Marx Commune de 1871

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Karl Marx : La Guerre civile en France (1871)
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Le 4 septembre 1870, quand les ouvriers de aris pro!lam"rent la r#publique, qui $ut presque instantan#ment a!!lam#e d%un bout & l%autre de la 'ran!e, sans une seule voix dis!ordante, une !abale d%avo!ats en qu(te de pla!es, ave! )*iers pour *omme d%+tat et )ro!*u pour ,#n#ral, s%empara de l%-.tel de /ille0 1es ,ens #taient alors imbus d%une $oi si $anatique dans la mission d#volue & aris de repr#senter la 'ran!e & toutes les #poques de !rise *istorique que, pour l#,itimer leurs titres usurp#s au ,ouvernement de la 'ran!e, ils !rurent su$$isant de produire leurs mandats p#rim#s de repr#sentants de aris0 2ans notre se!onde 3dresse sur la r#!ente ,uerre, !inq 4ours apr"s l%av"nement de !es *ommes, nous vous disions qui ils #taient0 )oute$ois, les v#ritables diri,eants de la !lasse ouvri"re #tant en!ore bou!l#s dans les prisons bonapartistes et les russiens d#4& en mar!*e sur la ville, aris, pris & l%improviste, tol#ra !ette prise du pouvoir, & la !ondition expresse qu%il ne serait exer!# qu%aux seules $ins de d#$ense nationale0 1ependant, !omment d#$endre aris sans armer sa !lasse ouvri"re, sans l%or,aniser en une $or!e e$$e!tive et instruire ses ran,s par la ,uerre elle5m(me 6 Mais aris arm#, !%#tait la r#volution arm#e0 7ne vi!toire de aris sur l%a,resseur prussien aurait #t# une vi!toire de l%ouvrier $ran8ais sur le !apitaliste $ran8ais et ses parasites d%+tat0 2ans !e !on$lit entre le devoir national et l%int#r(t de !lasse, le ,ouvernement de la 2#$ense nationale n%*#sita pas un instant : il se trans$orma en un ,ouvernement de la 2#$e!tion nationale0 La premi"re mesure qu%il prit $ut d%envo9er )*iers en tourn#e par toutes les !ours d%:urope pour 9 implorer m#diation, mo9ennant le tro! de la r#publique !ontre un roi0 ;uatre mois apr"s le d#but du si",e, quand on !rut venu le moment opportun de l<!*er pour la premi"re $ois le mot de !apitulation, )ro!*u, en pr#sen!e de =ules 'avre et de quelques5uns de ses !oll",ues, *aran,ua en !es termes les maires de aris assembl#s : La premi"re question que m%adress"rent mes !oll",ues le soir m(me du 4 septembre $ut !elle5!i : aris peut5il, ave! quelque !*an!e de su!!"s, soutenir un si",e et r#sister & l%arm#e prussienne 6 =e n%*#sitai pas & r#pondre négativement. ;uelques5uns de mes !oll",ues qui m%#!outent peuvent !erti$ier que 4e dis la v#rit# et que 4e n%ai pas !*an,# d%opinion0 =e leur expliquai, en !es m(mes termes, que, dans l%#tat a!tuel des !*oses, tenter de soutenir un si",e !ontre l%arm#e prussienne serait une $olie0 >ans doute, a4outai54e, !e serait une $olie *#ro?que, mais voil& tout000 Les #v#nements [qu'il avait lui-même conduits (K. M0)@ n%ont pas d#menti mes pr#visions0 1e !*armant petit dis!ours de )ro!*u $ut publi# dans la suite par M0 1orbon, un des maires pr#sents0 3insi, au soir m(me de la pro!lamation de la r#publique, le A plan B de )ro!*u, ses !oll",ues le savaient, !%#tait la !apitulation de aris0 >i la d#$ense nationale avait #t# quelque !*ose de plus qu%un pr#texte pour le ,ouvernement personnel de )*iers, 'avre et 1iel les parvenus du 4 septembre auraient abdiqu# le C, ils auraient mis le peuple de aris au !ourant du A plan B de )ro!*uD ils l%auraient mis en demeure de se rendre sur l%*eure, ou 4e prendre en main son propre sort0 Mais au lieu de !ela, les in$<mes imposteurs r#solurent de ,u#rir la $olie *#ro?que des arisiens : on leur $erait subir un r#,ime de $amine, on leur $erait !asser la t(te et on les bernerait entre5temps par des mani$estes tapa,eurs : A )ro!*u, le ,ouverneur de aris, ne !apitulera 4amais BD =ules 'avre, ministre des 3$$aires #tran,"res, ne !#dera A pas un pou!e de notre territoire E as une pierre de nos $orteresses EB 2ans une lettre & Fambetta, !e m(me =ules 'avre, pr#!is#ment, avoue que !e !ontre quoi ils se A d#$endaientB, !e n%#taient pas les soldats prussiens, mais les travailleurs de Paris. endant toute la dur#e du si",e, les !oupe54arrets bonapartistes, & qui )ro!*u avait sa,ement !on$i# le !ommandement de l%arm#e de aris, #!*an,"rent, dans leur !orrespondan!e intime, de ,rasses plaisanteries sur !ette bonne $ar!e de la d#$ense0 (/oir, par exemple, la !orrespondan!e d%3lp*onse >imon5Fuiod, !ommandant en !*e$ de l%artillerie de lG3rm#e de la d#$ense de aris et ,rand5!roix de la L#,ion d%*onneur, ave! >uHanne, ,#n#ral de
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division d%artillerie, !orrespondan!e publi#e par le Journal o iciel de la 1ommune10) Le masque d%imposture $ut en$in 4et# le I8 4anvier 18710 Mettant un v#ritable *#ro?sme & s%avilir 4usqu%au bout, le ,ouvernement de la 2#$ense nationale apparut dans la !apitulation de0 aris !omme le gouvernement de la France !ar la !ermission de "ismarc#$ r.le si vil, que Louis Jonaparte lui5m(me, & >edan, s%9 #tait re$us# ave! *orreur0 3pr"s les #v#nements du 18 mars, dans leur $uite #perdue & /ersailles, les !apitulards abandonn"rent & aris les preuves #!rites de leur tra*ison, et, pour an#antir !es preuves, !omme le dit la 1ommune dans son adresse aux d#partements, A !es *ommes ne devaient pas *#siter & $aire de aris un mon!eau de ruines dans une mer de san, B0 Mais, pour s%a!*arner ave! une telle ardeur & atteindre !e but, quelques5uns des membres diri,eants du ,ouvernement de la 2#$ense avaient en outre des raisons & eux, des raisons bien parti!uli"res0 eu apr"s la !on!lusion de l%armisti!e, M0 Milli"re, un des repr#sentants de aris & l%3ssembl#e nationale, $usill# depuis sur l%ordre expr"s de =ules 'avre, publiait une s#rie de do!uments 4uridiques aut*entiques prouvant que =ules 'avre, qui vivait en !on!ubina,e ave! la $emme d%un ivro,ne r#sidant & 3l,er, #tait, ,r<!e & l%#laboration de $aux des plus auda!ieux #!*elonn#s sur de nombreuses ann#es, parvenu & s%emparer, au nom de ses en$ants adult#rins, d%une su!!ession importante qui avait $ait de lui un *omme ri!*e et que, dans un pro!"s intent# par les *#ritiers l#,itimes, il n%avait #!*app# au s!andale que ,r<!e & la !onniven!e des tribunaux bonapartistes0 1omme de !es do!uments 4uridiques pleins de s#!*eresse on ne pouvait se d#barrasser, m(me & ,rands ren$orts de r*#torique, =ules 'avre, pour la premi"re $ois de sa vie, tint sa lan,ue, attendant silen!ieusement l%explosion de la ,uerre !ivile, pour alors d#non!er ave! $r#n#sie le peuple de aris !omme une bande de $or8ats #!*app#s, en pleine r#volte !ontre la $amille, la reli,ion, l%ordre et la propri#t#0 1e m(me $aussaire avait & peine a!!#d# au pouvoir apr"s le 4 septembre, que par s9mpat*ie il mettait en libert# i! et )aille$er !ondamn#s pour $aux, m(me sous l%:mpire, dans la s!andaleuse a$$aire de l'%tendard. 7n de !es *ommes, )aille$er, a9ant os# retourner & aris sous la 1ommune, $ut sur5le5!*amp remis en prisonD et l&5dessus =ules 'avre de s%ex!lamer & la tribune de l%3ssembl#e nationale que aris mettait en libert# tout son ,ibier de poten!e0 :rnest i!ard, !e 'alsta$$ du ,ouvernement de la 2#$ense nationale, qui se nomma lui5m(me ministre de l%int#rieur de la K#publique, apr"s s%(tre vainement #vertu# & devenir ministre de l%int#rieur de l%:mpire, est le $r"re d%un !ertain 3rt*ur i!ard, individu !*ass# de la Jourse de aris !omme es!ro! (voir le rapport de la pr#$e!ture de poli!e en date du 1L 4uillet 18M7), et !onvain!u, sur son propre aveu, d%un vol de L00 000 $ran!s alors qu%il #tait dire!teur d%une des su!!ursales de la >o!i#t# ,#n#rale, C, rue alestro (voir le rapport de la pr#$e!ture de poli!e du 11 d#!embre 18M8)0 1et 3rt*ur i!ard $ut $ait, par :rnest i!ard, dire!teur de son 4ournal L'%lecteur li&re. )andis que le !ommun des !ourtiers en bourse #tait #,ar# par les menson,es o$$i!iels du 4ournal du ministre, 3rt*ur $aisait la navette entre l%int#rieur et la Jourse pour 9 es!ompter les d#sastres des arm#es $ran8aises0 )oute la !orrespondan!e $inan!i"re de !e di,ne !ouple de $r"res tomba entre les mains de la 1ommune0 =ules 'err9, avo!at sans le sou avant le 4 septembre, r#ussit !omme maire de aris pendant le si",e, & tirer par es!roquerie une $ortune de la $amine0 Le 4our oN il aurait & rendre !ompte de sa mauvaise administration serait aussi !elui de sa !ondamnation0 1es *ommes, don!, ne pouvaient trouver que dans les ruines de aris leur billet d%#lar,issement

1 Voici cette lettre, en date du 12 décembre 1870 : Mon cher Suzanne, Je n'ai pas trouvé, au nombre des jeunes auxiliaires, votre protégé Hetzel,

mais seulement un M. Hessel. Est-ce de celui-là qu'il s'agit ? Dites-moi franchement ce que vous désirez, et je le ferai. Je le prendrai à mon étatmajor, où il s'embêtera, n'ayant rien à faire, ou bien je l'enverrai au Mont Valérien, où il courra moins de danger qu'à Paris (ceci pour les parents) et où il aura l'air de tirer le canon, parce qu'il le tirera en l'air, selon la méthode Noël. Déboutonnez-vous, la bouche, bien entendu. À vous, GUIOD. Le Noël, qui avait l'air de tirer le canon parce qu'il le tirait en l'air, commandait, pendant le siège, le mont Valérien.

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!onditionnel1, ils #taient bien les *ommes m(mes qu%il $allait & Jismar!O0 ;uelques tours de passe5passe, et )*iers, 4usque5l& le !onseiller se!ret du ,ouvernement, apparut & sa t(te ave! ses élargis pour ministres0 )*iers, !e nabot monstrueux, a tenu sous le !*arme la bour,eoisie $ran8aise pendant plus d%un demi5si"!le, par!e qu%il est l%expression intelle!tuelle la plus a!*ev#e de sa propre !orruption de !lasse0 3vant de devenir *omme d%+tat il avait d#4& $ait la preuve, !omme *istorien, de sa maPtrise dans le menson,e0 La !*ronique de sa vie publique est l%*istoire des mal*eurs de la 'ran!e0 3lli# des r#publi!ains avant 18L0, il se $au$ile au minist"re sous Louis5 *ilippe, en tra*issant son prote!teur, La$$itte0 Il s%insinue dans les bonnes ,r<!es du roi en provoquant des #meutes !ontre le !ler,#, au !ours desquelles l%#,lise >aint5Fermain5l%3uxerrois et l%ar!*ev(!*# $urent pill#s, et en se $aisant l%espion5ministre, puis l%a!!ou!*eur5,e.lier de la du!*esse de Jerr90 Le massa!re des r#publi!ains, rue )ransnonainI, et les in$<mes lois de septembre !ontre la presse et le droit d%asso!iation, qui l%ont suivi, $urent tous deux son Quvre0 ;uand il reparut !omme pr#sident du 1onseil en mars 1840, il #tonna la 'ran!e par son plan de $orti$i!ations de aris0 3ux r#publi!ains, qui d#non8aient !e plan !omme un !omplot per$ide !ontre la libert# de aris, il r#pliqua, de la tribune de la 1*ambre des d#put#s : :* quoi E s%ima,iner que des $orti$i!ations puissent 4amais mettre la libert# en p#ril E :t d%abord, on !alomnie un ,ouvernement, quel qu%il soit, quand on suppose qu%il puisse un 4our tenter de se maintenir en bombardant la !apitale000 Mais !e ,ouvernement5l& serait !ent $ois plus impossible apr"s sa vi!toire0 1ertes, au!un ,ouvernement n%aurait 4amais os# tourner !ontre aris le $eu de ses $orts, si !e n%est le ,ouvernement m(me qui avait au pr#alable livr# !es $orts aux russiens0 ;uand le roi "om&a se $it la main sur alerme en 4anvier 1848, )*iers, depuis lon,temps sans porte$euille, sur,it & nouveau & la 1*ambre des d#put#s0 /ous saveH, Messieurs, !e qui se passe & alerme : vous aveH tous tressailli d%*orreur R!arlementairement !arlant@ en apprenant que, pendant quarante5*uit *eures, une ,rande ville a #t# bombard#e0 ar qui 6 +tait5!e par un ennemi #tran,er, exer8ant les droits de la ,uerre 6 Son, Messieurs, par son propre ,ouvernement0 :t pourquoi 6 ar!e que !ette ville in$ortun#e r#!lamait ses droits0 :* bien, pour avoir r#!lam# ses droits, alerme eut quarante5*uit *eures de bombardement E ermetteH5moi d%en appeler & l%opinion europ#enne0 1%est rendre un servi!e & l%*umanit# que de venir, du *aut de la plus ,rande tribune peut5(tre de l%:urope, $aire retentir des paroles Rdes !aroles en e et@ d%indi,nation !ontre de tels a!tes000 ;uand le r#,ent :spartero, qui avait rendu des servi!es & son pa9s Rce que M. '(iers$ lui$ n'a )amais ait@, pr#tendit, pour r#primer l%insurre!tion, bombarder Jar!elone, il s%#leva de toutes les parties du monde un ,rand !ri d%indi,nation0 2ix5*uit mois plus tard, M0 )*iers #tait parmi les plus $arou!*es d#$enseurs du bombardement de Kome par une arm#e $ran8aiseL0 :n $ait, le roi "om&a ne semble avoir eu d%autre tort que de limiter son bombardement & quarante5*uit *eures0
1 Leur billet d'élargissement conditionnel. Le texte anglais porte : tickets-of leave, expression qui désigne des sortes de permis de séjour que les

prisonniers libérés avant terme reçoivent en Angleterre et qu'ils doivent périodiquement présenter à la police. Cette expression est reprise plusieurs fois par Marx dans la suite. De plus, il désigne plusieurs fois les ministres de Thiers par la formule : tickets-of leave men, que nous traduisons en conséquence par les « élargis ». 2 Répression féroce du soulèvement des républicains-démocrates en 1834, à Paris, suivie d'un massacre de la population sans armes, femmes et enfants compris. 3 Une armée française fut envoyée en avril 1849 pour protéger le pape contre la Révolution italienne. Le bombardement de Rome fut une violation scandaleuse de la Constitution française qui stipulait que la république n'emploierait jamais la force à l'écrasement de la liberté d'un peuple quel qu'il soit.

