a-t-elle réussi pour autant sa
transition énergétique ? En partie seulement.
La consommation de pétrole a redémarré en
1993 grâce à (ou à cause de ?) la production
nationale et à l’aide du Venezuela qui lui fournit près de 110 000 barils de pétrole par jour.
Mais on peut parier que le pays ne pourra plus
faire machine arrière. Car au-delà de la révolution agricole, les initiatives individuelles et collectives ont prouvé que les Cubains pouvaient
prendre en main leur destin. Une véritable révolution culturelle !
Source : Magazine Kaizen, article extrait du dossier du n°11, juillet
2014 (que vous pouvez commander sur leur site) :
http://bit.ly/1G4LHQg
Notes :
(1) Film documentaire de 66 mn, à commander sur le site :
http://bit.ly/18SLH8Q
(2) Site de Terre et Humanisme : http://terre-humanisme.org/

LE LOT EN ACTION n° 89 - vendredi 27 mars 2015

Cuba, Jardin aux pieds des immeubles.

Tomates sans eau ni pesticide :
cette méthode fascine les biologistes
Dans l'Hérault, Pascal Poot a développé une méthode qui lui permet aujourd'hui
de cultiver et de sélectionner près de 400 variétés de tomates bio, sans arrosage
ni utilisation de produits phytosanitaires. Celui qu'on a pris pour un fou inspire
aujourd'hui les plus grands chercheurs.

P

ascal Poot est producteur bio de semences depuis 20 ans. Installé sur 3 ha
à Olmet dans les Cévennes (Hérault), dans
une région au climat aride, il conserve environ 400 variétés de tomates (il a créé le
« Conservatoire de la tomate ») et autres
variétés légumières anciennes.
La particularité de sa production : il n'arrose pas les plants, ne les entretient pas,
et n'utilise aucun engrais ni pesticide ! Et
ses plants produisent jusqu'à 25 kg de tomates chacun !

Éduquer les légumes pour leur apprendre
à se défendre eux-mêmes
« Pourquoi les agriculteurs et les jardiniers se donnent-ils tant de mal à cultiver
leurs légumes alors qu'à côté les mauvaises
herbes poussent facilement sans rien exiger ? » C'est sur la base de ce constat que
Pascal a développé une méthode qui lui
permet aujourd'hui de cultiver et de sélectionner ses tomates sans arrosage (uniquement à la plantation). « Tout le monde
essaye de cultiver les légumes en les protégeant le plus possible, moi au contraire
j'essaye de les encourager à se défendre
eux-mêmes » explique Pascal dont le secret
est de créer ses propres semences, résistantes à la sécheresse et aux maladies.
Pascal fait germer ses graines en utilisant
la technique des couches chaudes (voir article « Maraîchage : produire plus sur une
petite surface » dans ce dossier central),
puis les plante sur son terrain et ne s'en occupe plus jusqu'à la récolte.
Comment est-ce possible ? « La plupart
des plantes qu’on appelle aujourd’hui

“mauvaises herbes” étaient des plantes
que l’on mangeait au Moyen-Age, comme
l’amarante ou le chiendent... Je me suis
toujours dit que si elles sont si résistantes
aujourd’hui c’est justement parce que personne ne s’en est occupé depuis des générations et des générations. Tout le monde
essaye de cultiver les légumes en les protégeant le plus possible, moi au contraire
j’essaye de les encourager à se défendre
eux-mêmes. J’ai commencé à planter des
tomates sur ce terrain plein de cailloux il y
a une vingtaine d’années, à l’époque il n’y
avait pas une goutte d’eau.
Tout le monde pense que si on fait ça
toutes les plantes meurent mais ce n’est
pas vrai. En fait, presque tous les plants
survivent. Par contre on obtient de toutes
petites tomates, ridicules. Il faut récolter
les graines du fruit et les semer l’année suivante. Là on commence à voir de vraies tomates, on peut en avoir 1 ou 2 kg par plant.
Et si on attend encore un an ou deux, alors
là c’est formidable. Au début on m’a pris
pour un fou mais au bout d’un moment,
les voisins ont vu que j’avais plus de tomates qu’eux, et jamais de mildiou, en
plus, alors les gens ont commencé à parler et des chercheurs sont venus me voir »,
explique Pascal.
Celui qu'on a pris « pour un fou » inspire
aujourd'hui les plus grands chercheurs :
« Pascal Poot sélectionne ses semences
dans un contexte de difficulté et de stress
pour la plante, ce qui les rend extrêmement tolérantes, améliore leur qualité gustative et fait qu'elles sont plus concentrées
en nutriment » explique Bob Brac de la Perrière, biologiste et généticien des plantes,
et coordinateur de l'association environnementale Bede, qui qualifie le travail de Pascal Poot d'unique.
Pascal Poot, fils d'agriculteurs et autodidacte, intervient et présente aujourd'hui
le fruit de ses recherches en école d'ingénieurs agronomes et travaille en collaboration avec les organismes de recherche
agronomique. 
En savoir plus :
Lire le reportage de Rue 89 consacré à Pascal :
http://bit.ly/1BIqbKE
Voir le reportage d'Arte sur la ferme et les méthodes de Pascal :
http://bit.ly/1EJnaOO