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;uelques 4ours avant la K#volution de $#vrier, irrit# du lon, exil loin du pouvoir et de ses b#n#$i!es, auquel l%avait !ondamn# FuiHot, et $lairant dans l%air l%odeur d%un soul"vement populaire pro!*ain, )*iers, dans !e st9le pseudo5*#ro?que qui lui a valu le surnom de Mira&eau-mouc(e$ d#!lara & la 1*ambre des d#put#s : Je suis du !arti de la révolution$ non seulement en 'ran!e, mais en :urope0 =e sou*aite que le ,ouvernement de la r#volution reste entre les mains des mod#r#sD mais si le ,ouvernement tombait entre les mains des ardents, $Tt5!e des radi!aux, mal,r# !ela 4e n%abandonnerais pas ma !ause0 =e serais tou4ours du parti de la r#volution0 >urvint la K#volution de $#vrier0 3u lieu de rempla!er le !abinet FuiHot par un !abinet )*iers, !omme le petit *omme l%avait r(v#, elle rempla8a Louis5 *ilippe par la r#publique0 3u premier 4our de la vi!toire populaire, il se !a!*a soi,neusement, oubliant que le m#pris des travailleurs le mettait & l%abri de leur *aine0 ourtant, ave! son !oura,e l#,endaire, il !ontinua de $uir la s!"ne publique, 4usqu%& !e que les massa!res de 4uin l%eussent netto9#e pour son ,enre d%a!tivit#0 3lors, il devint le !erveau diri,eant du A parti de l%ordre B et de la K#publique parlementaire, !et inter5r",ne anon9me pendant lequel toutes les $a!tions rivales de la !lasse diri,eante !onspiraient ensem&le pour #!raser le peuple, et l'une contre l'autre pour restaurer !*a!une la monarc(ie de son !*oix0 3lors, !omme au4ourd%*ui, )*iers d#non8ait les r#publi!ains !omme le seul obsta!le & la !onsolidation de la r#publiqueD alors, !omme au4ourd%*ui, il parlait & la r#publique !omme le bourreau & 2on 1arlos : A =e vais te tuer, mais !%est pour ton bien B0 3u4ourd%*ui, !omme alors, il pourra s%#!rier au lendemain de sa vi!toire : AL%empire est $ait EB :n d#pit de ses *9po!rites *om#lies sur les Alibert#s n#!essairesB et de sa ran!une personnelle !ontre Louis Jonaparte qui avait $ait de lui sa dupe et $lanqu# de*ors le parlementarisme, 5 et *ors de son atmosp*"re $a!ti!e, !e petit *omme, il le sait bien, se ratatine et rentre dans le n#ant, 5 )*iers a tremp# dans toutes les in$amies du >e!ond :mpire, de l%o!!upation de Kome par les troupes $ran8aises, 4usqu%& la ,uerre ave! la russe, & laquelle il poussa par ses $arou!*es inve!tives !ontre l%unit# allemande, 5 non pas par!e qu%elle servirait de $a8ade au despotisme prussien, mais par!e qu%elle serait une atteinte au droit traditionnel de la 'ran!e au mor!ellement de l%3llema,ne0 3imant & brandir & la $a!e de l%:urope, ave! ses bras de nain, l%#p#e de Sapol#on 1er dont il #tait devenu le !ireur de bottes *istorique1, sa politique #tran,"re a tou4ours eu pour !ouronnement l%*umiliation totale de la 'ran!e, depuis la 1onvention de Londres en 1841 4usqu%& la !apitulation de aris en 1871 et & la ,uerre !ivile a!tuelle oN il lan!e !ontre aris les prisonniers de >edan et de MetH ave! la *aute autorisation de Jismar!O0 Mal,r# la souplesse de son talent et l%in!onstan!e des desseins qu%il poursuit, !et *omme a #t# en!*aPn# sa vie enti"re & la routine la plus $ossile0 Il est #vident que les !ourants pro$onds de la so!i#t# moderne devaient lui demeurer & 4amais !a!*#sD mais m(me les !*an,ements les plus mani$estes & sa sur$a!e r#pu,naient & une !ervelle dont toute la vitalit# s%#tait r#$u,i#e dans la lan,ue0 3ussi ne se lassa5t5il 4amais de d#non!er !omme un sa!ril",e tout #!art du d#suet s9st"me du prote!tionnisme $ran8aisI0 Ministre de Louis5 *ilippe, il d#ni,ra les !*emins de $er !omme une $olle !*im"reD et, plus tard, dans l%opposition sous Louis Jonaparte, il sti,matisa !omme une pro$anation toute tentative pour r#$ormer le s9st"me pourri de l%arm#e $ran8aise0 =amais, au !ours de sa lon,ue !arri"re politique, il ne s%est rendu !oupable d%une seule mesure, si minime $Tt5elle, de quelque utilit# pratique0 )*iers n%a #t# !ons#quent que dans son avidit# de ri!*esse, et dans sa *aine des *ommes qui la produisent0 :ntr# pauvre !omme =ob dans son premier minist"re sous Louis5 *ilippe, il le quitta millionnaire0 >on dernier minist"re sous le m.me roi (!elui du 1er mars 1840* l%exposa & des a!!usations publiques de !on!ussion & la 1*ambre des d#put#s, auxquelles il se !ontenta de r#pondre par des larmes, denr#e qu%il prodi,ue ave! autant de $a!ilit# que =ules 'avre ou tout autre !ro!odile0 3 Jordeaux, sa premi"re mesure pour sauver la 'ran!e d%une ruine $inan!i"re imminente $ut de se doter lui5m(me de trois millions par an, premier et dernier mot de la Ar#publique #!onomeB, qu%il avait $ait miroiter & ses #le!teurs de aris en 18MU . 7n de ses an!iens !oll",ues & la 1*ambre des d#put#s de 18L0, !apitaliste lui5m(me et n#anmoins membre d#vou# de la 1ommune, M0 Jesla9, apostrop*ait derni"rement )*iers dans une a$$i!*e publique :
1 Les principaux ouvrages historiques de Thiers sont l'Histoire de la Révolution française et l'Histoire du Consulat et de l'Empire. 2 En France, le système protectionniste était caractérisé par des taxes élevées sur les marchandises (par exemple, la fonte anglaise était grevée d'une

taxe de 70 p. 100, le fer, de 105 p. 100 de son prix). Il en est résulté que nombre de marchandises, que l'on ne savait pas fabriquer en France, avaient complètement disparu du marché.

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L%asservissement du travail au !apital a tou4ours #t# la pierre an,ulaire de votre politique, et depuis le 4our oN vous aveH vu la r#publique du travail install#e & l%-.tel de /ille, vous n%aveH 4amais !ess# de !rier & la 'ran!e : 1e sont des !riminels E ass# maPtre dans la petite $ripouillerie politique, virtuose du par4ure et de la tra*ison, rompu & tous les bas strata,"mes, aux exp#dients sournois et aux viles per$idies de la lutte des partis au parlement, tou4ours pr(t, une $ois !*ass# du minist"re, & allumer une r#volution, pour l%#tou$$er dans le san, une $ois qu%il 9 est revenu ave! des pr#4u,#s de !lasse en ,uise d%id#es, de la vanit# en ,uise de !Qur menant une vie priv#e aussi ab4e!te que sa vie publique est m#prisable, 5 il ne peut s%emp(!*er, m(me maintenant oN il 4oue le r.le d%un >9lla $ran8ais, de re*ausser l%abomination de ses a!tes par le ridi!ule de ses $an$aronnades0 La !apitulation de aris, en livrant & la russe non seulement aris, mais la 'ran!e enti"re, a !los la lon,ue s#rie d%intri,ues et de tra*isons ave! l%ennemi que les usurpateurs du 4 septembre avaient inau,ur#e, !omme )ro!*u en personne l%avait dit, le soir m(me0 2%autre part, elle ouvrait la ,uerre !ivile qu%ils allaient maintenant en,a,er ave! l%aide de la russe !ontre la r#publique et aris0 Le traquenard #tait tendu dans les !lauses m(mes de la !apitulation0 3 !e moment, plus d%un tiers du territoire #tait aux mains de l%ennemi, la !apitale #tait !oup#e des d#partements, toutes les !ommuni!ations #taient d#sor,anis#es0 +lire dans de telles !ir!onstan!es une v#ritable repr#sentation de la 'ran!e #tait impossible sans prendre lar,ement le temps n#!essaire aux pr#parati$s0 +'est !récisément pourquoi la !apitulation stipula qu%une 3ssembl#e nationale devait (tre #lue dans les *uit 4ours, de sorte qu%en bien des parties de la 'ran!e la nouvelle des #le!tions & $aire n%arriva qu%& la veille du s!rutin0 :n outre, !ette assembl#e, selon une !lause expresse de la !apitulation, ne devait (tre #lue que dans le seul but de d#!ider de la paix ou de la ,uerre, et, #ventuellement, de !on!lure un trait# de paix0 La population ne pouvait pas ne pas sentir que les termes m(mes de l%armisti!e rendaient la !ontinuation de la ,uerre impossible, et que, pour rati$ier la paix impos#e par Jismar!O, les pires *ommes de 'ran!e #taient les meilleurs0 Mais, non !ontent de toutes !es pr#!autions, )*iers, avant m(me que le se!ret de l%armisti!e ait #t# divul,u# dans aris, #tait parti en tourn#e #le!torale & travers les d#partements pour 9 ,alvaniser et 9 rappeler & la vie le arti l#,itimiste, qui devait d#sormais, & !.t# des orl#anistes, prendre la pla!e des bonapartistes, que l%on n%eTt pas tol#r#s0 Il n%en avait pas peur0 Impossibles !omme ,ouvernants de la 'ran!e moderne, et par suite, rivaux m#prisables, pouvait5il 9 avoir, !omme instrument de la r#a!tion, un parti pr#$#rable & !elui dont l%a!tion, suivant les paroles de )*iers lui5m(me (1*ambre des d#put#s, C 4anvier 18LL) A s%#tait tou4ours !on$in#e aux trois ressour!es de l%invasion #tran,"re, de la ,uerre !ivile et de l%anar!*ie 6 B0 Ils !ro9aient vraiment, !es l#,itimistes, & l%av"nement de !e mill#naire r#trospe!ti$ si lon,temps attendu0 Il 9 avait la 'ran!e sous la botte de l%invasion #tran,"reD il 9 avait la !*ute d%un empire, et la !aptivit# d%un JonaparteD en$in, il 9 avait eux5m(mes0 La roue de l%*istoire avait visiblement tourn# & l%envers pour s%arr(ter & la A 1*ambre introuvable B de 181M0 2ans les 3ssembl#es de la K#publique, de 1848 & 18C1, ils avaient #t# repr#sent#s par leurs !*ampions parlementaires, instruits et exer!#sD !%#taient les simples soldats du parti qui s%9 ruaient maintenant : tous les our!eau,na!s de 'ran!e0 2"s que !ette 3ssembl#e de A ruraux B1 se $ut r#unie & Jordeaux, )*iers lui $it entendre nettement que les pr#liminaires de paix devaient (tre a,r##s sur5le5!*amp, sans m(me avoir les *onneurs d%un d#bat parlementaireD & !ette !ondition seulement la russe leur permettrait d%ouvrir les *ostilit#s !ontre la r#publique et aris, sa pla!e $orte0 La !ontre5r#volution, en e$$et, n%avait pas de temps & perdre0 Le se!ond :mpire avait plus que doubl# la dette nationale et lourdement endett# toutes les ,randes villes0 La ,uerre avait en$l# les !*ar,es d%une mani"re e$$ra9ante et rava,# sans piti# les ressour!es de la nation0 our !ompl#ter la ruine, le >*9lo!O prussien #tait l&, exi,eant l%entretien d%un demi5million de ses soldats sur le sol $ran8ais, son indemnit# de !inq milliards et l%int#r(t & C V des #!*#an!es en retard0 ;ui allait pa9er la note 6 1e n%est qu%en renversant la r#publique par la violen!e, que !eux qui s%appropriaient la ri!*esse pouvaient esp#rer $aire
1 L'Assemblée nationale inaugurée à Bordeaux le 13 février était composée, en majeure partie, de monarchistes avérés (sur 750 députés, 450

monarchistes), représentants des grands propriétaires terriens et des couches réactionnaires des villes et surtout des campagnes. De là, l'appellation d' « Assemblée de ruraux ».

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supporter aux produ!teurs de !ette ri!*esse les $rais d%une ,uerre qu%ils avaient eux5m(mes provoqu#e0 3insi, !%est pr#!is#ment l%immense ruine de la 'ran!e qui poussait !es patriotiques repr#sentants de la propri#t# terrienne et du !apital, sous les 9eux m(mes et sous la *aute prote!tion de l%enva*isseur, & ,re$$er sur la ,uerre #tran,"re une ,uerre !ivile, une r#bellion de n#,riers0 Jarrant la route au !omplot, il 9 avait un ,rand obsta!le : aris0 2#sarmer aris #tait la premi"re !ondition du su!!"s0 aris $ut don! somm# par )*iers de rendre ses armes0 uis aris $ut *ar!el# par les $r#n#tiques mani$estations anti5r#publi!aines de l%3ssembl#e Ades rurauxB et par les d#!larations #quivoques de )*iers lui5m(me sur le statut l#,al de la r#publiqueD parla mena!e de d#!apiter et de d#!apitaliser arisD la nomination d%ambassadeurs orl#anistesD les lois de 2u$aure sur les #!*#an!es !ommer!iales et les lo9ers, qui mena8aient de ruine le !ommer!e et l%industrie parisiensD la taxe de ou9er5;uertier, de deux !entimes sur !*aque exemplaire de toutes les publi!ations quelles qu%elles soientD les senten!es de mort !ontre Jlanqui et 'lourensD la suppression des 4ournaux r#publi!ainsD le trans$ert de l%3ssembl#e nationale & /ersaillesD le renouvellement de l%#tat de si",e pro!lam# par aliOao, et aboli le 4 septembreD la nomination de /ino9, le d#!embriseur, !omme ,ouverneur de aris, !elle de /alentin, le ,endarme de l%empire, !omme pr#$et de poli!e, en$in !elle de d%3urelle de aladines, le ,#n#ral 4#suite, !omme !ommandant en !*e$ de la ,arde nationale0 :t maintenant, nous avons une question & poser & M0 )*iers et aux *ommes de la 2#$ense nationale, ses sous5ordres0 Wn sait que, par l%entremise de M0 ou9er5;uertier, son ministre des 'inan!es, )*iers avait !ontra!t# un emprunt de deux milliards, pa9able imm#diatement0 :* bien, est5il vrai ou non : 1X ;ue l%a$$aire #tait arran,#e de telle sorte qu%un pot5de5vin de plusieurs !entaines de millions tomb<t dans les po!*es de )*iers, =ules 'avre, :rnest i!ard, ou9er5;uertier et =ules >imon 6 IX ;u%il ne serait $ait de versement, qu%apr"s la A pa!i$i!ation B de aris 6 :n tout !as il $aut que la !*ose ait #t# tr"s ur,ente, !ar )*iers et =ules 'avre, au nom de la ma4orit# de l%3ssembl#e de Jordeaux, solli!it"rent sans ver,o,ne l%o!!upation de aris par les troupes prussiennes0 Mais !ela n%entrait pas dans le 4eu de Jismar!O, !omme il le dit publiquement et en ri!anant, aux p*ilistins admirati$s de 'ran!$ort, & son retour en 3llema,ne0

II
aris en armes #tait le seul obsta!le s#rieux sur la route du !omplot !ontre5r#volutionnaire0 Il $allait don! d#sarmer aris0 >ur !e point, l%3ssembl#e de Jordeaux #tait la sin!#rit# m(me0 >i la ru,issante !lameur de ses ruraux n%avait pas su$$i & se $aire entendre, la remise par )*iers de aris & la tendre solli!itude du triumvirat 5 /ino9, le d#!embriseur, /alentin, le ,endarme bonapartiste, et dG3urelle de aladines, le ,#n#ral 4#suite 5 aurait dissip# 4usqu%au dernier doute0 3lors m(me qu%ils a$$i!*aient insolemment le v#ritable but du d#sarmement de aris, les !onspirateurs lui demand"rent de d#poser ses armes sous un pr#texte qui #tait le plus !riant, le plus e$$ront# des menson,es0 L%artillerie de la ,arde nationale, disait )*iers, appartient & l%+tat, et !%est & l%+tat qu%elle doit $aire retour0 La v#rit#, la voi!i : du 4our de la !apitulation, par laquelle les prisonniers de Jismar!O avaient livr# la 'ran!e au !*an!elier prussien, en se r#servant une ,arde nombreuse dans le dessein expr"s de mater la !apitale, aris se tenait sur le qui5vive0 La ,arde nationale se r#or,anisa et !on$ia le !ommandement supr(me & un 1omit# !entral #lu par l%ensemble du !orps, & l%ex!eption de quelques d#bris de l%an!ienne $ormation bonapartiste0 3 la veille de l%entr#e des russiens dans aris, le 1omit# !entral assura le transport & Montmartre, Jelleville et La /illette, des !anons et mitrailleuses traPtreusement abandonn#s par les !apitulards dans les quartiers que les russiens allaient o!!uper et leurs abords0 1ette artillerie provenait des sous!riptions de la ,arde nationale0 :lle avait #t# o$$i!iellement re!onnue !omme sa propri#t# priv#e dans la !apitulation du I8 4anvier, et & !e titre elle avait #t# ex!ept#e de la reddition ,#n#rale,
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entre les mains du vainqueur, des armes appartenant au ,ouvernement0 :t )*iers #tait si enti"rement d#pourvu de tout pr#texte, si l#,er $Tt5il, pour en,a,er la ,uerre !ontre aris, qu%il lui $allut re!ourir au menson,e $la,rant : l%artillerie de la ,arde nationale #tait, disait5il, propri#t# de l%+tat E La saisie de son artillerie ne devait que servir de pr#lude au d#sarmement ,#n#ral de aris0 2u m(me !oup, devait (tre d#sarm#e la r#volution du 4 septembre0 Mais !ette r#volution #tait devenue le r#,ime l#,al de la 'ran!e0 La r#publique, son Quvre, #tait re!onnue par le vainqueur dans les termes m(mes de la !apitulation0 3pr"s la !apitulation, elle avait #t# re!onnue par toutes les puissan!es #tran,"res, et !%est en son nom que l%3ssembl#e nationale avait #t# !onvoqu#e0 La r#volution des travailleurs de aris du 4 septembre #tait le seul titre l#,al de l%3ssembl#e nationale, si#,eant & Jordeaux et de son ex#!uti$0 >ans le 4 septembre, l%3ssembl#e nationale, aurait dT sur5le5!*amp laisser la pla!e au 1orps l#,islati$ #lu en 18MU au su$$ra,e universel sous un r#,ime $ran8ais et non prussien, et dispers# de $or!e par la r#volution0 )*iers et ses A #lar,is B auraient dT !apituler devant Louis Jonaparte, a$in d%obtenir de lui des sau$5!onduits leur #par,nant un vo9a,e & 1a9enne0 Les pouvoirs de l%3ssembl#e nationale n%#taient que !eux d%un notaire !*ar,# d%arr(ter les termes de la paix ave! la russe0 :lle n%#tait qu%un in!ident dans !ette r#volution, dont la v#ritable in!arnation #tait tou4ours le aris arm#, aris qui l%avait $aite, aris qui avait subi pour elle un si",e de !inq mois, ave! les *orreurs de la $amine, et qui, en prolon,eant sa r#sistan!e, en d#pit du A plan B de )ro!*u, avait $ait d%elle la base d%une ,uerre de d#$ense a!*arn#e en provin!e0 :t maintenant, ou bien aris devait d#poser ses armes sur l%outra,eante in4on!tion des n#,riers rebelles de Jordeaux, et re!onnaPtre que sa r#volution du 4 septembre ne si,ni$iait rien d%autre qu%un simple trans$ert de pouvoir de Louis Jonaparte & ses !on!urrents ro9auxD ou bien il devait s%a$$irmer le !*ampion d#vou# 4usqu%au sa!ri$i!e de la 'ran!e, qu%il #tait impossible de sauver de la ruine et de r#,#n#rer, sans un renversement r#volutionnaire des !onditions politiques et so!iales qui avaient en,endr# le se!ond :mpire et qui, sous sa tutelle prote!tri!e, avaient mTri 4usqu%au !omplet pourrissement0 aris, en!ore amai,ri par une $amine de !inq mois, n%*#sita pas un instant0 Il r#solut *#ro?quement de !ourir tous les dan,ers d%une r#sistan!e aux !onspirateurs $ran8ais, bravant 4usqu%& la mena!e des !anons prussiens braqu#s sur lui dans ses propres $orts0 )oute$ois, dans son *orreur de la ,uerre !ivile oN aris allait (tre entraPn#, le 1omit# !entral ,arda la m(me attitude purement d#$ensive, en d#pit des provo!ations de l%3ssembl#e, des usurpations de l%ex#!uti$, et d%une mena8ante !on!entration de troupes dans aris et ses environs0 1%est )*iers qui ouvrit don! la ,uerre !ivile en envo9ant /ino9 & la t(te d%une $oule de ser,ents de ville et de quelques r#,iments de li,ne, en exp#dition no!turne !ontre Montmartre, pour 9 saisir par surprise l%artillerie de la ,arde nationale0 Wn sait !omment !ette tentative #!*oua devant la r#sistan!e de la ,arde nationale et la $raternisation de la li,ne ave! le peuple0 2%3urelle de aladines avait $ait imprimer d%avan!e son bulletin de vi!toire, et )*iers tenait toutes pr(tes les a$$i!*es annon8ant ses mesures de !oup d%+tat0 )out !ela dut (tre rempla!# par des appels de )*iers, pro!lamant sa d#!ision ma,nanime de laisser la ,arde nationale en possession de ses armesD il se tenait pour !ertain, disait5il, qu%elle les utiliserait pour se rallier au ,ouvernement !ontre les rebelles0 >ur les L000000 ,ardes nationaux, L00 seulement r#pondirent & !et appel les invitant & s%allier au petit )*iers !ontre eux5m(mes0 La ,lorieuse r#volution ouvri"re du 18 mars #tablit sa domination in!ontest#e sur aris0 Le 1omit# !entral $ut son ,ouvernement provisoire0 L%:urope sembla pour un moment se demander si ses r#!ents et sensationnels *auts $aits en politique et dans la ,uerre avaient l%ombre d%une r#alit#, ou s%ils n%#taient que les r(ves d%un pass# depuis lon,temps r#volu0 2u 18 mars & l%entr#e des troupes de /ersailles & aris, la r#volution prol#tarienne resta si exempte des a!tes de violen!e qui abondent dans les r#volutions, et bien plus en!ore dans les !ontre5r#volutions des A !lasses sup#rieures B, que ses adversaires ne trouvent pas mati"re & ex*aler leur indi,nation, si !e n%est l%ex#!ution des ,#n#raux Le!omte et 1l#ment )*omas, et l%a$$aire de la pla!e /end.me0 L%un des o$$i!iers bonapartistes en,a,#s dans l%attaque no!turne !ontre Montmartre, le ,#n#ral Le!omte, avait, par quatre $ois, ordonn# au 81e r#,iment de li,ne de $aire $eu sur des !ivils sans armes, pla!e i,alle, et, sur le re$us de ses *ommes, les avait $urieusement insult#s0 3u lieu de $usiller $emmes et en$ants, ses *ommes
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le $usill"rent, lui0 Les *abitudes inv#t#r#es a!quises par les soldats & l%#!ole des ennemis de la !lasse ouvri"re ne vont pas, sans doute, !*an,er & l%instant m(me oN !es soldats passent aux !.t#s de !elle5!i0 Les m(mes *ommes ex#!ut"rent aussi 1l#ment )*omas0 Le A ,#n#ral B 1l#ment )*omas, un ex5mar#!*al des lo,is m#!ontent, s%#tait, dans les derniers temps du r",ne de Louis5 *ilippe, $ait enr.ler & la r#da!tion du 4ournal r#publi!ain Le ,ational pour 9 servir au double titre d%*omme de paille (,#rant responsable) et de duelliste !ommissionn# de !e 4ournal tr"s batailleur0 3pr"s la K#volution de $#vrier, les *ommes du ,ational$ a9ant a!!#d# au pouvoir, m#tamorp*os"rent !et an!ien mar#!*al des lo,is en ,#n#ral0 1%#tait & la veille de la bou!*erie de 4uin, dont, !omme =ules 'avre, il $ut un des sinistres insti,ateurs et dont il devint un des plus l<!*es bourreaux0 uis, ils disparurent, lui et son titre de ,#n#ral, pendant lon,temps, pour revenir sur l%eau le 1er novembre 18700 La veille1, le A ,ouvernement de la 2#$ense B, $ait prisonnier & l%-.tel de /ille, avait solennellement donn# sa parole & Jlanqui, & 'lourens et & d%autres repr#sentants de la !lasse ouvri"re, d%abdiquer son pouvoir usurp# entre les mains d%une !ommune qui serait librement #lue & aris0 3u lieu de tenir sa promesse, il l<!*a sur aris les Jretons de )ro!*u, qui rempla8aient maintenant les 1orses de Jonaparte0 >eul, le ,#n#ral )amisier, re$usant de souiller son nom par un tel par4ure, se d#mit du !ommandement en !*e$ de la ,arde nationale et, & sa pla!e, 1l#ment )*omas redevint ,#n#ral0 endant toute la dur#e de son !ommandement, il $it la ,uerre non aux russiens, mais & la ,arde nationale de aris0 Il en emp(!*a l%armement ,#n#ral, ex!ita les bataillons bour,eois !ontre les bataillons ouvriers, #limina les o$$i!iers *ostiles au A plan B de )ro!*u et li!en!ia, sous l%a!!usation in$amante de l<!*et#, !es m(mes bataillons prol#tariens dont l%*#ro?sme a maintenant $or!# l%admiration de leurs ennemis les plus a!*arn#s0 1l#ment )*omas se sentait tout $ier d%avoir re!onquis ses ,alons de 4uin 1848, !omme ennemi personnel de la !lasse ouvri"re de aris0 ;uelques 4ours en!ore avant le 18 mars, il soumettait au ministre de la Fuerre, Le 'l., un plan de son !ru pour A en $inir ave! la $ine $leur de la !anaille parisienne B0 3pr"s la d#route de /ino9, il ne put se d#$endre d%entrer en li!e en qualit# d%espion amateur0 Le 1omit# !entral et les travailleurs de aris $urent tout 4uste aussi responsables de l%ex#!ution de 1l#ment )*omas et de Le!omte, que la prin!esse de Falles du sort des ,ens #!ras#s dans la $oule le 4our de son entr#e & Londres0 Le pr#tendu massa!re de !ito9ens sans armes pla!e /end.me est un m9t*e dont M0 )*iers et les ruraux n%ont absolument pas voulu dire un mot & l%3ssembl#e, s%en remettant ex!lusivement pour le di$$user & la valetaille du 4ournalisme europ#en0 Les A *ommes d%ordre B, les r#a!tionnaires de aris, trembl"rent & la vi!toire du 18 mars0 our eux, !%#tait le si,nal du !*<timent populaire qui arrivait en$in0 Les spe!tres des vi!times, assassin#es sur leur, ordre, depuis les 4ours de 4uin 1848 4usqu%au II 4anvier 1871 I, se dressaient devant eux0 Leur panique $ut leur seule punition0 M(me les ser,ents de ville, au lieu d%(tre d#sarm#s et mis sous les verrous !omme on aurait dT le $aire, trouv"rent les portes de aris ,randes ouvertes pour aller se mettre en sTret# & /ersailles0 Les *ommes d%ordre non seulement ne $urent pas molest#s, mais ils eurent la $a!ult# de se rassembler et d%o!!uper plus d%une position $orte au !entre m(me de aris0 1ette indul,en!e du 1omit# !entral, !ette ma,nanimit# des ouvriers arm#s, !ontrastant si sin,uli"rement ave! les *abitudes du A parti de l%ordreB, !elui5!i les interpr#ta & tort !omme des s9mpt.mes d%un sentiment de $aiblesse0 2%oN son plan stupide d%essa9er, sous le !ouvert d%une mani$estation sans armes, !e que /ino9 n%avait pas r#ussi ave! ses !anons et ses mitrailleuses0 Le II mars, un !ort",e s#ditieux de messieurs A du beau monde B quitta les quartiers #l#,ants ave! dans ses ran,s tous les A petits !rev#s B et & sa t(te les $amiliers notoires de l%:mpire,
1 Le 31 octobre 1870, une tentative fut faite pour renverser le gouvernement de la Défense nationale et s'emparer du pouvoir. L'impulsion fut

donnée au mouvement par les bruits d'armistice avec les Prussiens, de défaite de la garde nationale au Bourget (30 octobre) et de reddition de Metz. Guidés par les blanquistes, les gardes nationaux envahirent l'Hôtel de Ville, proclamèrent la destitution de l'ancien gouvernement et la formation d'un nouveau, qui devait organiser les élections à la Commune. Mais le nouveau gouvernement, qui ne s'appuyait pas sur les masses, se montra irrésolu et hésitant. Il entra en pourparlers avec les membres arrêtés du gouvernement de la Défense nationale et en obtint un accord verbal pour la fixation des élections à la Commune (au 1er novembre) et pour une amnistie générale. Sur ces entrefaites, des bataillons de gardes bourgeois arrivèrent, qui au matin du 1er novembre envahirent l'Hôtel de Ville et rétablirent le pouvoir du gouvernement de la Défense nationale. 2 Le 22 janvier 1871, une nouvelle tentative fut faite pour renverser le gouvernement de la Défense nationale. La cause immédiate du soulèvement fut la défaite infligée à la garde nationale sous Buzenval (19 janvier 1871). A la suite de cette défaite, des bruits coururent sur l'armistice prochain et la nomination du général Vinoy comme gouverneur militaire de Paris. De même que l'insurrection du 31 octobre le soulèvement du 22 janvier se distingua par le manque de résolution, de cohésion et de liaison organique avec les masses. Pendant la répression du mouvement, il y eut 80 morts et blessés, parmi lesquels des femmes et des enfants.

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les -o!Oeren, les 1oYtlo,on, les -enr9 de "ne, et!0 >ous le l<!*e pr#texte d%une mani$estation pa!i$ique, mais portant en se!ret des armes meurtri"res, !ette bande se $orma en ordre de mar!*e, maltraita et d#sarma les sentinelles et les patrouilles de la ,arde nationale qu%elle ren!ontra sur son passa,e, et, d#bou!*ant de la rue de la aix sur la pla!e /end.me aux !ris de : A 3 bas le 1omit# !entral E 3 bas les assassins E /ive lG3ssembl#e nationale E B, elle tenta de $or!er les postes de ,arde en $a!tion et d%enlever par surprise le quartier ,#n#ral de la ,arde nationale, qu%ils prot#,eaient0 :n r#ponse aux !oups de revolver de la bande, les sommations r#,uli"res $urent $aites, et, !omme elles se montraient sans e$$et, le ,#n#ral de la ,arde nationale !ommanda le $eu0 7ne seule salve dispersa, en une $uite #perdue, les stupides $reluquets qui esp#raient que la simple ex*ibition de leur A *onorable so!i#t# B aurait le m(me e$$et sur la r#volution de aris que les trompettes de =osu# sur les murs de =#ri!*o0 Les $u9ards laissaient derri"re eux deux ,ardes nationaux tu#s, neu$ ,ri"vement bless#s (parmi lesquels un membre du 1omit# !entral), et tout le t*#<tre de leurs exploits 4on!*# de revolvers, de poi,nards et de !annes5#p#es, qui prouvaient bien le !ara!t"re A pa!i$iqueB de leur mani$estation A sans armes B0 ;uand le 1L 4uin 184U, la ,arde nationale parisienne avait $ait une mani$estation r#ellement pa!i$ique pour protester !ontre la $#lonie de l%assaut donn# & Kome par les troupes $ran8aises, 1*an,arnier, alors ,#n#ral du parti de l%ordre, $ut a!!lam# par l%3ssembl#e nationale, et parti!uli"rement par M0 )*iers, !omme le sauveur de la so!i#t#, pour avoir lan!# ses troupes de tous !.t#s sur !es *ommes sans armes, ave! l%ordre de les abattre et de les sabrer, et de les $ouler sous les pieds des !*evaux0 aris, alors, $ut mis en #tat de si",eD 2u$aure $it voter en toute *<te par l%3ssembl#e de nouvelles lois de r#pression0 2e nouvelles arrestations, de nouvelles pros!riptions, une nouvelle )erreur s%instaur"rent0 Mais les A !lasses in$#rieures B s%9 prennent autrement en !es mati"res0 Le 1omit# !entral de 1871 i,nora tout simplement la A mani$estation pa!i$ique B, si bien que deux 4ours apr"s seulement, ils $urent en #tat de se rassembler sous les ordres de l%amiral >aisset, pour !ette d#monstration armée$ que !ouronna le $ameux sauve5qui5peut & /ersailles0 2ans sa r#pu,nan!e & a!!epter la ,uerre !ivile en,a,#e par )*iers ave! sa tentative d%e$$ra!tion no!turne & Montmartre, le 1omit# !entral !ommit, !ette $ois, une $aute d#!isive en ne mar!*ant pas aussit.t sur /ersailles, alors enti"rement sans d#$ense, et en mettant ainsi $in aux !omplots de )*iers et de ses ruraux0 3u lieu de !ela, on permit en!ore au parti de l%ordre d%essa9er sa $or!e aux urnes, le IM mars, 4our de l%#le!tion de la 1ommune0 1e 4our5l&, dans les mairies de aris, ses membres #!*an,"rent de dou!es paroles de r#!on!iliation ave! leurs trop ,#n#reux vainqueurs, en ,rommelant du $ond du !Qur le serment de les exterminer en temps et lieu0 Maintenant, !onsid#reH le revers de la m#daille0 )*iers ouvrit sa se!onde !ampa,ne !ontre aris au !ommen!ement d%avril0 Le premier !onvoi de prisonniers parisiens amen# & /ersailles $ut l%ob4et d%atro!it#s r#voltantes, tandis qu%:rnest i!ard, les mains dans les po!*es, r.dait autour d%eux en se ,aussant et que Mmes )*iers et 'avre, au milieu de leurs dames d%*onneur, applaudissaient, de leur bal!on, aux in$amies de la tourbe versaillaise0 Les *ommes de li,ne !aptur#s $urent $roidement ex#!ut#sD notre vaillant ami, le ,#n#ral 2uval, le $ondeur en $er, $ut $usill# sans autre $orme de pro!"s0 Falli$$et, le souteneur de sa $emme, si !#l"bre par ses ex*ibitions #*ont#es dans les or,ies du se!ond :mpire, s%est vant# dans une pro!lamation d%avoir ordonn# le meurtre d%une petite troupe de ,ardes nationaux ave! leur !apitaine et leur lieutenant, surpris et d#sarm#s par ses !*asseurs0 /ino9, le $u9ard, $ut nomm# ,rand5!roix de la L#,ion d%*onneur par )*iers, pour son ordre du 4our en4oi,nant d%abattre tout soldat de la li,ne pris dans les ran,s des $#d#r#s0 2esmarets, le ,endarme, $ut d#!or# pour avoir traPtreusement, !omme un bou!*er, mis en pi"!es le !*evaleresque et ,#n#reux 'lourens qui avait sauv# les t(tes du ,ouvernement de la 2#$ense le L1 o!tobre 18700 Les A d#tails r#!on$ortantsB de !et assassinat $urent !omplaisamment d#velopp#s par )*iers & l%3ssembl#e nationale0 3ve! la vanit# su$$isante d%un )om ou!e parlementaire, admis & 4ouer le r.le d%un )amerlan, il re$usa aux rebelles & >a etitesse toutes les ,aranties de la ,uerre entre !ivilis#s et 4usqu%au droit de neutralit# pour les ambulan!es0 Kien de plus *orrible que !e sin,e, d#4& pressenti par /oltaire, autoris# pour un moment & donner libre !ours & ses instin!ts de ti,re0 3pr"s le d#!ret de la 1ommune du 7 avril, ordonnant des repr#sailles et d#!larant qu%il #tait de son devoir A de prot#,er aris !ontre les exploits de !annibales des bandits de /ersailles et de rendre oeil pour oeil et dent pour dentB, )*iers n%arr(ta pas pour autant le traitement barbare des prisonniers0 Il les insulta, de sur!roPt,
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dans ses bulletins 5 A =amais, #!rit5il, $i,ures plus d#,rad#es d%une d#mo!ratie avilie n%a$$li,"rent les re,ards des *onn(tes ,ens B 5 *onn(tes !omme )*iers lui5m(me et ses A #lar,is B minist#riels0 )oute$ois, pendant quelque temps, les ex#!utions de prisonniers $urent suspendues0 Mais & peine )*iers et ses ,#n#raux d#!embriseurs $urent5ils avis#s que m(me leurs espions de la ,endarmerie pris dans aris sous le d#,uisement de ,ardes nationaux, m(me les ser,ents de ville pris ave! des bombes in!endiaires sur eux, #taient #par,n#s, & peine s%aper8urent5ils que le d#!ret de la 1ommune sur les repr#sailles n%#tait qu%une mena!e vaine, que les ex#!utions en masse de prisonniers $urent reprises et poursuivies sans interruption 4usqu%& la $in0 2es maisons oN des ,ardes nationaux s%#taient r#$u,i#s $urent entour#es de ,endarmes, arros#es ave! du p#trole (lequel apparaPt i!i pour la premi"re $ois) et in!endi#esD les !adavres & demi !arbonis#s #taient enlev#s ensuite par l%ambulan!e de la resse, #tablie aux )ernes0 ;uatre ,ardes nationaux qui s%#taient rendus & une troupe de !*asseurs & !*eval & la Jelle5+pine, le IC avril, $urent abattus apr"s !oup, l%un apr"s l%autre, par le !apitaine, di,ne #mule de Falli$$et0 7ne de ses quatre vi!times, >!*e$$er, laiss#e pour morte, revint en rampant aux avant5postes parisiens et d#posa sur !e $ait devant une !ommission de la 1ommune0 ;uand )olain interpella le ministre de la Fuerre sur le rapport de !ette !ommission, les ruraux !ouvrirent sa voix de leurs !ris et interdirent & Le 'l. de r#pondre0 1%eTt #t# une insulte & leur A ,lorieuse B arm#e que de parler de ses *auts $aits0 Le ton d#sinvolte sur lequel les bulletins de )*iers annon8aient le massa!re & la ba?onnette des $#d#r#s surpris dans leur sommeil au Moulin5>aquet et les ex#!utions en masse de 1lamart irrita m(me les ner$s du 'imes de Londres, qui n%est vraiment pas *9persensible0 Mais il serait ridi!ule au4ourd%*ui d%essa9er d%#num#rer les atro!it#s, simples pr#liminaires, !ommises par !eux qui ont bombard# aris et $oment# une r#bellion de n#,riers sous la prote!tion du !onqu#rant #tran,er0 3u milieu de toutes !es *orreurs, )*iers, oubliant ses 4#r#miades parlementaires sur la terrible responsabilit# qui p"se sur ses #paules de nain, se vante que A l%3ssembl#e si",e paisiblement B et d#montre par ses perp#tuelles or,ies, tant.t ave! les ,#n#raux d#!embriseurs, tant.t ave! les prin!es allemands, que sa di,estion n%est pas le moins du monde troubl#e, pas m(me par les spe!tres de Le!omte et de 1l#ment )*omas0