Maraîchage :
produire plus sur une petite surface
Co-rédigé par Sarah Delecourt et Pierre Boisseleau (APABA) en 2013

On entend de plus en plus parler ces dernières années du succès d’un modèle
de maraîchage bio intensif sur petites surfaces. Un tel modèle permettrait d’avoir
de forts rendements, sur un faible volume de terre, et permettrait de faire vivre
plusieurs personnes sur une même ferme. Mais de quoi s’agit-il vraiment ?

É

liot Coleman (maraîcher états-unien)
et Jean Martin Fortier (maraîcher québécois) ont recensé une partie de leurs
savoirs et de leurs expériences et expérimentations dans leurs ouvrages (cf bibliographie). Certains maraîchers en Aveyron
ont choisi d’expérimenter ce type de modèle productif. C’est donc au croisement
de tout cela que nous vous présentons les
grands principes de ce modèle de production, ses avantages et ses inconvénients.

Une pratique qui ne date pas d’hier

Ces techniques de production dites «bio
intensives» font référence à une méthode
horticole qui cherche à maximiser le rendement d’une surface en culture, avec le souci de conserver, voire d’améliorer la qualité des sols. Cette méthode horticole prend
son inspiration chez les maraîchers franciliens du XIXème siècle.
À cette époque, la surface cultivée par les
maraîchers parisiens représentait jusqu’à
6 % de la surface de Paris intra-muros. Ce
système permettait de nourrir Paris toute
l’année avec une importante variété de
fruits et légumes. Le principe de base était
de cultiver des planches sur couche chaude
à base de fumier de cheval en décomposition, protégées par des châssis. Ce qui leur
permettait de compter sur des cultures hâtives. Les cultures hors châssis étaient protégées par des cloches en verre de 45 cm
de diamètre, disposées touche à touche,
qui pouvaient toutes être recouvertes
d’une longue natte de paille les nuits de
grand froid.
La surface moyenne des jardins étaient
comprises entre 4 000 et 8 000 m². Les
allées et les chemins d’accès qui parcouraient le jardin ne mesuraient que 25 cm
de large. A peine de quoi passer à pied.
La technique de plantation intensive
consistait à mettre sur un même rang plusieurs variétés de légumes. Par exemple, ils
semaient sur des couches chaudes un mélange de carottes, radis, et y installaient
des plants de laitues. Ce qui leur permettait
de récolter d’abord les radis, qui laissaient
la place aux carottes de pousser entre les
salades. Et une fois les salades récoltées,
ils repiquaient des plants de choux-fleurs
parmi les carottes, qui une fois récoltées
laissaient la place aux choux pour de se développer.
Le système mis en place par ces maraîchers en Île-de-France était incroyablement
productif, puisque leur moyenne basse
était de 4 récoltes par an sur la même parcelle et pouvait aller jusqu’à 8.