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Z l%aube du 18 mars, aris $ut r#veill# par !e !ri de tonnerre : -ive la +ommune . ;u%est5!e don! que la 1ommune, !e sp*inx qui met l%entendement bour,eois & si dure #preuve 6 Les prol#taires de la !apitale, disait le +omité central dans son mani este du /0 mars$ au milieu des d#$aillan!es et des tra*isons des !lasses ,ouvernantes, ont !ompris que l%*eure #tait arriv#e pour eux de sauver la situation en prenant en main la dire!tion des a$$aires publiques000 Le prol#tariat000 a !ompris qu%il #tait de son devoir imp#rieux et de son droit absolu de prendre en main ses destin#es, et d%en assurer le triomp*e en s%emparant du pouvoir0 Mais la !lasse ouvri"re ne peut pas se !ontenter de prendre tel quel l%appareil d%+tat et de le $aire $on!tionner pour son propre !ompte0 Le pouvoir !entralis# de l%+tat, ave! ses or,anes, partout pr#sents : arm#e permanente, poli!e, bureau!ratie, !ler,# et ma,istrature, or,anes $a8onn#s selon un plan de division s9st#matique et *i#rar!*ique du travail, date de l%#poque de la monar!*ie absolue, oN il servait & la so!i#t# bour,eoise naissante d%arme puissante dans ses luttes !ontre le $#odalisme0 1ependant, son d#veloppement restait entrav# par toutes sortes de d#!ombres mo9en<,eux, pr#ro,atives des sei,neurs et des nobles, privil",es lo!aux, monopoles muni!ipaux et !orporati$s et 1onstitutions provin!iales0 Le ,i,antesque !oup de balai de la K#volution $ran8aise du [/IIIe si"!le emporta tous !es restes des temps r#volus, d#barrassant ainsi, du m(me !oup, le substrat so!ial des derniers obsta!les s%opposant & la superstru!ture de l%#di$i!e de l%+tat moderne0 1elui5!i $ut #di$i# sous le premier :mpire, qui #tait lui5m(me le $ruit des ,uerres de !oalition 1 de la vieille :urope semi5$#odale !ontre la
1 Guerres menées par l'Angleterre, la Prusse, l'Autriche, l'Espagne et la Russie contre la France révolutionnaire et ensuite contre Napoléon 1er.

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'ran!e moderne0 >ous les r#,imes qui suivirent, le ,ouvernement, pla!# sous !ontr.le parlementaire, !%est5&5 dire sous le !ontr.le dire!t des !lasses poss#dantes, ne devint pas seulement la p#pini"re d%#normes dettes nationales et d%imp.ts #!rasants D ave! ses irr#sistibles attraits, autorit#, pro$its, pla!es, d%une part il devint la pomme de dis!orde entre les $a!tions rivales et les aventuriers des !lasses diri,eantes, et d%autre part son !ara!t"re politique !*an,ea !on4ointement aux !*an,ements #!onomiques de la so!i#t#0 3u $ur et & mesure que le pro,r"s de l%industrie moderne d#veloppait, #lar,issait, intensi$iait l%anta,onisme de !lasse entre le !apital et le travail, le pouvoir d%+tat prenait de plus en plus le !ara!t"re d%un pouvoir publi! or,anis# aux $ins d%asservissement so!ial, d%un appareil de domination d%une !lasse0 3pr"s !*aque r#volution, qui marque un pro,r"s de la lutte des !lasses, le !ara!t"re purement r#pressi$ du pouvoir d%+tat apparaPt $a8on de plus en plus ouverte0 La K#volution de 18L0 trans$#ra le ,ouvernement des propri#taires terriens aux !apitalistes, des adversaires les plus #loi,n#s des ouvriers & leurs adversaires les plus dire!ts0 Les r#publi!ains bour,eois qui, au nom de la K#volution de $#vrier, s%empar"rent du pouvoir d%+tat, s%en servirent pour provoquer les massa!res de 4uin, a$in de !onvain!re la !lasse ouvri"re que la r#publique A so!iale B, !ela si,ni$iait la r#publique qui assurait la su4#tion so!iale, et a$in de prouver & la masse ro9aliste des bour,eois et des propri#taires terriens qu%ils pouvaient en toute s#!urit# abandonner les sou!is et les avanta,es $inan!iers du ,ouvernement aux A r#publi!ains B bour,eois0 )oute$ois, apr"s leur unique exploit *#ro?que de 4uin, il ne restait plus aux r#publi!ains bour,eois qu%& passer des premiers ran,s & l%arri"re5,arde du A parti de l%ordre B, !oalition $orm#e par toutes les $ra!tions et $a!tions rivales de la !lasse des appropriateurs dans leur anta,onisme maintenant ouvertement d#!lar# ave! les !lasses des produ!teurs0 La $orme ad#quate de leur ,ouvernement en so!i#t# par a!tions $ut la A r#publique parlementaire B, ave! Louis Jonaparte pour pr#sident, r#,ime de terrorisme de !lasse avou# et d%outra,e d#lib#r# & la A vile multitude B0 >i la r#publique parlementaire, !omme disait M0 )*iers, #tait !elle qui A les divisait Rles diverses $ra!tions de la !lasse diri,eante@ le moins B, elle a!!usait par !ontre un abPme entre !ette !lasse et le !orps entier de la so!i#t# qui vivait en de*ors de leurs ran,s !lairsem#s0 Leur union brisait les entraves que, sous les ,ouvernements pr#!#dents, leurs propres dissensions avaient en!ore mises au pouvoir d%+tat0 :n pr#sen!e de la mena!e de soul"vement du prol#tariat, la !lasse poss#dante unie utilisa alors le pouvoir de l%+tat, sans m#na,ement et ave! ostentation !omme l%en,in de ,uerre national du !apital !ontre le travail0 2ans leur !roisade permanente !ontre les masses produ!tri!es, ils $urent $or!#s non seulement d%investir l%ex#!uti$ de pouvoirs de r#pression sans !esse a!!rus, mais aussi de d#pouiller peu & peu leur propre $orteresse parlementaire, l%3ssembl#e nationale, de tous ses mo9ens de d#$ense !ontre l%ex#!uti$0 L%ex#!uti$, en la personne de Louis Jonaparte, les !*assa0 Le $ruit naturel de la r#publique du A parti de l%ordre B $ut le >e!ond :mpire0 L%empire, ave! le !oup d%+tat pour a!te de naissan!e, le su$$ra,e universel pour visa et le sabre pour s!eptre, pr#tendait s%appu9er sur la pa9sannerie, !ette lar,e masse de produ!teurs qui n%#tait pas dire!tement en,a,#e dans la lutte du !apital et du travail0 Il pr#tendait sauver la !lasse ouvri"re en en $inissant ave! le parlementarisme, et par l& ave! la soumission non d#,uis#e du ,ouvernement aux !lasses poss#dantes0 Il pr#tendait sauver les !lasses poss#dantes en maintenant leur supr#matie #!onomique sur la !lasse ouvri"reD et $inalement il se tar,uait de $aire l%unit# de toutes les !lasses en $aisant revivre pour tous l%illusion menson,"re de la ,loire nationale0 :n r#alit#, !%#tait la seule $orme de ,ouvernement possible, & une #poque oN la bour,eoisie avait d#4& perdu, 5 et la !lasse ouvri"re n%avait pas en!ore a!quis, 5 la !apa!it# de ,ouverner la nation0 Il $ut a!!lam# dans le monde entier !omme le sauveur de la so!i#t#0 >ous l%empire, la so!i#t# bour,eoise lib#r#e de tous sou!is politiques attei,nit un d#veloppement dont elle n%avait elle5m(me 4amais eu id#e0 >on industrie et son !ommer!e attei,nirent des proportions !olossalesD la sp#!ulation $inan!i"re !#l#bra des or,ies !osmopolitesD la mis"re des masses $aisait un !ontraste !riant ave! l%#tala,e #*ont# d%un luxe somptueux, $a!ti!e et !rapuleux0 Le pouvoir d%+tat, qui semblait planer bien *aut au5dessus de la so!i#t#, #tait !ependant lui5m(me le plus ,rand s!andale de !ette so!i#t# et en m(me temps le $o9er de toutes ses !orruptions0 >a propre pourriture et !elle de la so!i#t# qu%il avait sauv#e $urent mises & nu par la ba?onnette de la russe, elle5m(me avide de trans$#rer le !entre de ,ravit# de !e r#,ime de aris & Jerlin0 Le r#,ime imp#rial est la $orme la plus prostitu#e et en m(me temps la $orme ultime de !e pouvoir d%+tat, que la so!i#t# bour,eoise naissante a $ait naPtre, !omme l%outil de sa propre #man!ipation du $#odalisme, et que la so!i#t# bour,eoise parvenue & son plein #panouissement avait $inalement trans$orm# en un mo9en d%asservir le travail
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au !apital0 L%antit*"se dire!te de l%:mpire $ut la 1ommune0 >i le prol#tariat de aris avait $ait la r#volution de '#vrier au !ri de A /ive la K#publique so!iale B, !e !ri n%exprimait ,u"re qu%une va,ue aspiration & une r#publique qui ne devait pas seulement abolir la $orme monar!*ique de la domination de !lasse, mais la domination de !lasse elle5m(me0 La 1ommune $ut la $orme positive de !ette r#publique0 aris, si",e !entral de l%an!ien pouvoir ,ouvernemental, et, en m(me temps, $orteresse so!iale de la !lasse ouvri"re $ran8aise, avait pris les armes !ontre la tentative $aite par )*iers et ses ruraux pour restaurer et perp#tuer !et an!ien pouvoir ,ouvernemental que leur avait l#,u# l%empire0 aris pouvait seulement r#sister par!e que, du $ait du si",e, il s%#tait d#barrass# de l%arm#e et l%avait rempla!#e par une ,arde nationale, dont la masse #tait !onstitu#e par des ouvriers0 1%est !et #tat de $ait qu%il s%a,issait maintenant de trans$ormer en une institution durable0 Le premier d#!ret de la 1ommune $ut don! la suppression de l%arm#e permanente, et son rempla!ement par le peuple en armes0 La 1ommune $ut !ompos#e des !onseillers muni!ipaux, #lus au su$$ra,e universel dans les divers arrondissements de la ville0 Ils #taient responsables et r#vo!ables & tout moment0 La ma4orit# de ses membres #tait naturellement des ouvriers ou des repr#sentants re!onnus de la !lasse ouvri"re0 La 1ommune devait (tre non pas un or,anisme parlementaire, mais un !orps a,issant, ex#!uti$ et l#,islati$ & la $ois0 3u lieu de !ontinuer d%(tre l%instrument du ,ouvernement !entral, la poli!e $ut imm#diatement d#pouill#e de ses attributs politiques et trans$orm#e en un instrument de la 1ommune, responsable et & tout instant r#vo!able0 Il en $ut de m(me pour les $on!tionnaires de toutes les autres bran!*es de l%administration0 2epuis les membres de la 1ommune 4usqu%au bas de l%#!*elle, la $on!tion publique devait (tre assur#e pour un salaire d'ouvrier. Les b#n#$i!es d%usa,e et les indemnit#s de repr#sentation des *auts di,nitaires de l%+tat disparurent ave! !es *auts di,nitaires eux5m(mes0 Les servi!es publi!s !ess"rent d%(tre la propri#t# priv#e des !r#atures du ,ouvernement !entral0 Son seulement l%administration muni!ipale, mais toute l%initiative 4usqu%alors exer!#e par l%+tat $ut remise aux mains de la 1ommune0 7ne $ois abolies l%arm#e permanente et la poli!e, instruments du pouvoir mat#riel de l%an!ien ,ouvernement, la 1ommune se donna pour t<!*e de briser l%outil spirituel de l%oppression, le pouvoir des pr(tresD elle d#!r#ta la dissolution et l%expropriation de toutes les +,lises dans la mesure oN elles !onstituaient des !orps poss#dants0 Les pr(tres $urent renvo9#s & la !alme retraite de la vie priv#e, pour 9 vivre des aum.nes des $id"les, & l%instar de leurs pr#d#!esseurs, les ap.tres0 La totalit# des #tablissements d%instru!tion $urent ouverts au peuple ,ratuitement, et, en m(me temps, d#barrass#s de toute in,#ren!e de l%+,lise et de l%+tat0 3insi, non seulement l%instru!tion #tait rendue a!!essible & tous, mais la s!ien!e elle5m(me #tait lib#r#e des $ers dont les pr#4u,#s de !lasse et le pouvoir ,ouvernemental l%avaient !*ar,#e0 Les $on!tionnaires de la 4usti!e $urent d#pouill#s de !ette $einte ind#pendan!e qui n%avait servi qu%& masquer leur vile soumission & tous les ,ouvernements su!!essi$s auxquels, tour & tour, ils avaient pr(t# serment de $id#lit#, pour le violer ensuite0 1omme le reste des $on!tionnaires publi!s, ma,istrats et 4u,es devaient (tre #lus, responsables et r#vo!ables0 La 1ommune de aris devait, bien entendu, servir de mod"le & tous les ,rands !entres industriels de 'ran!e0 Le r#,ime de la 1ommune une $ois #tabli & aris et dans les !entres se!ondaires, l%an!ien ,ouvernement !entralis# aurait, dans les provin!es aussi, dT $aire pla!e au ,ouvernement des produ!teurs par eux5m(mes0 2ans une br"ve esquisse d%or,anisation nationale que la 1ommune n%eut pas le temps de d#velopper, il est dit express#ment que la 1ommune devait (tre la $orme politique m(me des plus petits *ameaux de !ampa,ne et que dans les r#,ions rurales l%arm#e permanente devait (tre rempla!#e par une mili!e populaire & temps de servi!e extr(mement !ourt0 Les !ommunes rurales de !*aque d#partement devaient administrer leurs a$$aires !ommunes par une assembl#e de d#l#,u#s au !*e$5lieu du d#partement, et !es assembl#es de d#partement devaient & leur tour envo9er des d#put#s & la d#l#,ation nationale & arisD les
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d#l#,u#s devaient (tre & tout moment r#vo!ables et li#s par le mandat imp#rati$ de leurs #le!teurs0 Les $on!tions, peu nombreuses, mais importantes, qui restaient en!ore & un ,ouvernement !entral, ne devaient pas (tre supprim#es, !omme on l%a dit $aussement, de propos d#lib#r#, mais devaient (tre assur#es par des $on!tionnaires de la 1ommune, autrement dit stri!tement responsables0 L%unit# de la nation ne devait pas (tre bris#e, mais au !ontraire or,anis#e par la 1onstitution !ommunaleD elle devait devenir une r#alit# par la destru!tion du pouvoir d%+tat qui pr#tendait (tre l%in!arnation de !ette unit#, mais voulait (tre ind#pendant de la nation m(me, et sup#rieur & elle, alors qu%il n%en #tait qu%une ex!roissan!e parasitaire0 )andis qu%il importait d%amputer les or,anes purement r#pressi$s de l%an!ien pouvoir ,ouvernemental, ses $on!tions l#,itimes devaient (tre arra!*#es & une autorit# qui revendiquait une pr##minen!e au5dessus de la so!i#t# elle5m(me, et rendues aux serviteurs responsables de la so!i#t#0 3u lieu de d#!ider une $ois tous les trois ou six ans quel membre de la !lasse diri,eante devait A repr#senter B et $ouler aux pieds le peuple au arlement, le su$$ra,e universel devait servir au peuple !onstitu# en !ommunes, !omme le su$$ra,e individuel sert & tout autre emplo9eur en qu(te d%ouvriers, de !ontr.leurs et de !omptables pour son a$$aire0 :t !%est un $ait bien !onnu que les so!i#t#s, !omme les individus, en mati"re d%a$$aires v#ritables, savent ,#n#ralement mettre !*a!un & sa pla!e et, si elles $ont une $ois une erreur, elles savent la redresser promptement0 2%autre part, rien ne pouvait (tre plus #tran,er & l%esprit de la 1ommune que de rempla!er le su$$ra,e universel par une investiture *i#rar!*ique0 1%est en ,#n#ral le sort des $ormations *istoriques enti"rement nouvelles d%(tre prises & tort pour la r#plique de $ormes plus an!iennes, et m(me #teintes, de la vie so!iale, ave! lesquelles elles peuvent o$$rir une !ertaine ressemblan!e0 3insi, dans !ette nouvelle 1ommune, qui brise le pouvoir d%+tat moderne, on a voulu voir un rappel & la vie des !ommunes m#di#vales, qui d%abord pr#!#d"rent !e pouvoir d%+tat, et ensuite en devinrent le $ondement0 5 La 1onstitution !ommunale a #t# prise & tort pour une tentative de rompre en une $#d#ration de petits +tats, !on$orme au r(ve de Montesquieu et des Firondins, !ette unit# des ,randes nations, qui, bien qu%en,endr#e & l%ori,ine par la violen!e, est maintenant devenue un puissant $a!teur de la produ!tion so!iale0 5 L%anta,onisme de la 1ommune et du pouvoir d%+tat a #t# pris & tort pour une $orme ex!essive de la vieille lutte !ontre l%ex!"s de !entralisation0 2es !ir!onstan!es *istoriques parti!uli"res peuvent avoir emp(!*# dans d%autres pa9s le d#veloppement !lassique de la $orme bour,eoise de ,ouvernement, tel qu%il s%est produit en 'ran!e, et peuvent avoir permis, !omme en 3n,leterre, de !ompl#ter les ,rands or,anes !entraux de lG+tat par des vestries1 !orrompues, des !onseillers muni!ipaux a$$airistes et de $#ro!es administrateurs du Jureau de bien$aisan!e dans les villes et dans les !omt#s, par des 4u,es de paix e$$e!tivement *#r#ditaires0 La 1onstitution !ommunale aurait restitu# au !orps so!ial toutes les $or!es 4usqu%alors absorb#es par l%+tat parasite qui se nourrit sur la so!i#t# et en paral9se le libre mouvement0 ar !e seul $ait, elle eTt #t# le point de d#part de la r#,#n#ration de la 'ran!e0 La !lasse mo9enne des villes de provin!e vit dans la 1ommune une tentative de restaurer la domination que !ette !lasse avait exer!#e sur la !ampa,ne sous Louis5 *ilippe, et qui, sous Louis5Sapol#on, avait #t# supplant#e par la pr#tendue domination de la !ampa,ne sur les villes0 :n r#alit#, la 1onstitution !ommunale aurait soumis les produ!teurs ruraux & la dire!tion intelle!tuelle des !*e$s5 lieux de d#partement et leur 9 eTt assur# des repr#sentants naturels de leurs int#r(ts en la personne des ouvriers des villes0 L%existen!e m(me de la 1ommune impliquait, !omme quelque !*ose d%#vident, l%autonomie muni!ipaleD mais elle n%#tait plus dor#navant un !ontre5poids au pouvoir d%+tat, d#sormais super$lu0 Il ne pouvait venir qu%au !erveau d%un Jismar!O, qui, s%il n%#tait pas en,a,# dans ses intri,ues de san, et de $er, reviendrait volontiers & son an!ien m#tier, si bien adapt# & son !alibre mental, de !ollaborateur du Kladderadatsc(I, il ne pouvait venir qu%& un tel !erveau l%id#e de pr(ter & la 1ommune de aris des aspirations & !ette !ari!ature de la vieille or,anisation muni!ipale $ran8aise de 17U1 qu%est le r#,ime muni!ipal prussien, qui rabaisse l%administration des vil & n%(tre que de simples roua,es de se!ond ordre dans la ma!*ine poli!i"re de l%+tat prussien0 La 1ommune a r#alis# !e mot d%ordre de toutes les r#volutions bour,eoises, le ,ouvernement & bon mar!*#, en abolissant !es deux ,randes sour!es de d#penses : l%arm#e et le $on!tionnarisme dG+tat0 >on existen!e m(me supposait la non5existen!e de la monar!*ie qui, en :urope du
1 Conseils de paroisses. 2 Journal satirique de Berlin.

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moins, est le $ardeau normal et l%indispensable masque de la domination de !lasse0 :lle $ournissait & la r#publique la base d%institutions r#ellement d#mo!ratiques0 Mais ni le A ,ouvernement & bon mar!*# B, ni la A vraie r#publique B n%#taient son but dernierD tous deux $urent un r#sultat se!ondaire et allant de soi de la 1ommune0 La multipli!it# des interpr#tations auxquelles la 1ommune a #t# soumise, et la multipli!it# des int#r(ts qu%elle a exprim#s montrent que !%#tait une $orme politique tout & $ait sus!eptible d%expansion, tandis que toutes les $ormes ant#rieures de ,ouvernement avaient #t# essentiellement r#pressives0 >on v#ritable se!ret, le voi!i : !%#tait essentiellement un gouvernement de la classe ouvri1re$ le r#sultat de la lutte de la !lasse des produ!teurs !ontre la !lasse des appropriateurs, la $orme politique en$in trouv#e qui permettait de r#aliser l%#man!ipation #!onomique du travail0 >ans !ette derni"re !ondition, la 1onstitution !ommunale eTt #t# une impossibilit# et un leurre0 La domination politique du produ!teur ne peut !oexister ave! la p#rennisation de son es!lava,e so!ial0 La 1ommune devait don! servir de levier pour renverser les bases #!onomiques sur lesquelles se $onde l%existen!e des !lasses, don!, la domination de !lasse0 7ne $ois le travail #man!ip#, tout *omme devient un travailleur, et le travail produ!ti$ !esse d%(tre l%attribut d%une !lasse0 1%est une !*ose #tran,e0 Mal,r# tous les dis!ours ,randiloquents, et toute l%immense litt#rature des soixante derni"res ann#es sur l%#man!ipation des travailleurs, les ouvriers n%ont pas plut.t pris, oN que !e soit, leur propre !ause en main, que, sur5le5!*amp, on entend retentir toute la p*ras#olo,ie apolo,#tique des porte5 parole de la so!i#t# a!tuelle ave! ses deux p.les, !apital et es!lava,e salari# (le propri#taire $on!ier n%est plus que le !ommanditaire du !apitaliste), !omme si la so!i#t# !apitaliste #tait en!ore dans son plus pur #tat d%inno!en!e vir,inale, sans qu%aient #t# en!ore d#velopp#es toutes ses !ontradi!tions, sans qu%aient #t# en!ore d#voil#s tous ses menson,es, sans qu%ait #t# en!ore mise & nu son in$<me r#alit#0 La 1ommune, s%ex!lament5 ils, entend abolir la propri#t#, base de toute !ivilisation0 Wui, messieurs, la 1ommune entendait abolir !ette propri#t# de !lasse, qui $ait du travail du ,rand nombre la ri!*esse de quelques5uns0 :lle visait & l%expropriation des expropriateurs0 :lle voulait $aire de la propri#t# individuelle une r#alit#, en trans$ormant les mo9ens de produ!tion, la terre et le !apital, au4ourd%*ui essentiellement mo9ens d%asservissement et d%exploitation du travail, en simples instruments d%un travail libre et asso!i#0 Mais !%est du !ommunisme, !%est l% A impossibleB !ommunisme E :* quoi, !eux des membres des !lasses dominantes qui sont asseH intelli,ents pour !omprendre l%impossibilit# de perp#tuer le s9st"me a!tuel 5 et ils sont nombreux 5 sont devenus les ap.tres importuns et bru9ants de la produ!tion !oop#rative0 Mais si la produ!tion !oop#rative ne doit pas rester un leurre et une duperieD si elle doit #vin!er le s9st"me !apitalisteD si l%ensemble des asso!iations !oop#ratives doit r#,ler la produ!tion nationale selon un plan !ommun, la prenant ainsi sous son propre !ontr.le et mettant $in & l%anar!*ie !onstante et aux !onvulsions p#riodiques qui sont le destin in#lu!table de la produ!tion !apitaliste, que serait5!e, messieurs, sinon du !ommunisme, du tr"s A possible B !ommunisme 6 La !lasse ouvri"re n%esp#rait pas des mira!les de la 1ommune0 :lle n%a pas d%utopies toutes $aites & introduire par d#!ret du peuple0 :lle sait que pour r#aliser sa propre #man!ipation, et ave! elle !ette $orme de vie plus *aute & laquelle tend irr#sistiblement la so!i#t# a!tuelle en vertu de son propre d#veloppement #!onomique, elle aura & passer par de lon,ues luttes, par toute une s#rie de pro!essus *istoriques, qui trans$ormeront !ompl"tement les !ir!onstan!es elles5m(mes0 :lle n%a pas & r#aliser d%id#al, mais seulement & lib#rer les #l#ments de la so!i#t# nouvelle que porte dans ses $lan!s la vieille so!i#t# bour,eoise qui s%e$$ondre0 2ans la pleine !ons!ien!e de sa mission *istorique et ave! la r#solution *#ro?que d%(tre di,ne d%elle dans son a!tion, la !lasse ouvri"re peut se !ontenter de sourire des inve!tives ,rossi"res des laquais de presse et de la prote!tion senten!ieuse des do!trinaires bour,eois bien intentionn#s qui d#bitent leurs platitudes d%i,norants et leurs marottes de se!taires, sur le ton d%ora!le de l%in$aillibilit# s!ienti$ique0 ;uand la 1ommune de aris prit la dire!tion de la r#volution entre ses propres mainsD quand de simples ouvriers, pour la premi"re $ois, os"rent tou!*er au privil",e ,ouvernemental de leurs A sup#rieurs naturelsB,
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les poss#dants, et, dans des !ir!onstan!es d%une di$$i!ult# sans exemple, a!!omplirent leur Quvre modestement, !ons!ien!ieusement et e$$i!a!ement (et l%a!!omplirent pour des salaires dont le plus #lev# attei,nait & peine le !inqui"me de !e qui, & en !roire une *aute autorit# s!ienti$ique, le pro$esseur -uxle9, est le minimum requis pour un se!r#taire du !onseil de l%instru!tion publique de Londres), le vieux monde se tordit dans des !onvulsions de ra,e & la vue du drapeau rou,e, s9mbole de la K#publique du travail, $lottant sur l%-.tel de /ille0 :t pourtant, !%#tait la premi"re r#volution dans laquelle la !lasse ouvri"re #tait ouvertement re!onnue !omme la seule qui $Tt en!ore !apable d%initiative so!iale, m(me par la ,rande masse de la !lasse mo9enne de aris 5 boutiquiers, !ommer8ants, n#,o!iants 5 les ri!*es !apitalistes #tant seuls ex!ept#s0 La 1ommune l%avait sauv#e, en r#,lant sa,ement !ette !ause perp#tuelle de di$$#rends & l%int#rieur m(me de la !lasse mo9enne : la question des !r#an!iers et des d#biteurs10 1ette m(me partie de la !lasse mo9enne avait parti!ip# & l%#!rasement de l%insurre!tion ouvri"re en 4uin 1848D et elle avait #t# sur l%*eure sa!ri$i#e sans !#r#monie & ses !r#an!iers par l%3ssembl#e !onstituante0 Mais !e n%#tait pas l& son seul moti$ pour se ran,er au4ourd%*ui aux !.t#s de la !lasse ouvri"re0 1ette $ra!tion de la !lasse mo9enne sentait qu%il n%9 avait plus qu%une alternative, la 1ommune ou l%empire, sous quelque nom qu%il pTt reparaPtre0 L%:mpire l%avait ruin#e #!onomiquement par Jon ,aspilla,e de la ri!*esse publique, par l%es!roquerie $inan!i"re en ,rand, qu%il avait en!oura,#e, par l%appui qu%il avait donn# & la !entralisation arti$i!iellement a!!#l#r#e du !apital, et & l%expropriation !orr#lative d%une ,rande partie de !ette !lasse0 Il l%avait supprim#e politiquement, il l%avait s!andalis#e moralement par ses or,ies, il avait insult# & son voltairianisme en remettant l%#du!ation de ses en$ants aux $r"res i,norantins, il avait r#volt# son sentiment national de 'ran8ais en la pr#!ipitant t(te baiss#e dans une ,uerre qui ne laissait qu%une seule !ompensation pour les ruines qu%elle avait $aites : la disparition de lG:mpire0 :n $ait, apr"s l%exode *ors de aris de toute la *aute bo*"me bonapartiste et !apitaliste, le vrai parti de l%ordre de la !lasse mo9enne se montra sous la $orme de l% A 7nion r#publi!aine B qui s%enr.la sous les !ouleurs de la 1ommune et la d#$endit !ontre les $alsi$i!ations pr#m#dit#es de )*iers0 La re!onnaissan!e de !ette ,rande masse de la !lasse mo9enne r#sistera5t5elle & la s#v"re #preuve a!tuelle 6 Le temps seul le montrera0 La 1ommune avait par$aitement raison en disant aux pa9sans : A Sotre vi!toire est votre seule esp#ran!e B0 2e tous les menson,es en$ant#s & /ersailles et repris par l%#!*o des ,lorieux 4ournalistes d%:urope & un sou la li,ne, un des plus monstrueux $ut que les ruraux de l%3ssembl#e nationale repr#sentaient la pa9sannerie $ran8aise0 ;u%on ima,ine un peu l%amour du pa9san $ran8ais pour les *ommes auxquels apr"s 181C il avait dT pa9er l%indemnit# d%un milliardI0 3 ses 9eux, l%existen!e m(me d%un ,rand propri#taire $on!ier est d#4& en soi un empi"tement sur ses !onqu(tes de 178U0 La bour,eoisie, en 1848, avait ,rev# son lopin de terre de la taxe additionnelle de 4C !entimes par $ran!LD mais elle l%avait $ait au nom de la r#volutionD tandis que maintenant elle avait $oment# une ,uerre !ivile !ontre la r#volution pour $aire retomber sur les #paules du pa9san le plus !lair des !inq milliards d%indemnit# & pa9er aux russiens0 La 1ommune, par !ontre, dans une de ses premi"res pro!lamations, d#!larait que les v#ritables auteurs de la ,uerre auraient aussi & en pa9er les $rais0 La 1ommune aurait d#livr# le pa9san de l%imp.t du san,, elle lui aurait donn# un ,ouvernement & bon mar!*#, aurait trans$orm# ses san,sues a!tuelles, le notaire, l%avo!at, l%*uissier, et autres vampires 4udi!iaires, en a,ents !ommunaux salari#s, #lus par lui et devant lui responsables0 :lle l%aurait a$$ran!*i de la t9rannie du ,arde !*amp(tre, du ,endarme et du pr#$etD elle aurait mis l%instru!tion par le maPtre d%#!ole & la pla!e de l%ab(tissement par le pr(tre0 :t le pa9san $ran8ais est, par5dessus tout, *omme qui sait !ompter0 Il aurait trouv# extr(mement raisonnable que le traitement du pr(tre, au lieu d%(tre extorqu# par le libre per!epteur, ne d#pendit que de la mani$estation des instin!ts reli,ieux des paroissiens0 )els #taient les ,rands bien$aits
1 Le Comité central de la garde nationale avait, dès le 20 mars, ajourné le paiement des traites au 1er octobre 1871. Le 18 avril, la Commune

rendait un décret concernant la remise à toujours du paiement des échéances. 2 Quand, après le renversement de Napoléon 1er, la dynastie des Bourbons se trouva une fois de plus au pouvoir, elle résolut de dédommager la noblesse de France, des terres dont elle avait été dépossédée pendant la grande Révolution française. La noblesse reçut une indemnité de 1 milliard, le « milliard des émigrés ». 3 Une taxe de 45 centimes par franc fut établie en 1848 par le Gouvernement provisoire bourgeois, afin de semer la discorde entre le prolétariat et la paysannerie. Le gouvernement motivait cette taxe par la nécessité de pourvoir à la nourriture des ouvriers. La taxe de 45 centimes dressa les paysans contre la révolution et la république.