LE LOT EN ACTION n° 81 - vendredi 215 avril 2104

Témoignage de paysans : les éléments
clés d’une culture « bio-intensive »
Jean Martin Fortier et Sylvain Couderc :
2 pionniers
Jean Martin Fortier et Maude-Hélène
Desroches sont installés depuis 2002
comme maraîchers au Québec. Ils ont opté
pour un modèle de micro ferme en maraîchage diversifié intensif. Depuis 2004,
ils sont installés à Saint-Armand, comté
de Brome-Missisquoi au Québec : les jardins de la Grelinette. C’est aujourd’hui sur
8 000 m² qu’ils produisent de quoi vendre
200 paniers de légumes en ASC (l’équivalent des AMAP au Québec).
Sylvain Couderc (Jardins de la Valette),
quant à lui, entame sa troisième saison
cette année. Il a lui aussi choisi de s’installer selon le modèle de « micro-ferme ».
Les Jardins de la Valette se situent à SainteCroix, près de Villefranche-de-Rouergue.
L’endroit est situé à 280 m d’altitude, et a
pour particularité d’avoir une terre « amoureuse » (plutôt argileuse), un climat assez
doux et très peu de vent. Il est installé sur
une surface de 4 000 m² dont 300 m² de
serre en verre (en construction).
Toute sa commercialisation se fait en
vente directe (marchés et paniers) d’avril à
mi-décembre.
Bien qu’une culture «bio-intensive» soit
plutôt associée à la culture potagère ou
nourricière, certaines techniques de cette
approche semblent également valables
pour une production à échelle commerciale. Pour une culture de légumes intensive sur petites surfaces, on part du premier
principe qu’on n’utilise pas de tracteur.
À partir de là, la configuration des
planches, et du jardin, ne prendra plus
comme référence de base la largeur du
tracteur. Ceci est motivé par plusieurs raisons, et notamment le fait de pouvoir optimiser une bonne partie de l’espace foncier
productif en économisant sur les allées et
les bouts de rang.

Il est crucial d’optimiser l’aménagement
de son espace de culture

Jean Martin Fortier souligne l’importance
de bien organiser son espace de travail, notamment par rapport à la circulation. Les
espaces de cultures sont standardisés : cela
permet de faciliter la gestion des cultures,
l’achat des semences, le calcul de la production, etc.
Cet aménagement permet d’enjamber facilement une planche sans la piétiner, tout
en assurant le passage aisé d’une brouette.
Au niveau de la longueur des planches,
chacun peut choisir ce qu’il estime le plus
adapté. L’idée à retenir est qu’elles devraient toutes être de la même dimension afin de permettre l’uniformisation
des bâches, lignes d’irrigation, couvertures
flottantes et autres types d’équipement.
Cela permet d’optimiser le matériel et donc
d’en avoir besoin en moindre quantité.
Dans ce cadre-là, la planche devient donc
l’unité de mesure (plutôt que l’hectare)
pour tout ce qui concerne le calcul des
doses d’amendement, etc... Les planches
sont ensuite regroupées en parcelles de
même dimension (« des jardins »).

Aux jardins de la Valette :
1. L’organisation finale de Sylvain consistera à avoir 10 jardins de 10 planches, soit
100 planches permanentes. Pour le moment, il fonctionne avec 78 planches, sans
serre fixe, qui est en construction.
2. Une zone de 300 m² est consacrée à une
serre en verre qui est en cours de construction.
3. Une petite zone de jardin, faite de 3
planches, est consacrée à la culture de verdures vivaces (oseille, rhubarbe, aillé). Cet
espace demande très peu d’entretien : un
désherbage grossier à l’automne, et pas
d’arrosage. Elle permet d’avoir un complément de production pour le début du mois
d’avril quand les ventes recommencent.
4. Une petite zone de 600 m² en petits
fruits rouges est mise en place tout autour
de l’étang, en vue de diversifier l’activité et
la biodiversité.
5. Une zone d’une cinquantaine d’arbres en
plein vent non taillés a été implantée. Elle
a pour vocation, à termes, d’atteindre 200
arbres.
6. Une autre parcelle de 1 000 m² non irriguée est consacrée aux cultures de plein
champs (courges, oignons, ail). Elle est
constituée de 3 «jardins», avec un système
de rotation : courges, puis oignons, puis
ail, puis engrais verts.

Le choix d’un travail minime du sol

Ce mode de production choisit de travailler le sol en surface surtout, privilégiant le
labour «biologique», c’est-à-dire considérer que les micro-organismes, les racines
des plantes et la faune du sol sont appelés
à faire une bonne partie du travail. En milieu d’été, chez Jean Martin Fortier, la préparation d’une planche avant un semis se
pratique de la manière suivante :
1. Sur planches permanentes : engrais verts
et résidus de cultures sont broyés par une
tondeuse à fléau.
2. Quand un résidu d’engrais vert est épais :
enfouissement partiel avec un rotoculteur
à 8 à 12 cm de profondeur avec un passage
rapide. Sinon, ils sont laissés à la surface.
3. Dépôt d’une bâche noire sur la planche
durant 2 à 3 semaines - permet d’étouffer
et d’assainir les vieilles cultures.
4. Aération du sol par le passage d’une grelinette.
5. Amendements ensuite épandus sur la
planche, puis incorporés à l’aide d’une
herse rotative réglée à 5 cm. La herse rotative est munie à l’arrière d’un rouleau qui
plombe et égalise la surface de la planche.