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imm#diats dont le ,ouvernement de la 1ommune 5 et !elui5!i seulement 5 apportait la perspe!tive & la pa9sannerie $ran8aise0 Il est don! tout & $ait super$lu de s%#tendre i!i sur les probl"mes !on!rets plus !ompliqu#s, mais vitaux, que la 1ommune seule #tait !apable et en m(me temps obli,#e de r#soudre en $aveur du pa9san : la dette *9pot*#!aire, qui posait !omme un !au!*emar sur son lopin de terre, le prol#tariat rural qui ,randissait !*aque 4our et son expropriation de !ette par!elle qui s%op#rait & une allure de plus en plus rapide du $ait du d#veloppement m(me de l%a,ri!ulture moderne et de la !on!urren!e du mode de !ulture !apitaliste0 Le pa9san $ran8ais avait #lu Louis Jonaparte pr#sident de la K#publique, mais le parti de l%ordre !r#a le >e!ond :mpire0 1e dont en r#alit# le pa9san $ran8ais a besoin, il !ommen8a & le montrer en 184U et 18C0, en opposant son maire au pr#$et du ,ouvernement, son maPtre d%#!ole au pr(tre du ,ouvernement et sa propre personne au ,endarme du ,ouvernement0 )outes les lois $aites par le parti de l%ordre en 4anvier et $#vrier 18C0 $urent des mesures avou#es de r#pression !ontre les pa9sans0 Le pa9san #tait bonapartiste, par!e que la ,rande K#volution, ave! tous les b#n#$i!es qu%il en avait tir#s, se personni$iait & ses 9eux en Sapol#on0 1ette illusion, qui se dissipa rapidement sous le se!ond :mpire (et elle #tait par sa nature m(me *ostile aux A ruraux B), !e pr#4u,# du pass#, !omment auraient5ils r#sist# & la 1ommune en appelant aux int#r(ts vivants et aux besoins pressants de la pa9sannerie 6 Les ruraux (!%#tait, en $ait, leur appr#*ension maPtresse) savaient que trois mois de libre !ommuni!ation entre le aris de la 1ommune et les provin!es am"neraient un soul"vement ,#n#ral des pa9sansD de l& leur *<te anxieuse & #tablir un !ordon de poli!e autour de aris !omme pour arr(ter la propa,ation de la peste bovine0 >i la 1ommune #tait don! la repr#sentation v#ritable de tous les #l#ments sains de la so!i#t# $ran8aise, et par suite le v#ritable ,ouvernement national, elle #tait en m(me temps un ,ouvernement ouvrier, et, & !e titre, en sa qualit# de !*ampion auda!ieux de l%#man!ipation du travail, internationale au plein sens du terme0 >ous les 9eux de l%arm#e prussienne qui avait annex# & l%3llema,ne deux provin!es $ran8aises, la 1ommune annexait & la 'ran!e les travailleurs du monde entier0 Le se!ond :mpire avait #t# la ,rande Oermesse de la $ilouterie !osmopolite, les es!ro!s de tous les pa9s s%#taient ru#s & son appel pour parti!iper & ses or,ies et au pilla,e du peuple $ran8ais0 :n !e moment m(me le bras droit de )*iers est Fanes!o, !rapule valaque, son bras ,au!*e, MarOovsOi, espion russe0 La 1ommune a admis tous les #tran,ers & l%*onneur de mourir pour une !ause immortelle0 5 :ntre la ,uerre #tran,"re perdue par sa tra*ison, et la ,uerre !ivile $oment#e par son !omplot ave! l%enva*isseur #tran,er, la bour,eoisie avait trouv# le temps d%a$$i!*er son patriotisme en or,anisant la !*asse poli!i"re aux 3llemands *abitant en 'ran!e0 La 1ommune a $ait d%un ouvrier allemand son ministre du )ravail0 5 )*iers, la bour,eoisie, le se!ond :mpire avaient !ontinuellement tromp# la olo,ne par de bru9antes pro$essions de s9mpat*ie, tandis qu%en r#alit# ils la livraient & la Kussie, dont ils $aisaient la sale beso,ne0 La 1ommune a $ait aux $ils *#ro?ques de la olo,ne l%*onneur de les pla!er & la t(te des d#$enseurs de aris0 :t pour marquer *autement la nouvelle "re de l%*istoire qu%elle avait !ons!ien!e d%inau,urer, sous les 9eux des russiens vainqueurs d%un !.t#, et de l%arm#e de Jonaparte, !onduite par des ,#n#raux bonapartistes de l%autre la 1ommune 4eta bas !e !olossal s9mbole de la ,loire ,uerri"re, la !olonne /end.me0 La ,rande mesure so!iale de la 1ommune, !e $ut sa propre existen!e et son a!tion0 >es mesures parti!uli"res ne pouvaient qu%indiquer la tendan!e d%un ,ouvernement du peuple par le peuple0 )elles $urent l%abolition du travail de nuit pour les !ompa,nons boulan,ersD l%interdi!tion, sous peine d%amende, de la pratique en usa,e !*eH les emplo9eurs, qui !onsistait & r#duire les salaires en pr#levant des amendes sur leurs ouvriers sous de multiples pr#textes, pro!#d# par lequel l%emplo9eur !ombine dans sa propre personne les r.les du l#,islateur, du 4u,e et du bourreau, et empo!*e l%ar,ent par5dessus le mar!*#0 7ne autre mesure de !et ordre $ut la remise aux asso!iations d%ouvriers, sous r#serve du paiement d%une indemnit#, de tous les ateliers et $abriques qui avaient $erm#, que les !apitalistes int#ress#s aient disparu ou qu%ils aient pr#$#r# suspendre le
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travail0 Les mesures $inan!i"res de la 1ommune, remarquables par leur sa,a!it# et leur mod#ration, ne pouvaient (tre que !elles qui sont !ompatibles ave! la situation d%une ville assi#,#e0 :u #,ard aux vols prodi,ieux !ommis aux d#pens de la ville de aris par les ,randes !ompa,nies $inan!i"res et les entrepreneurs de travaux publi!s sous le r#,ime d%-aussmann, la 1ommune aurait eu bien davanta,e le droit de !on$isquer leurs propri#t#s que Louis Sapol#on ne l%avait de !on$isquer !elles de la $amille d%Wrl#ans0 Les -o*enHollern et les oli,arques an,lais, qui, les uns et les autres, ont tir# une bonne partie de leurs biens du pilla,e de l%+,lise, $urent bien entendu, ,randement s!andalis#s par la 1ommune qui, elle, ne tira que 80000 $ran!s de la s#!u5 larisation0 3lors que le ,ouvernement de /ersailles, d"s qu%il eut re!ouvr# un peu de !oura,e et de $or!e, emplo9ait les mo9ens les plus violents !ontre la 1ommuneD alors qu%il supprimait la libert# d%opinion par toute la 'ran!e, allant 4usqu%& interdire les r#unions des d#l#,u#s des ,randes villesD alors qu%il0 soumettait0 /ersailles, et le reste de la 'ran!e, & un espionna,e qui surpassait de loin !elui du se!ond :mpireD alors qu%il $aisait brTler par ses ,endarmes trans$orm#s en inquisiteurs tous les 4ournaux imprim#s & aris et qu%il d#!a!*etait toutes les lettres venant de aris et destin#es & arisD alors qu%& l%3ssembl#e nationale les essais les plus timides de pla!er un mot en $aveur de aris #taient no9#s sous les *urlements, d%une $a8on in!onnue m(me & la 1*ambre introuvable de 181MD #tant donn# la !onduite san,uinaire de la ,uerre par les /ersaillais *ors de aris et leurs tentatives de !orruption et de !omplot dans aris, 5 la 1ommune n%aurait5elle pas *onteusement tra*i sa position en a$$e!tant d%observer toutes les !onvenan!es et les apparen!es du lib#ralisme, !omme en pleine paix 6 Le ,ouvernement de la 1ommune eTt5il #t# de m(me nature que !elui de M0 )*iers, il n%9 aurait pas eu plus de moti$ de supprimer des 4ournaux du parti de l%ordre & aris, que de supprimer des 4ournaux de la 1ommune & /ersailles0 Il #tait irritant, !ertes, pour les ruraux, que dans le moment m(me oN ils pro!lamaient le retour & l%+,lise !omme le seul mo9en de sauver la 'ran!e, la m#!r#ante 1ommune d#terr<t les m9st"res asseH sp#!iaux du !ouvent de i!pus et de l%#,lise >aint5Laurent10 :t quelle satire !ontre M0 )*iers : tandis qu%il $aisait pleuvoir des ,rands5!roix sur les ,#n#raux bonapartistes, en t#moi,na,e de leur maestria & perdre les batailles, & si,ner les !apitulations et & rouler les !i,arettes & \il*elms*oe*e, la 1ommune !assait et arr(tait ses ,#n#raux d"s qu%ils #taient suspe!t#s de n#,li,er leurs devoirs, L%expulsion *ors de la 1ommune et l%arrestation sur son ordre d%un de ses membres qui s%9 #tait $au$il# sous un $aux nom et qui avait en!ouru & L9on une peine de six 4ours d%emprisonnement pour banqueroute ,simple, n%#tait5!e pas une insulte d#lib#r#e 4et#e & la $a!e du $aussaire =ules 'avre, tou4ours ministre des 3$$aires #tran,"res de la 'ran!e, tou4ours en train de vendre la 'ran!e & Jismar!O et di!tant tou4ours ses ordres & la Jel,ique, !e mod"le de ,ouvernement 6 Mais, !ertes, la 1ommune ne pr#tendait pas & l%in$aillibilit#, !e que $ont sans ex!eption tous les ,ouvernements du t9pe an!ien0 :lle publiait tous ses a!tes et ses paroles, elle mettait le publi! au !ourant de, toutes ses imper$e!tions0 2ans toute r#volution, il se ,lisse, & !.t# de ses repr#sentants v#ritables, des *ommes d%une tout autre trempeD quelques5uns sont des survivants des r#volutions pass#es dont ils ,ardent le !ulteD ne !omprenant pas le mouvement pr#sent, ils poss"dent en!ore une ,rande in$luen!e sur le peuple par leur *onn(tet# et leur !oura,e re!onnus, ou par la simple $or!e de la traditionD d%autres sont de simples braillards, qui, & $or!e de r#p#ter depuis des ann#es le m(me !*apelet de d#!lamations st#r#ot9p#es !ontre le ,ouvernement du 4our, se sont $ait passer pour des r#volutionnaires de la plus belle eau0 M(me apr"s le 18 mars, on vit sur,ir quelques *ommes de !e ,enre, et, dans quelques !as, ils parvinrent & 4ouer des r.les de premier plan0 2ans la mesure de leur pouvoir, ils ,(n"rent l%a!tion r#elle de la !lasse ouvri"re, tout !omme ils ont ,(n# le plein d#veloppement de toute r#volution ant#rieure0 Ils sont un mal in#vitableD ave! le temps on s%en d#barrasseD mais, pr#!is#ment, le temps n%en $ut pas laiss# & la 1ommune0
1 On trouva dans l'église Saint-Laurent des ossements de femmes violées par les moines et enterrées toutes vives. Au couvent de Picpus, on

détenait, sous prétexte de folie, des femmes vouées au même sort.

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;uel !*an,ement prodi,ieux, en v#rit#, que !elui op#r# par la 1ommune dans aris E lus la moindre tra!e du aris d#prav# du se!ond :mpire0 aris n%#tait plus le rendeH5vous des propri#taires $on!iers britanniques, des Irlandais par pro!uration1, des ex5n#,riers et des rastaquou"res d%3m#rique, des ex5propri#taires de ser$s russes et des bo9ards valaques0 lus de !adavres & la mor,ue, plus d%e$$ra!tions no!turnes, pour ainsi dire pas de volsD en $ait, pour la premi"re $ois depuis les 4ours de $#vrier 1848, les rues de aris #taient sTres, et !ela sans au!une esp"!e de poli!e0 A Sous n%entendons plus parler, disait un membre de la 1ommune, d%assassinats, de vols, ni d%a,ressionsD on !roirait vraiment que la poli!e a entraPn# ave! elle & /ersailles toute sa !lient"le !onservatri!e B0 Les !o!ottes avaient retrouv# la piste de leurs prote!teurs, 5 les $ran!s5$ileurs, ,ardiens de la $amille, de la reli,ion et, par5dessus tout, de a propri#t#0 3 leur pla!e, les vraies $emmes de aris avaient reparu, *#ro?ques, nobles et d#vou#es, !omme les $emmes de l%antiquit#0 7n aris qui travaillait, qui pensait, qui !ombattait, qui sai,nait, ou liant presque, tout & !ouver une so!i#t# nouvelle, les !annibales qui #taient & ses portes, 5radieux dans l%ent*ousiasme de son initiative *istorique E :n $a!e de !e monde nouveau & aris, vo9eH l%an!ien monde & /ersailles, 5 !ette assembl#e des vampires de tous les r#,imes d#$unts, l#,itimistes et orl#anistes, avides de se repaPtre du !adavre de la nation, 5 ave! une queue de r#publi!ains d%avant le d#lu,e, san!tionnant par leur pr#sen!e dans l%3ssembl#e la r#bellion des n#,riers, s%en remettant pour maintenir leur r#publique parlementaire & la vanit# du vieux !*arlatan pla!# & la t(te du ,ouvernement, et !ari!aturant 178U en se r#unissant, spe!tres du pass#, au =eu de aume0 1%#tait don! elle, !ette 3ssembl#e, la repr#sentante de tout !e qui #tait mort en 'ran!e, que seul ramenait & un semblant de vie l%appui des sabres des ,#n#raux de Louis Jonaparte E aris toute v#rit#, /ersailles tout menson,eD et !e menson,e ex*al# par la bou!*e de )*iers E )*iers dit & une d#putation des maires de >eine5et5Wise : A/ous pouveH !ompter sur ma parole, 4e n%9 ai 4amais manqu# B0 Il dit & l%3ssembl#e m(me A qu%elle #tait la plus librement #lue et la plus lib#rale que la 'ran!e ait 4amais eueBD il dit & sa soldatesque bi,arr#e qu%elle #tait A l%admiration du monde et la plus belle arm#e que la 'ran!e ait 4amais eue BD il dit aux provin!es, qu%il ne bombardait pas aris, que !%#tait un m9t*e0 A >i quelques !oups de !anon ont #t# tir#s, !e n%est pas par l%arm#e de /ersailles, mais par quelques insur,#s, pour $aire !roire qu%ils se battent quand ils n%osent m(me pas se montrerB0 Il dit en!ore aux provin!es que l% A artillerie de /ersailles ne bombardait pas aris, elle ne $aisait que le !anonner B0 Il dit & l%ar!*ev(que de aris que les pr#tendues ex#!utions et repr#sailles (E) attribu#es aux troupes de /ersailles n%#taient que $ariboles0 Il dit & aris qu%il #tait seulement d#sireux A de le d#livrer des *ideux t9rans qui l%opprimaient B, et, qu%en $ait, A le aris de la 1ommune n%#tait qu%une poi,n#e de s!#l#ratsB0 Le aris de M0 )*iers n%#tait pas le aris r#el de la A vile multitude B, mais un aris ima,inaire, le aris des $ran!s $ileurs, le aris des boulevardiers et des boulevardi"res, le aris ri!*e, !apitaliste, dor#, paresseux, qui en!ombrait maintenant de ses laquais, de ses es!ro!s, de sa bo*"me litt#raire et de ses !o!ottes, /ersailles, >aint52enis, Kueil et >aint5Fermain D qui ne !onsid#rait la ,uerre !ivile que !omme un a,r#able interm"de, lor,nant la bataille en !ours & travers des lon,ues5vues, !omptant les !oups de !anon et 4urant sur son propre *onneur et sur !elui de ses prostitu#es que le spe!ta!le #tait bien mieux mont# qu%il l%avait 4amais #t# & la orte5>aint5Martin0 Les *ommes qui tombaient #taient r#ellement mortsD les !ris des bless#s #taient des !ris pour de bonD et, vo9eH5vous, tout !ela #tait si intens#ment *istorique E )el est le aris de M0 )*iersD de m(me l%#mi,ration de 1oblen!e #tait la 'ran!e de M0 de 1alonne0

I/
1 Par « Irlandais par procuration », on entend ici de grands propriétaires fonciers qui ne vivaient presque jamais dans leurs domaines d'Irlande et

dilapidaient leurs « revenus » hors du pays.

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La premi"re tentative du !omplot des n#,riers pour abattre aris $ut de le $aire o!!uper par les russiensD mais elle #!*oua devant le re$us de Jismar!O0 La se!onde, !elle du 18 mars, avait abouti & la d#route de l%arm#e et & la $uite & /ersailles du ,ouvernement, qui obli,ea l%administration enti"re & le suivre0 :n simulant des n#,o!iations ave! aris, )*iers se donna alors le temps de se pr#parer & la ,uerre !ontre lui0 Mais oN trouver une arm#e 6 Les restes des r#,iments de li,ne #taient $aibles en e$$e!ti$s et peu sTrs0 >es pressants appels aux provin!es, les invitant & voler au se!ours de /ersailles ave! leurs ,ardes nationaux et leurs volontaires, $urent a!!ueillis par un re$us pur et simple0 La Jreta,ne, seule, $ournit une poi,n#e de !*ouans qui !ombattaient sous un drapeau blan!, dont !*a!un portait sur la poitrine un !Qur de =#sus en drap blan! et dont le !ri de ,uerre #tait : A /ive le roi E B0 )*iers $ut don! $or!# de rassembler, en toute *<te, une bande bariol#e, !ompos#e de matelots, de marsouins, de Houaves ponti$i!aux, de ,endarmes de /alentin, des ser,ents de ville et des mou!*ards de i#tri0 1ette arm#e toute$ois eTt #t# ridi!ulement impuissante sans les rapatriements de prisonniers de ,uerre imp#riaux que Jismar!O l<!*ait au !ompte5,outtes, 4uste asseH pour tenir en train la ,uerre !ivile et ,arder le ,ouvernement de /ersailles servilement assu4etti & la russe0 2urant la ,uerre m(me, la poli!e versaillaise dut surveiller l%arm#e de /ersailles, tandis que les ,endarmes devaient l%entraPner, en s%exposant eux5m(mes & tous les postes les plus p#rilleux0 Les $orts qui tomb"rent ne $urent pas pris, mais a!*et#s0 L%*#ro?sme des $#d#r#s !onvainquit )*iers que la r#sistan!e de aris ne pouvait (tre bris#e par son propre ,#nie strat#,ique ni par les ba?onnettes dont il disposait0 :n attendant, ses relations ave! les provin!es devenaient de plus en plus di$$i!iles0 as une seule adresse d%approbation ne venait rass#r#ner )*iers et ses ruraux0 )out au !ontraire000 2#putations et adresses pleuvaient de toutes parts, demandant, sur un ton rien moins que respe!tueux, la r#!on!iliation ave! aris sur la base d%une re!onnaissan!e sans #quivoque de la r#publique, la !on$irmation des libert#s !ommunales et la dissolution de l%3ssembl#e nationale, dont le mandat avait expir#0 :lles arrivaient en telle quantit# que 2u$aure, ministre de la =usti!e de )*iers, dans sa !ir!ulaire du IL avril aux pro!ureurs, leur en4oi,nit de traiter A le mot d%ordre de !on!iliation B !omme un !rime E 1ependant, !ommen8ant & d#sesp#rer du su!!"s de sa !ampa,ne, )*iers r#solut de !*an,er de ta!tique D il ordonna, dans tout le pa9s, des #le!tions muni!ipales pour le L0 avril sur la base de la nouvelle loi muni!ipale qu%il avait lui5m(me di!t#e & l%3ssembl#e nationale0 )ant par les intri,ues de ses pr#$ets que par l%intimidation poli!i"re, )*iers attendait ave! !on$ian!e que le verdi!t des provin!es donn<t & lG3ssembl#e nationale !e pouvoir moral qu%elle n%avait 4amais poss#d#, et qu%elles lui adressent en$in la $or!e mat#rielle dont il avait besoin pour vain!re aris0 >a ,uerre de bandit !ontre aris, qu%il exaltait dans ses propres bulletins, et les tentatives de ses ministres pour #tablir par toute la 'ran!e le r",ne de la terreur, )*iers, d"s le d#but, se pr#o!!upait de les a!!ompa,ner d%une petite !om#die de la !on!iliation, qui devait servir plus d%un dessein0 :lle devait duper les provin!es, all#!*er les #l#ments bour,eois de aris et, par5dessus tout, donner aux r#publi!ains avou#s de lG3ssembl#e nationale l%o!!asion de !a!*er leur tra*ison envers aris, derri"re leur $oi en )*iers0 Le I1 mars, alors qu%il n%avait pas en!ore d%arm#e, il avait d#!lar# & l%3ssembl#e nationale : A ;uoi qu%il advienne, 4e n%enverrai pas d%arm#e !ontre aris B0 Le I7 mars, il montait & nouveau & la tribune : A =%ai trouv# la r#publique un $ait a!!ompli et 4e suis $ermement r#solu & la maintenir B0 :n r#alit#, il abattait la r#volution & L9on et & Marseille 1 au nom de la r#publique, tandis que les ru,issements de ses ruraux !ouvraient la simple mention de !e nom & /ersailles0 3pr"s !et exploit, il att#nua le A $ait a!!ompli B qui ne $ut plus qu%un A $ait *9pot*#tique B0 Les prin!es d%Wrl#ans, qu%il avait par pr#!aution $ait $iler de Jordeaux, avaient maintenant, en violation $la,rante de la loi, toute li!en!e d%intri,uer & 2reux0 Les !on!essions o$$ertes par )*iers dans ses interminables entrevues ave! les d#l#,u#s de aris et des provin!es, bien qu%elles aient !onstamment vari# de ton et de !ouleur, aboutissaient tou4ours, en $in de !ompte, & !e!i : sa ven,ean!e se limiterait probablement & A la poi,n#e de !riminels impliqu#s dans l%assassinat de Le!omte et 1l#ment )*omasB, & !ondition, bien entendu,
1 La révolution qui proclama la Commune à Lyon, le 22 mars, et la 23 mars à Marseille et à Saint-Étienne, fut très vite réprimée par le

gouvernement de Thiers. En outre, la Commune fut proclamée à Toulouse, à Narbonne et dans quelques autres villes.

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que aris et la 'ran!e re!onnaissent sans r#serves M0 )*iers en personne !omme la meilleure des r#publiquesD exa!tement !omme il avait $ait en 18L0 ave! Louis5 *ilippe0 1es !on!essions m(mes, il ne se bornait pas seulement & les $aire mettre en doute par les !ommentaires o$$i!iels $aits & leur su4et & l%3ssembl#e par ses ministres0 Il avait son 2u$aure pour a,ir0 2u$aure, !e vieil avo!at orl#aniste, avait tou4ours #t# le ,arde des s!eaux de l%#tat de si",e, aussi bien maintenant en 1871 sous )*iers, qu%en 18LU sous Louis5 *ilippe, et en 184U sous la pr#siden!e de Louis Jonaparte0 3lors qu%il #tait sans porte$euille, il avait amass# une $ortune en plaidant pour les !apitalistes de aris et s%#tait $ait un !apital politique en plaidant !ontre les lois dont il #tait lui5m(me l%auteur0 3 pr#sent, non !ontent de $aire voter en *<te par l%3ssembl#e nationale une s#rie de lois r#pressives qui devaient, apr"s la !*ute de aris, extirper les derniers vesti,es de libert# r#publi!aine, il laissait pr#voir le sort de aris en abr#,eant la pro!#dure, trop lente & son ,r#, des !ours martiales, et en d#posant une nouvelle loi dra!onienne de d#portation0 La K#volution de 1848, abolissant la peine de mort en mati"re politique, l%avait rempla!#e par la d#portation0 Louis Jonaparte n%avait pas os#, du moins en t*#orie, r#tablir le r#,ime de la ,uillotine0 L%3ssembl#e des ruraux, qui n%avait pas en!ore la *ardiesse m(me d%insinuer que les arisiens n%#taient pas des rebelles, mais des assassins, dut don! limiter sa ven,ean!e anti!ip#e !ontre aris & la loi de d#portation de 2u$aure0 3ve! toutes !es !ir!onstan!es, )*iers lui5m(me n%aurait pu poursuivre sa !om#die de !on!iliation, si elle n%avait, !omme il entendait qu%elle le $it, provoqu# les *urlements de ra,e des ruraux qui, ave! leurs !ervelles de ruminants, ne !omprenaient ni son 4eu, ni la n#!essit# de l%*9po!risie, des ter,iversations et des atermoiements0 :n vue des #le!tions muni!ipales imminentes du L0 avril, )*iers 4oua, le I7, une de ses ,randes s!"nes de !on!iliation0 3u milieu d%un d#lu,e de r*#torique sentimentale, il s%#!ria de la tribune de l%3ssembl#e : Il n%9 a pas de !omplot !ontre la r#publique, si !e n%est !elui de aris qui nous obli,e & verser du san, $ran8ais0 =e l%ai dit et le redis en!ore : que !es armes impies tombent des mains qui les tiennent, et le !*<timent sera arr(t# aussit.t par un a!te de !l#men!e dont ne seront ex!lus que le petit nombre des !riminels de droit !ommun0 :t !omme les ruraux l%interrompaient violemment : Messieurs, dites5le5moi, 4e vous en supplie, ai54e tort 6 Ke,retteH5vous r#ellement que 4%aie dit, !e qui est vrai, que les !riminels ne sont qu%une poi,n#e 6 S%est5il pas *eureux, au milieu de nos mal*eurs, que les *ommes !apables de verser le san, de 1l#ment )*omas et du ,#n#ral Le!omte ne soient que de rares ex!eptions 6 La 'ran!e pourtant $it la sourde oreille & !es dis!ours qui #taient aux oreilles de )*iers lui5m(me, un !*ant de sir"ne parlementaire0 2es 700 000 !onseillers muni!ipaux #lus parles LC 000 !ommunes qui restaient en!ore & la 'ran!e, les l#,itimistes, orl#anistes et bonapartistes r#unis n%en !omptaient pas 8 0000 Les #le!tions !ompl#mentaires qui suivirent $urent en!ore plus d#!id#ment *ostiles0 3ussi, au lieu d%obtenir des provin!es la $or!e mat#rielle dont elle avait tant besoin, l%3ssembl#e nationale perdit 4usqu%& sa derni"re pr#tention & la $or!e morale, !elle d%(tre l%expression du su$$ra,e universel du pa9s0 our a!*ever sa d#!on$iture, les !onseils muni!ipaux nouvellement #lus de toutes les villes de 'ran!e mena!"rent ouvertement l%3ssembl#e usurpatri!e de /ersailles d%une !ontre5assembl#e & Jordeaux0 Le moment de l%a!tion d#!isive lon,temps attendu par Jismar!O #tait arriv# en$in0 Il somma )*iers d%envo9er & 'ran!$ort des pl#nipotentiaires pour le r",lement d#$initi$ de la paix0 Wb#issant *umblement & l%appel de son maPtre, )*iers se *<ta de d#p(!*er son $id"le =ules 'avre, appu9# de ou9er5;uertier0 ou9er5 ;uertier, A #minent B $ilateur rouennais, partisan $ervent et m(me servile du se!ond :mpire, ne lui avait 4amais trouv# d%autre d#$aut que son trait# de !ommer!e ave! l%3n,leterre 1, pr#4udi!iable & ses propres int#r(ts de $abri!ant0 3 peine install# & Jordeaux !omme ministre des 'inan!es de )*iers, il d#non8ait !e trait# A
1 Aux termes du traité de commerce conclu en 1860, entre Napoléon III et l'Angleterre, les taxes sur les marchandises anglaises étaient réduites.

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impie B, laissait entendre qu%il serait pro!*ainement abro,#, et avait m(me l%impuden!e de tenter, inutilement d%ailleurs (il !omptait sans Jismar!O), la remise en vi,ueur imm#diate des an!iens tari$s prote!teurs !ontre l%3lsa!e, !ar, disait5il, au!un trait# international ant#rieur ne s%9 opposait0 1et *omme, qui !onsid#rait la !ontre5r#volution !omme un mo9en d%abaisser les salaires & Kouen, et la !ession de provin!es $ran8aises !omme un mo9en de $aire monter le prix de ses mar!*andises en 'ran!e, n%#tait5il pas d#4& tout d#si,n# !omme le di,ne !omp"re de =ules 'avre dans sa derni"re tra*ison, !ouronnement de toute sa !arri"re 6 3 l%arriv#e & 'ran!$ort de !e !ouple par$ait de pl#nipotentiaires, le brutal Jismar!O les a!!ueillit sur5le5 !*amp par !ette alternative imp#rative : A Wu la restauration de l%:mpire, ou l%a!!eptation in!onditionnelle de mes propres !onditions de paix E B0 1es !onditions !omportaient un ra!!our!issement des d#lais de paiement de l%indemnit# de ,uerre et l%o!!upation !ontinue des $orts de aris par les troupes prussiennes 4usqu%& !e que Jismar!O se tPnt pour satis$ait de l%#tat des !*oses en 'ran!eD la russe #tait ainsi re!onnue !omme l%arbitre supr(me dans les a$$aires int#rieures de la 'ran!e E :n retour il o$$rait de lib#rer, pour l%extermination de aris, l%arm#e bonapartiste prisonni"re et de lui assurer l%assistan!e dire!te des troupes de l%empereur Fuillaume0 Il donnait ,arantie de sa bonne $oi en $aisant d#pendre de la A pa!i$i!ation B de aris le paiement du premier versement de l%indemnit#0 7n tel app<t, !%est naturellement ave! avidit# que )*iers et ses pl#nipotentiaires 9 mordirent0 Ils si,n"rent le trait# de paix le 10 mai, et le $irent rati$ier par l%3ssembl#e de /ersailles le 180 2ans l%intervalle qui s#para la !on!lusion de la paix de l%arriv#e des prisonniers bonapartistes, )*iers se sentit d%autant plus tenu de reprendre sa !om#die de !on!iliation, que ses *ommes de main r#publi!ains avaient un besoin douloureux de trouver un pr#texte pour $ermer les 9eux sur les pr#parati$s au !arna,e de aris0 Le 8 mai en!ore, il r#pondait & une d#putation de !on!iliateurs de la !lasse mo9enne : ;uand les insur,#s se seront d#!id#s & !apituler, les portes de aris resteront ouvertes & tous, pendant une semaine, sau$ aux assassins des ,#n#raux 1l#ment )*omas et Le!omte0 ;uelques 4ours apr"s, !omme il #tait violemment interpell# par les ruraux au su4et de !es promesses, il re$usa d%entrer dans des expli!ationsD non pourtant sans leur donner !ette indi!ation si,ni$i!ative : =e dis qu%il 9 a parmi vous des impatients, des *ommes trop press#s0 Il leur $aut attendre en!ore *uit 4oursD au bout de !es *uit 4ours il n%9 aura plus de dan,er, et alors la t<!*e sera & la *auteur de leur !oura,e et de leur !apa!it#0 2"s que Ma!5Ma*on $ut en mesure de lui assurer qu%il pourrait, sous peu, entrer dans aris, )*iers d#!lara & l%3ssembl#e : qu%il entrerait & aris la loi en main, et exi,erait une expiation !ompl"te des s!#l#rats qui auraient sa!ri$i# la vie de nos soldats et d#truit nos monuments publi!s0 1omme le moment de la d#!ision appro!*ait, il dit & l%3ssembl#e : A =e serai impito9able B, il dit & aris qu%il #tait !ondamn#, et il dit & ses bandits bonapartistes que aris avaient !arte blan!*e pour tirer ven,ean!e de aris tout leur soTl0 :n$in, quand la tra*ison eut ouvert les portes de aris au ,#n#ral 2oua9, le I1 mai, )*iers, le II, r#v#la aux ruraux le A but B de sa !om#die de !on!iliation, qu%ils avaient persist# si obstin#ment & ne pas !omprendre : =e vous ai dit, il 9 a quelques 4ours, que nous appro!*ions de notre &ut$ au4ourd%*ui 4e suis venu vous dire : A Sous avons atteint le &ut. L%ordre, la 4usti!e, la !ivilisation ont en$in remport# la vi!toire E B 1%#tait bien !ela0 La !ivilisation et la 4usti!e de l%ordre bour,eois se montrent sous leur 4our sinistre !*aque $ois que les es!laves de !et ordre se l"vent !ontre leurs maPtres0 3lors, !ette !ivilisation et !ette 4usti!e se
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d#masquent !omme le sauva,erie sans masque et la ven,ean!e sans loi0 1*aque nouvelle !rise dans la lutte de !lasse entre l%appropriateur et le produ!teur $ait ressortir !e $ait ave! plus d%#!lat0 Les atro!it#s des bour,eois en 4uin 1848 elles5m(mes disparaissent devant l%indi!ible in$amie de 18710 L%*#ro?que esprit de sa!ri$i!e ave! lequel la population de aris 5 *ommes, $emmes et en$ants 5 !ombattit pendant *uit 4ours apr"s l%entr#e des /ersaillais, re$l"te aussi bien la ,randeur de leur !ause que les exploits in$ernaux de la soldatesque re$l"tent l%esprit inn# de !ette !ivilisation dont ils sont les mer!enaires et les d#$enseurs0 Florieuse !ivilisation, !ertes, dont le ,rand probl"me est de savoir !omment se d#barrasser des mon!eaux de !adavres qu%elle a $aits, une $ois la bataille pass#e0 our trouver un parall"le & la !onduite de )*iers et de ses !*iens, il nous $aut remonter aux temps de >9lla et des deux triumvirats de Kome0 M(me !arna,e en masse, ex#!ut# de san,5$roid, m(me insou!ian!e dans le massa!re, de l%<,e et du sexeD m(me s9st"me de torturer les prisonniers m(mes pros!riptions, mais !ette $ois d%une !lasse enti"re m(me !*asse sauva,e aux !*e$s qui se !a!*ent, de peur qu%un seul puisse #!*apperD m(mes d#non!iations d%ennemis politiques et priv#sD m(me indi$$#ren!e envers le !arna,e de ,ens enti"rement #tran,ers & la lutte0 Il n%9 a que !ette seule di$$#ren!e : les Komains n%avaient pas en!ore de mitrailleuses pour exp#dier en blo! les pros!rits, et ils n%avaient pas A la loi & la main B, ni, sur les l"vres, le mot d%ordre de A !ivilisation B0 :t, apr"s !es *orreurs, re,ardeH l%autre $a!e, en!ore plus *ideuse, de !ette !ivilisation bour,eoise, telle qu%elle a #t# d#!rite par sa propre presse E ;uand des !oups de $eu #,ar#s, écrit le corres!ondant !arisien d'un )ournal tor2 de Londres$ retentissent en!ore au loin, quand de mal*eureux bless#s abandonn#s meurent parmi les pierres tombales du "re5La!*aise, quand M0000 insur,#s $rapp#s de terreur errent dans l%a,onie du d#sespoir par les lab9rint*es des !ata!ombes, quand on voit pousser des mal*eureux & travers eus rues pour les abattre par vin,taines & la mitrailleuse, il est r#voltant de voir les !a$#s remplis des d#vots de l%absint*e, du billard et des dominosD de voir les $illes perdues d#ambuler sur les boulevards et d%entendre le bruit des d#bau!*es s%#!*appant des !abinets parti!uliers des restaurants & la mode, troubler le silen!e de la nuit0 M0 +douard -erv# #!rit dans Le Journal de Paris$ 4ournal versaillais supprim# par la 1ommune : La mani"re dont la population de aris (E) a mani$est# *ier sa satis$a!tion #tait plus que $rivole, et nous !rai,nons que !ela n%empire ave! le temps0 aris a maintenant un air de $(te qui est tout & $ait d#pla!#, et si nous ne voulons pas qu%on nous appelle les arisiens de la d#!aden!e, il $aut mettre un terme & !et ordre de !*oses0 uis il !ite le passa,e de )a!ite : 1ependant, le lendemain de !ette *orrible lutte, avant m(me qu%elle $Tt tout & $ait termin#e, Kome, avilie et !orrompue, re!ommen8a & se vautrer dans le bourbier de volupt# oN elle avait d#truit son !orps et souill# son <me : ali&i !roelia et vulnera$ ali&i &alnea !o!inaeque (ici des !ombats et des blessures, l&5bas, des bains et des !abarets0) M0 -erv# oublie seulement de dire que la A population de aris B dont il parle n%est que la population du aris de 3I0 )*iers, les $ran!s5$ileurs revenant en $oule de /ersailles, >aint52enis, Kueil et >aint5Fermain, le aris de la A d#!aden!e B0 2ans tous ses san,lants triomp*es sur les !*ampions pleins d%abn#,ation d%une so!i#t# nouvelle et meilleure, !ette !ivilisation s!#l#rate, $ond#e sur l%asservissement du travail, #tou$$e les ,#missements de ses vi!times sous un *aro de !alomnies, que l%#!*o r#per!ute dans le monde entier0 Le pur aris ouvrier de la
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1ommune est soudain !*an,# en un pand#monium par les !*iens de l%A ordre B0 :t que prouve !ette monstrueuse m#tamorp*ose & l%esprit bour,eois de tous les pa9s 6 :* bien, que la 1ommune a !onspir# !ontre la !ivilisation E Le peuple de aris se $ait tuer dans l%ent*ousiasme pour la 1ommune0 Le nombre de ses morts surpasse !elui d%au!une autre bataille !onnue dans l%*istoire0 ;u%est5!e que !ela prouve 6 :* bien, que la 1ommune n%#tait pas le ,ouvernement du peuple, mais le $ait de l%usurpation d%une poi,n#e de !riminels E Les $emmes de aris 4o9eusement donnent leur vie sur les barri!ades et devant le peloton d%ex#!ution0 ;u%est5!e que !ela prouve 6 :* bien, que le d#mon de la 1ommune les a !*an,#es en M#,"res 1 et en -#!atesI E La mod#ration de la 1ommune pendant deux mois d%une domination in!ontest#e, n%a d%#,al que l%*#ro?sme de sa d#$ense0 ;u%est5!e que !ela prouve 6 :* bien, que pendant des mois la 1ommune a !a!*# soi,neusement, sous un masque de mod#ration et d%*umanit#, la soi$ de san, de ses instin!ts d#moniaques qui ne devaient (tre d#brid#s qu%& l%*eure de son a,onie E Le aris ouvrier, en a!!omplissant son propre, son *#ro?que *olo!auste, a entraPn# dans les $lammes des immeubles et des monuments0 3lors qu%ils mettent en pi"!es le !orps vivant du prol#tariat, ses maPtres ne doivent plus !ompter rentrer triomp*alement dans les murs inta!ts de leurs demeures0 Le ,ouvernement de /ersailles !rie : In!endiaires E et sou$$le !ette !onsi,ne & tous ses a,ents, 4usqu%au plus re!ul# des *ameaux : donner partout la !*asse & ses ennemis, sous la suspi!ion d%(tre des pro$essionnels de l%in!endie0 La bour,eoisie du monde entier qui !ontemple !omplaisamment le massa!re en masse apr"s la bataille, est !onvuls#e d%*orreur devant la pro$anation de la brique et du mortier E ;uand les ,ouvernements donnent pouvoir & leurs marines de Atuer, brTler et d#truire B, est5!e l& une autorisation d%in!endie 6 ;uand les troupes britanniques d#lib#r#ment mettaient le $eu au 1apitole de \as*in,ton et au alais d%#t# de l%empereur de 1*ine, #taient5!e l& a!tes d%in!endiaires 6 ;uand les russiens, non pour des raisons militaires, mais par simple ,oTt de la ven,ean!e, brTlaient au p#trole des villes !omme 1*<teaudun et d%innombrables villa,es, #tait5!e l& a!te d%in!endiaires 6 ;uand )*iers, six semaines durant, bombardait aris sous le pr#texte qu%il voulait mettre le $eu aux seules maisons qui #taient *abit#es, #tait5!e l%a!te d%un in!endiaire 6 :n ,uerre, le $eu est une arme aussi l#,itime qu%une autre0 2es #di$i!es o!!up#s par l%ennemi sont bombard#s pour (tre in!endi#s0 >i leurs d#$enseurs doivent battre en retraite, ils les mettent eux5 m(mes en $lammes pour emp(!*er les assaillants de se servir des b<timents0 ]tre in!endi#es a tou4ours #t# le sort in#vitable de toutes les !onstru!tions situ#es sur le $ront de !ombat de toutes les arm#es r#,uli"res du monde0 Mais dans la ,uerre des asservis !ontre leurs oppresseurs, la seule ,uerre 4uste dans l%*istoire, !e n%est plus vrai du tout E La 1ommune a emplo9# le $eu stri!tement !omme mo9en de d#$ense0 :lle l%a emplo9# pour interdire aux troupes de /ersailles !es lon,ues avenues toutes droites qu%-aussmann avait express#ment ouvertes pour le $eu de l%artillerieD elle l%a emplo9# pour !ouvrir sa retraite de la $a8on m(me dont les /ersaillais, dans leur avan!e, emplo9aient leurs obus qui d#truisaient au moins autant de b<timents que la $eu de la 1ommune0 ;uels b<timents ont #t# brTl#s par la d#$ense et quels b<timents par l%attaque, on en dis!ute en!ore au4ourd%*ui0 :t la d#$ense ne re!ourut au $eu que lorsque les trou es versaillaises eurent d#4& !ommen!# leur tuerie en masse des prisonniers0 2%autre part, la 1ommune avait, lon,temps auparavant, noti$i# publiquement que, si elle #tait pouss#e & la derni"re extr#mit#, elle s%ensevelirait elle5m(me sous les d#!ombres de aris et $erait de aris un se!ond Mos!ou, !omme le ,ouvernement de la 2#$ense nationale avait promis de le $aire, mais lui, uniquement pour d#,uiser sa tra*ison0 1%est & !et e$$et que )ro!*u avait $ait venir le p#trole n#!essaire0 La 1ommune savait que ses adversaires n%avaient au!un sou!i de la vie du peuple de aris, mais qu%ils avaient ,randement sou!i de leurs immeubles0 :t )*iers, de son !.t#, avait $ait avoir qu%il serait impla!able dans sa ven,ean!e0 3 peine avait5il son arm#e toute pr(te d%un !.t# et les russiens0 qui $ermaient les issues de l%autre, qu%il pro!lama : A =e serai impito9able E L%expiation sera !ompl"te et la 4usti!e in$lexible B0 >i les a!tes des ouvriers de aris #taient du vandalisme, !%#tait le vandalisme de la d#$ense d#sesp#r#e, non pas le vandalisme du triomp*e, !omme !elui que les !*r#tiens perp#tr"rent sur les !*e$s5 d%Quvre r#ellement inestimables de l%antiquit# pa?enneD et m(me !e vandalisme a #t# 4usti$i# par l%*istoire,
1 Mégère, une des Furies, déesse vivant dans le Tartare (enfer des Anciens) et chargée de punir les crimes des hommes. 2 Hécate, nom de la déesse Diane, lorsqu'elle siégeait dans le Tartare.