Les bâches et les couvertures
de sol avant les cultures
Un des grands problèmes à résoudre était
d’arriver à nettoyer une planche de ses résidus de culture et des mauvaises herbes
sans avoir recours au rotoculteur. Pour cela,
l’utilisation de bâches de polyéthylène noir
traité UV a paru vite une technique efficace : l’expérience montre que 3 semaines
de couverture du sol avec ces bâches dé-

truisent tous les résidus de cultures, laissant une surface de planche très propre.
Après plusieurs essais, cette technique
a montré la diminution importante des
mauvaises herbes dans les cultures subséquentes. Cela s’explique par le fait que :
les mauvaises herbes germent sous la
bâche, qui crée des conditions humides et
chaudes, avant d’être détruites par l’absence de lumière.
Aux jardins de la grelinette, les bâches
sont dimensionnées pour couvrir une largeur de deux, quatre, six ou huit planches.
Elles sont livrées la plupart du temps en
rouleaux. Avant de les installer, il est important de faire des trous à la perceuse dans le
rouleau, de manière à permettre à l’eau de
s’évacuer sous la bâche, et la rendre moins
lourde à déplacer une fois installée.
Plusieurs maraîchers en Aveyron commencent à tester cette technique et
semblent d’ailleurs en être satisfaits. Dans
cette méthode de production, le travail minime du sol va de pair avec la mise en place
de planches permanentes.

Les planches permanentes
Les planches permanentes sont utilisées
pour différentes raisons par ceux qui les
pratiquent. Elles permettent d’obtenir :
- un sol meuble en profondeur, nécessaire
aux espaces optimaux
- un meilleur ressuyage du sol
- un réchauffement hâtif au printemps
- une meilleure rétention de l’humidité
dans le sol
- bâtir une structure de sol rapidement en
concentrant la surface qui reçoit les amendements de matière organique
- éviter les gros travaux de labour nécessaires au façonnage de nouvelles planches
chaque année.
Mettre en place des planches permanentes
est un travail assez fastidieux : préparation
du terrain en amont (labour au rotovator,
passage du cultivateur) et aménagement
des planches le plus souvent à la pelle, puis
travail du sol en surface (avec la herse rotative et la grelinette). Bien que fastidieux,
la mise en place n’a lieu qu’une fois. Pour
la hauteur des buttes, Jean Martin Fortier
recommande de les pelleter à 20 cm du sol.
Après une ou deux saisons, la terre s’affaissera et offrira des planches d’une hauteur
allant de 10 à 15 cm. Cela dépend également de la nature de votre sol. Chez Sylvain Couderc, les planches s’affaissent
compte tenu d’une structure très argileuse.

Une fertilisation organique
Ce système de production biologique intensif accorde une grande importance à la
fertilisation organique du sol. Cette fertilisation organique passe par des apports en
compost végétal et animal.
Une forte proportion d’amendements est
apportée au moment de la constitution des
planches, et puis de manière régulière ensuite, selon les besoins des cultures.
Suite du dossier page suivante >

P NP

LE LOT EN ACTION n° 89 - vendredi 27 mars 2015

P 17

Attention ! Comme tout principe de fertilisation, il s’agit de bien connaître son
sol, pour faire les apports qui lui sont nécessaires. Rien ne change avec ce mode de
production !
Dans son système, Sylvain Couderc apporte l’équivalent 10 tonnes / ha de compost et d’1 tonne / ha de fiente de poule.
Rapporté à la surface totale de production,
ces quantités sont bien amoindries.