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!omme l%a!!ompa,nement in#vitable et relativement insi,ni$iant du !ombat ,i,antesque entre une nouvelle so!i#t# montante et une an!ienne qui s%#!roule0 Le vandalisme d%-aussmann, rasant le aris *istorique pour $aire pla!e au aris du touriste l%#tait en!ore bien moins0 Mais l%ex#!ution par la 1ommune des soixante5quatre ota,es, ar!*ev(que de aris en t(te E La bour,eoisie et son arm#e en 4uin 1848 avaient r#tabli une !outume qui avait depuis lon,temps disparu de la pratique de la ,uerre, l%ex#!ution des prisonniers d#sarm#s0 1ette !outume brutale a depuis #t# plus ou moins suivie lors de la r#pression de tous les soul"vements populaires en :urope et aux Indes, !e qui prouve qu%elle !onstitue bien un r#el A pro,r"s de la !ivilisation B E 2%autre part, les russiens, en 'ran!e, avaient r#tabli l%usa,e de prendre des ota,es, ,ens inno!ents qui avaient & r#pondre au prix de leur vie des a!tes des autres0 ;uand )*iers, !omme nous l%avons vu, d"s le d#but m(me du !on$lit, #tablit la pratique *umaine d%abattre les !ommunards prisonniers, la 1ommune, pour prot#,er leur vie, $ut dans l%obli,ation de re!ourir & la pratique des russiens de prendre des ota,es0 Les ota,es avaient d#4& mille et mille $ois m#rit# la mort du $ait des ex#!utions !ontinuelles de prisonniers du !.t# des /ersaillais0 1omment leur vie eTt5elle pu (tre #par,n#e plus lon,temps, apr"s le !arna,e par lequel les pr#toriens de Ma!5Ma*on avaient !#l#br# leur entr#e dans aris 6 La derni"re ,arantie !ontre la $#ro!it# sans s!rupules des ,ouvernements bour,eois 5 la prise des ota,es 5 devait5elle elle5m(me tourner & la $rime 6 Le v#ritable meurtrier de l%ar!*ev(que 2arbo9, !%est )*iers0 La 1ommune, & maintes reprises, avait o$$ert d%#!*an,er l%ar!*ev(que et tout un tas de pr(tres par5dessus le mar!*#, !ontre le seul Jlanqui, alors aux mains de )*iers0 )*iers re$usa obstin#ment0 Il savait qu%ave! Jlanqui il donnerait une t(te & la 1ommuneD alors que !%est sous $orme de !adavre que l%ar!*ev(que servirait au mieux ses desseins0 )*iers suivait l%exemple de 1avai,na!0 ;uels !ris d%*orreur ne pouss"rent pas, en 4uin 1848, 1avai,na! et ses *ommes d%ordre, pour sti,matiser les insur,#s !omme assassins de l%ar!*ev(que 3$$re E :t pourtant ils savaient par$aitement bien que l%ar!*ev(que avait #t# abattu par les soldats de l%ordre0 =a!quemet, vi!aire ,#n#ral de l%ar!*ev(que, pr#sent sur les lieux, leur en avait aussit.t apr"s $ourni le t#moi,na,e0 )out !e !*Qur de !alomnies que le parti de l%ordre ne manque 4amais dans ses or,ies de san,, d%entonner !ontre ses vi!times, prouve seulement que le bour,eois de nos 4ours se !onsid"re !omme le su!!esseur l#,itime du sei,neur de 4adis, pour lequel toute arme dans sa propre main #tait 4uste !ontre le pl#b#ien, alors qu%aux mains du pl#b#ien la moindre arme !onstituait par elle5m(me un !rime0 La !onspiration de la !lasse dominante pour abattre la r#volution par une ,uerre !ivile poursuivie sous le patrona,e de l%enva*isseur #tran,er, !onspiration que nous avons suivie du 4 septembre m(me 4usqu%& l%entr#e des pr#toriens de Ma!5Ma*on par la porte de >aint 1loud, attei,nit son point !ulminant ave! le !arna,e de aris0 Jismar!O !ontemple ave! satis$a!tion les !adavres du prol#tariat de aris, oN il voit le premier a!ompte de !ette destru!tion ,#n#rale des ,randes villes qu%il appelait de ses vQux alors qu%il #tait en!ore un simple rural dans la 1*ambre introuvable de la russe de 184U0 Il !ontemple ave! satis$a!tion les !adavres du prol#tariat de aris0 our lui, !e n%est pas seulement l%extermination de la r#volution, mais l%extermination de la 'ran!e, maintenant d#!apit#e, et par le ,ouvernement $ran8ais lui5m(me0 3ve! !e manque de p#n#tration propre & tous les *ommes d%+tat *eureux, il ne voit que la sur$a!e de !e $ormidable #v#nement *istorique0 ;uand don! auparavant l%*istoire a5t5elle montr# le spe!ta!le d%un vainqueur qui !ouronne sa vi!toire en se $aisant non seulement le ,endarme, mais le nervi & ,a,es du ,ouvernement vain!u 6 Il n%9 avait pas de ,uerre entre la russe et la 1ommune de aris0 3u !ontraire, la 1ommune avait a!!ept# les pr#liminaires de paix, et la russe avait pro!lam# sa neutralit#0 La russe, don!, n%#tait pas un belli,#rant0 :lle se !omporta !omme un nerviD !omme un nervi l<!*e, puisqu%elle ne prit sur elle au!un risqueD !omme un nervi & ,a,es, puisqu%elle avait li# d%avan!e le paiement du prix du san,, ses C00 millions, & la !*ute de aris0 :t ainsi apparaissait en$in le v#ritable !ara!t"re de !ette ,uerre, ordonn#e par la roviden!e !ontre la 'ran!e at*#e et d#bau!*#e, !*<ti#e par le bras de la pieuse et morale 3llema,ne E :t !ette violation sans exemple du droit des peuples, m(me tel que l%entendaient les l#,istes du monde antique, au lieu d%amener les ,ouvernements A !ivilis#s B d%:urope & mettre au ban des nations le ,ouvernement prussien $#lon, simple instrument du !abinet de >aint5 #tersbour,, les in!ite seulement & se demander si les quelques vi!times qui #!*appent au double !ordon $orm# autour de aris ne doivent pas (tre livr#es aussi au bourreau de /ersailles E
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;u%apr"s la plus terrible ,uerre des temps modernes, le vain!u et le vainqueur $raternisent pour massa!rer en !ommun le prol#tariat, !et #v#nement inou? prouve, non pas !omme Jismar!O le pense, l%#!rasement d#$initi$ d%une nouvelle so!i#t# montante, mais la d#sa,r#,ation !ompl"te de la vieille so!i#t# bour,eoise0 Le plus *aut e$$ort d%*#ro?sme dont la vieille so!i#t# soit en!ore !apable est une ,uerre nationale D et il est maintenant prouv# qu%elle est une pure m9sti$i!ation des ,ouvernements, destin#e & retarder la lutte des !lasses, et on se d#barrasse de !ette m9sti$i!ation, aussit.t que !ette lutte de !lasses #!late en ,uerre !ivile0 La domination de !lasse ne peut plus se !a!*er sous un uni$orme national, les ,ouvernements nationaux ne $ont qu%un !ontre le prol#tariat E 3pr"s la ente!.te de 1871, il ne peut plus 9 avoir ni paix, ni tr(ve entre les ouvriers de 'ran!e et !eux qui s%approprient le produit de leur travail0 La main de $er d%une soldatesque mer!enaire pourra tenir un moment les deux !lasses sous une !ommune oppression0 Mais la lutte reprendra sans !esse, ave! une ampleur tou4ours !roissante, et il ne peut 9 avoir de doute quant au vainqueur $inal 5 le petit nombre des a!!apareurs, ou l%immense ma4orit# travailleuse0 :t la !lasse ouvri"re $ran8aise n%est que l%avant5,arde du prol#tariat moderne0 )andis que les ,ouvernements europ#ens t#moi,nent ainsi devant aris du !ara!t"re international de la domination de !lasse, ils !rient *aro sur l%3sso!iation internationale des travailleurs, 5 !ontre5or,anisation internationale du travail oppos#e & la !onspiration !osmopolite du !apital, 5 selon eux sour!e maPtresse de tous !es mal*eurs0 )*iers la d#non8ait !omme le t9ran du travail, a$$e!tant d%en (tre le lib#rateur0 i!ard donnait l%ordre de !ouper toutes les !ommuni!ations entre les internationaux $ran8ais et !eux de l%#tran,erD le !omte =aubert, !ette vieille momie, d#4& !ompli!e de )*iers en 18LC, d#!lare que le ,rand probl"me pour tous les ,ouvernements !ivilis#s est d%extirper l%Internationale0 Les ruraux de l%3ssembl#e nationale ru,issent !ontre elle, et toute la presse europ#enne $ait !*orus0 7n *onorable #!rivain $ran8ais, !ompl"tement #tran,er & notre asso!iation, exprime son opinion en !es termes : Les membres du 1omit# !entral de la ,arde nationale, aussi bien que la plus ,rande partie des membres de la 1ommune, sont les esprits les plus a!ti$s, les plus intelli,ents et les plus #ner,iques de l%3sso!iation internationale des travailleurs000, des *ommes qui sont pro$ond#ment *onn(tes, sin!"res, intelli,ents, d#vou#s, purs et $anatiques dans le &on sens du mot0 L%entendement bour,eois, tout impr#,n# d%esprit poli!ier, se $i,ure naturellement lG3sso!iation internationale des travailleurs !omme une sorte de !on4uration se!r"te, dont l%autorit# !entrale !ommande, de temps & autre, des explosions en di$$#rents pa9s0 Sotre 3sso!iation n%est, en $ait, rien d%autre que le lien international qui unit les ouvriers les plus avan!#s des divers pa9s du monde !ivilis#0 :n quelque lieu, sous quelque $orme, et dans quelques !onditions que la lutte de !lasse prenne !onsistan!e, il est bien naturel que les membres de notre 3sso!iation se trouvent au premier ran,0 Le sol sur lequel elle pousse est la so!i#t# moderne m(me0 :lle ne peut en (tre extirp#e, $Tt5!e au prix de la plus #norme e$$usion de san,0 our l%extirper, les ,ouvernements auraient & extirper le despotisme du !apital sur le travail, !ondition m(me de leur propre existen!e parasitaire0 Le aris ouvrier, ave! sa 1ommune, sera !#l#br# & 4amais !omme le ,lorieux $ourrier d%une so!i#t# nouvelle0 Le souvenir de ses mart9rs est !onserv# pieusement dans le ,rand !Qur de la !lasse ouvri"re0 >es exterminateurs, l%*istoire les a d#4& !lou#s & un pilori #ternel, et toutes les pri"res de leurs pr(tres n%arriveront pas & les en lib#rer0 Londres$ le 34 mai /05/. 'e6te ado!té et di usé !ar l78ssociation 9nternationale des 'ravailleurs.

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