Un outillage adapté à son système
de production pour le travail du sol
La largeur de 75 cm / 80 cm étant de plus
en plus utilisée, un ensemble important
d’outils adaptés existent aujourd’hui.
Le motoculteur commercial (two wheel
tractor) : il est plus puissant qu’un motoculteur de jardin et permet d’y atteler les
différents outils de travail du sol adaptés
de 75 cm de large (adaptés à la configuration des planches).
La herse rotative : outil qui a des dents qui
pivotent sur un axe vertical. Il permet de
mélanger le sol, plus que de le «pulvériser».
Elle est aussi équipée d’un rouleau qui permet de plomber la surface de planche. Le
passage d’une herse rotative permettrait
d’obtenir une planche parfaitement conditionnée pour la transplantation et les semis
en plein sol.
La tondeuse à fléau : elle est utilisée pour
broyer les engrais verts et les résidus de
culture avec facilité, et sans étouffer l’appareil. Chose qui arrivait régulièrement
avec le rotoculteur. En effet, elle permet de
déchiqueter les cultures en morceaux, ce
qui permet de les enfouir facilement.
La grelinette : la grelinette a été inventée
par M. Grelin dans les années 1960.
C’est un outil manuel : une longue fourche
en forme de U qui permet de travailler le
sol en profondeur sans le retourner. C’est
un outil ergonomique qui permet de travailler avec le dos bien droit. L’usage de cet
outil pour une production commerciale parait laborieux. En revanche Jean Martin Fortier met en avant le fait que c’est un outil
très pratique pour aérer le sol. Il est principalement utilisé pour les cultures dont
les racines nécessitent un travail du sol en
profondeur. A un bon rythme, l’utilisation
d’une grelinette sur une parcelle entière
(16 planches de 30 m) exige moins d’une
demi journée de travail. Les nouvelles grelinettes, appelées «broadfork» sont plus
larges que l’outil original : elles ont une largeur de 75 cm (équivalent donc à la largeur
de la planche).
Les binettes manuelles : il en existe des
modèles de différentes tailles selon les
cultures à travailler. Elles permettent
de désherber sur les planches, entre les
cultures. Elles sont très utilisées, une fois
les cultures en place.
Les tunnels et diverses couvertures : ces
outils sont principalement utilisés pour
«forcer» les cultures au printemps et prolonger la saison pendant l’automne. La plupart des maraîchers bios utilisent ces ou-

tils, qu’ils soient en production intensive
sur petite surface ou non. Nous ne nous
étendrons pas plus sur le sujet, si ce n’est
sur le «tunnel-chenille» encore peu utilisé.
Le tunnel - chenille : tunnel simple et non
permanent qui recouvre 2 à 4 planches
permanentes. Ces structures se montent et
se démontent facilement, et peuvent donc
être transportées n’importe où sur le terrain. La mobilité d’un tunnel-chenille permet de concilier la rotation des cultures
avec les bénéfices de cultiver sous abri.
Vous pouvez vous-mêmes fabriquer vos
chenilles avec des tuyaux de PVC et une
bâche de polythène.
Les serres mobiles : elles ont la même utilité que les tunnels chenilles, avec plus de
hauteur. Sylvain en a fait construire une
sur-mesure, en fonction de ses planches,
mobile (2 heures à 2 personnes) et qui
est déplacée 3 fois dans l’année, sur différentes cultures :
Carottes primeur : semées en février, abritées pendant 2 mois, jusqu’au départ de
culture.
Aubergines : plantées en avril, abritées
pendant toute la durée de la culture.
Épinards : semés au mois d’août, abrités
à partir du mois d’octobre pour la fin de
la culture.
Le principal inconvénient de ces serres
mobiles, c’est qu’elles ne permettent pas
de faire des cultures suspendues. C’est
pourquoi, il est bien de pouvoir les compléter avec un tunnel fixe.
Filets anti-insectes : ils sont très utilisés. Ce
ne sont pas des filets thermiques !
Un filet peut prendre 4 planches, 2 planches
ou 1 planche - au choix. Ils sont utilisés systématiquement pour les crucifères.

La mise en culture

L’importance du planning des cultures
La planification de la production est un
aspect fondamental du maraîchage diversifié, quel que soit son système de production. On lui attribue souvent une large part
du succès.
Voici les points clé de la planification des
cultures.
1. Élaboration du budget annuel : fixer les
objectifs financiers pour pouvoir subvenir
à ses besoins.
2. Les objectifs financiers doivent ensuite
se traduire en objectifs de vente, qui à leur
tour, servent à déterminer une production
conséquente.
3. Décider du type et de la quantité de légumes qu’il faudra cultiver pour atteindre
ses objectifs de production. C’est l’exercice
le plus difficile.
4. Élaborer un calendrier de production qui

P 18

LE LOT EN ACTION n° 89 - vendredi 27 mars 2015

permette de faire le plan de ses jardins.
5. La dernière étape de la planification est
le suivi par prises de notes, qui s’effectue
durant la saison de production (dans un
agenda par exemple).

Semis et plantations
Chez Sylvain Couderc, le choix a été fait de
semer très peu de choses, et de privilégier
le repiquage de plants. Ce choix est motivé
par diverses raisons :
1. cela permet d’avoir quelque chose de
plus standard, de plus régulier.
2. On gagne du temps sur la préparation
de la planche.
3. Faire soi-même ses propres plants constitue une autre activité à part entière : un espace et un matériel spécifique dans lequel
Sylvain n’a pas eu envie d’investir pour le
moment. Pour semer, on peut utiliser différents types de semoirs selon ce qu’on veut
semer.
4. Le «sème-tout» est un outil très pratique. Il dispose de différents disques. Il
fonctionne bien, mais ne sème pas beaucoup. Très utile pour les haricots verts, les
navets et les radis. Pour les carottes, il est
plus pratique d’utiliser un petit semoir.
Pour le mesclun, le mieux est d’utiliser le
semoir à mesclun, qui permet d’avoir plusieurs rangs à la fois: 10 rangs par planche.

Avantages et inconvénients
Jean Martin Fortier met en avant le fait
que c’est après plusieurs années d’expériences et d’expérimentations d’un travail
minime du sol qu’il a fini par trouver un
équilibre satisfaisant entre la théorie et
la pratique. « Pour celles et ceux qui démarrent un projet agricole, une dimension
me semble importante à préciser : si le travail du sol est une idée qui vous inspire,
celle-ci devrait davantage s’inscrire dans
une démarche que dans une doctrine. L’important durant les premières années, est
d’arriver à produire et il ne faut pas écar-

ter trop vite les solutions éprouvées par les
maraîchers chevronnés.»
Il est difficile pour Sylvain de réaliser pleinement quels sont les avantages et inconvénients de ce système de production, notamment parce qu’il n’a pas expérimenté
un autre système.
En revanche, il met en avant le fait qu’il ne
se serait pas installé maraîcher autrement
qu’avec ce système de production. Cela,
pour plusieurs raisons : c’est un système
qui permet de faire très peu d’investissements au démarrage, et de cette manière,
«j’ai l’impression d’avoir à m’occuper d’un
très grand jardin diversifié ».
Il y a un aspect assez sécurisant, du fait de
la petite taille puisqu’il «a le sentiment de
garder la main mise sur ce qui se passe».
C’est un système qui demande de beaucoup anticiper (en termes de planification,
de rotation, etc.) mais qui apporte aussi
une certaine souplesse, du fait du nombre
important des cultures. Un des autres avantages, c’est que le livre de Jean Martin Fortier transmet une expertise, accessible, qui
constitue donc un guide pour démarrer, le
temps de se faire sa propre expertise. 
Pour aller plus loin :
- Le jardinier maraîcher, Jean Martin Fortier, écosociété, 2012
- Des légumes en hiver, Eliot Colleman, Actes Sud, 2013
- Manuel pratique de la culture maraîchère de Paris, Moreau et
Daverne, 1845
- Fiche technique «Cultures en Planches Permanentes»,
Civam Bio 09
- www.lesjardinsdelavalette.fr
Source : FRAB Midi-Pyrénées - Fédération Régionale des Agriculteurs Biologiques - 61 allée de Brienne - BP 7044 - 31069 Toulouse Cedex
Tel/Fax : 05 61 22 74 99 - [email protected]
www.biomidipyrenees.org

Manuel pratique
de la culture maraîchère
de Paris

L

ongtemps oubliées, des techniques agricoles refont surface 170 ans après et inspirent
aujourd'hui des pionniers d'une
agriculture à la fois hyper productive et totalement naturelle.
Ces savoir-faire sont aujourd’hui
accessibles à tous à travers un
manuel, publié en 1844 et récemment numérisé. Son nom :
Manuel pratique de la culture
maraîchère de Paris. 

Consultable sur le site Gallica (BNF)
au lien suivant :
http://bit.ly/1xUMr3I.

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